Aleteia a rencontré Clotilde Noël, mère de 8 enfants. Avec son mari, elle a choisi d’adopter les deux derniers, porteurs de handicap. Elle révèle les difficultés et les fruits de cette démarche exceptionnelle dans un entretien émouvant avec la rédaction.
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Clotilde Noël est une jeune femme brune qu’une flopée d’enfants entoure au cours de ce Facebook live, et dont elle s’occupe consciencieusement en donnant à chacun sa place de manière bienveillante et aimante. Elle était mère de six enfants lorsqu’elle a décidé avec son mari Nicolas d’adopter une petite fille atteinte de trisomie 21, Marie, en 2013, et une deuxième petite fille poly-handicapée, Marie-Garance, fin 2016.
Elle avait relaté en 2015 dans Tombée du nid les préparatifs de l’adoption de Marie, et son accueil dans leur famille. De nombreux lecteurs, touchés par ce récit, l’ont ensuite encouragée à écrire la suite de cette aventure humaine, qu’elle raconte dans Petit à petit, dans lequel elle décrit ce lien de filiation adoptive et l’évolution de la famille autour de leurs nouvelles petites sœurs. Dans ce livre, elle donne la parole à des familles ayant également vécu l’accueil du handicap dans leur famille. Initiatrice avec son mari d’une page Facebook, Tombée du Nid suivie par plus de 40 000 personnes et qui donne la parole aux familles concernées par le handicap, le couple a également créé une association du même nom destinée à donner la parole aux familles afin de favoriser l’intégration sociale des plus démunis. Elle est également depuis l’année dernière la porte-parole française du mouvement Stop Discriminating Down (le syndrome de Down étant l’autre nom de la trisomie 21).
“Au-delà de la souffrance, il y a énormément d’amour”
Clotilde détaille avec un naturel empreint de sincérité, d’amour et de pudeur les joies et les difficultés qu’une telle aventure implique, expliquant en quoi ce lien de filiation spécial comprend avant tout le désir d’aimer un enfant pour ce qu’il est, avant sa maladie. Si le lien maternel des mères qui adoptent reste spécial et complexe puisqu’elles n’ont pas porté cet enfant in utero, il est en même temps très limpide et riche, et constitue un lien “qui dépasse celui du cordon ombilical”. “Tous les matins, quand je me réveille, je me dis tout simplement : si j’ai des bras, si j’ai des jambes, et si je peux parler, ça n’est pas pour rien. C’est pour que je marche deux fois plus, pour que je courre deux fois plus, pour que je porte deux fois plus ceux qui ne le peuvent pas.”
Leur vie de couple et leur vie de famille ont changé, ils ont dû renoncer à certaines choses et faire des concessions, parce que “choisir une chose c’est accepter de renoncer à d’autres” , mais le bonheur est entré dans leur maison en même temps que ces petites filles, et la seule manière d’avancer est de les aimer du mieux qu’ils le peuvent. “On a basculé dans quelque chose que l’on ne soupçonnait même pas : au-delà de la souffrance, il y a énormément d’amour, et c’est dans cet amour qu’on trouve les solutions pour dépasser le handicap et les difficultés qu’il implique.” La foi, qu’ils vivent de manière différente en accueillant l’altérité au sein de leur cellule familiale et en apprenant à l’aimer, les a énormément aidés dans ce cheminement puisqu’elle est un soutien au quotidien.
À la question “et que conseiller à une mère qui aurait peur de se lancer dans cette aventure ?”, elle répond “il faut avant tout éviter de se mettre à la place de quelqu’un d’autre ou de se projeter dans une souffrance qu’on n’expérimente pas, parce qu’elle est fausse, et qu’on ignore les ressources qu’on possède”. Clotilde insiste sur le fait qu’il s’agit avant tout de “raconter une histoire” avec vérité et humilité, l’histoire vraie de leur famille qui s’efforce d’accueillir et aimer la différence, et qui en tire de nombreux fruits.
Lire aussi :
Clotilde Noël, déjà 6 fois maman, adopte 2 enfants handicapés et témoigne pour Aleteia
Tombée du nid de Clotilde Noël, éditions Pocket, 163 pages, 5,95 euros.
Petit à petit de Clotilde Noël, Salvator, 254 pages, 18 euros.