Le jour de la Fête-Dieu, la petite commune de Genzano, près de Rome, recouvre les rues de pétales de fleurs. Une tradition qui remonte à plus de 200 ans. Rencontre avec Gino, l’organisateur de l’évènement.
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« La pomme de pin a trois couleurs ! ». Quand il s’immerge dans les couleurs des plantes et des fleurs qu’il doit préparer pour l’Infiorata, les yeux de Gino se mettent à briller. Découvrir à 70 ans que, de la pomme de pin, on peut tirer trois teintes différentes — une des écailles, une des pignons et une du cœur ligneux – n’a pas de prix. Et l’écorce du pin : « En la hachant celle-ci prend une couleur rouge très particulière ». Et le maïs, le son, le riz, le buis.
L’Infiorata, un évènement artistique international pour la Fête-Dieu
Genzano est un bourg des Castelli Romani, à 20 kilomètres au sud de Rome. Et l’Infiorata, liée à la célébration de la « Solennité du corps et du sang du Christ » (Fête-Dieu), y est devenue un événement artistique international, à qui ce petit bourg doit aujourd’hui sa renommée. À cette occasion, la rue principale se couvre de « cadres floraux » reproduits avec des pétales de fleurs et autres parties des plantes. Une tradition qui remonte à plus de 200 ans, transmise de père en fils.
Gino est le maître d’œuvre, une vraie institution. Quand il a commencé, il n’était qu’un enfant. C’était au lendemain de la guerre. Il accompagnait les hommes qui partaient dans les bois et les champs ramasser toutes sortes de fleurs et végétaux. Le chantier est la partie la plus dure du travail, qui demande beaucoup de main-d’œuvre mais aussi beaucoup de créativité. « Il faut apprendre où aller, ramasser le matériel, les couleurs, et savoir comment travailler les plantes et les conserver.”
Une organisation exigente
Gino est très méticuleux et passe en revue le matériel. Tout ce qui est résistant et non périssable est conservé à l’intérieur de grands sacs dans les entrepôts de la mairie. Fleurs et cerfeuils musqués arrivent en revanche un ou deux jours avant la fête et sont conservés dans les fraiches galeries de tuf qui servaient autrefois de caves.
Quand les fleurs arrivent, pas de temps à perdre. Elles ne doivent pas pourrir. Entre 70 et 80 personnes sont mises à pied d’œuvre pour détacher les pétales de leurs tiges. C’est la phase « d’épluchage » comme ils disent dans leur jargon. Aujourd’hui, œillets et genêts sont les plus utilisés pour la grandeur de leurs pétales et leur maniement plus facile, mais autrefois on trouvait toutes sortes de fleurs. Pour se faire une idée, couvrir un mètre carré de route demande entre 250 à 300 œillets.
Gino a toujours cherché à entretenir, dans son chantier, un climat très amical. Lui-même, qui était restaurateur, cuisinait chaque soir pour ceux qui travaillaient. Il fut un temps où l’on entendait chanter pendant la phase « d’épluchage ». Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, tout comme s’est perdu le sens de la « gratuité » liée au travail.
Mais la passion y est toujours. Gino a formé lui-même deux jeunes, leur a appris les « secrets » du métier, et maintenant c’est eux qui dirigent le chantier.