C’est le 27 juin 2011 que le père Vianney Jamin a célébré une messe pour la toute première fois, après avoir été ordonné à Versailles. Il revient sur ce jour unique.
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La première messe est l’occasion donnée au nouveau prêtre de se remémorer son chemin dans la vocation sacerdotale et d’exprimer sa gratitude envers ceux qui ont œuvré de près ou de loin dans ce choix. Au lendemain de son ordination, en pleine canicule, dans une église pleine à craquer d’amis et de famille, le père Jamin — qui supporte difficilement la chaleur — officiait à l’église Saint-Léger de Saint-Germain-en-Laye, faisant sienne la phrase de sainte Bernadette : “Le prêtre à l’autel, c’est toujours Jésus-Christ sur la Croix”.
Aleteia : Comment imaginiez-vous votre première messe ?
Père Vianney Jamin : Je voulais que ce soit beau et sobre : c’est comme cela que j’aime la liturgie ! Je ne sais pas trop anticiper, m’imaginer comment les choses vont se passer… Cela faisait 30 ans que je participais à la messe chaque dimanche, une dizaine d’années que j’y participais tous les jours, je savais “comment faire”. Mais c’est tout autre chose d’être, pour la première fois de sa vie, à l’autel comme prêtre présidant l’Eucharistie. Et ça, je n’ai pas cherché à me l’imaginer : j’avais préparé, on verrait bien le moment venu !
D’abord… étiez-vous stressé ?
J’étais tellement liquéfié par la chaleur que le stress était vraiment secondaire ! Évidemment, un gros coup de trac au moment d’entrer dans l’église, mais surtout une grande joie de voir tant d’amis, de membres de ma famille, et surtout tant de prêtres (une dizaine !) présents pour m’entourer et rendre grâce avec moi pour cet extraordinaire cadeau du presbytérat.
Célébrer avec mes proches, ma famille, était aussi quelque chose de très fort : le plus difficile était sans doute de prêcher pour eux. C’est sans doute l’une des homélies que j’ai le plus préparée de ma vie, d’autant plus que je ne connaissais pas l’usage de confier cette tâche délicate à un confrère. Pour moi, c’était évident que c’était à moi de prêcher, et je l’ai fait avec joie.
Une chose surtout me rassurait : j’avais demandé à un prêtre de faire le cérémoniaire, c’est-à-dire de m’accompagner dans chaque moment de la célébration. J’étais assuré de ne rien oublier ou d’être corrigé immédiatement en cas d’erreur. Je crois qu’il a été fort utile !
Qu’avez-vous ressenti pendant la consécration ?
Au moment de prononcer les paroles de Jésus sur le pain et sur le vin, ma voix s’est cassée à cause de l’émotion, j’ai chuchoté. Mes confrères autour de moi m’ont accompagné avec une délicatesse extraordinaire, tout doucement. C’était profondément touchant.
Paradoxalement, aucune grande révélation, aucune vision, aucune motion intérieure : juste l’hostie élevée, juste la coupe élevée, et l’acte de foi simple, difficile et radical : “Oui, Seigneur, dans mes mains, par mes paroles, c’est bien toi !”.
Par la suite comme ce jour-là, j’ai très rarement été pris par l’émotion à la consécration : en général, c’est la mise au pied du mur, et l’acte de foi pure. Je ne vois rien d’autre que vous, je ne ressens rien, je crois. De tout mon cœur. Parfois, c’est une souffrance, ce n’est pas facile ! Mais les deux ou trois fois où le Seigneur m’a transpercé le cœur en me faisant sentir sa présence, c’était une belle surprise, gardée avec encore plus de soin qu’elle est rare…
Propos recueillis par Sophie Le Noën.