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Comment supporter les enfants bruyants à la messe ?

PETIT GARÇON QUI HURLE
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Claire de Campeau - publié le 16/06/17
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Un bébé qui pleure, un enfant qui crie, un autre qui court partout… Il n’en faut pas beaucoup plus pour que la messe du dimanche vire au cauchemar pour les paroissiens… Faut-il sortir un petit qui gêne l’assistance ? Comment réagir au mieux ? Témoignages…

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L’agitation et les pleurs des enfants à la messe énervent plus d’un paroissien et alimentent souvent les discussions de fin de messe. Mère de famille débordée ou parents démissionnaires ? Les avis vont bon train… Mais comment bien réagir à côté de voisins trop chahuteurs ? Comment se recueillir quand un nourrisson hurle trois rangs devant ? Nos éléments de réponses dans les témoignages de ces paroissiens qui le vivent régulièrement lors de la messe dominicale…

Faut-il sortir un enfant qui hurle ?

La majorité des paroissiens interrogés sur le sujet comprend tout à fait qu’un jeune enfant ait du mal à rester parfaitement immobile et silencieux pendant une heure. En effet, une heure, c’est très long pour un petit… Ceci étant, notre patience a des limites et le seuil de résistance n’est pas le même pour chacun d’entre nous…

Ce qui exaspère le plus ? Cela dépend ! Pour Donatienne, ce sont les cris de bébés et les parents qui ne sortent pas de l’église : « Dans ma paroisse il y a une garderie et quand les enfants sont intenables, les parents sortent, notamment pour les bébés. Je dois dire que c’est super agréable que les parents se rendent compte que leurs enfants peuvent déranger. Sur notre lieu de vacances, la messe se déroule de façon beaucoup plus « détendue », j’entends souvent des bébés hurler pendant toute la messe… Je ne comprends pas que les parents ne sortent pas ! C’est impossible de se recueillir avec un bébé qui hurle 10 minutes non-stop. ».

Marie-Laurence renchérit : « Alors moi, je n’ai pas d’enfants. Le bruit des enfants ne me dérange pas vraiment. Mais quand l’enfant hurle… il est temps de le faire sortir ! ». Il est ainsi fréquent de voir les jeunes parents faire leur sport du week-end en parcourant les allées tout au long de la messe, leur jeune bébé dans les bras, le regard baissé pour ne pas affronter celui des paroissiens.

Marie-Elisabeth n’est pas d’accord sur le fait de sortir un enfant qui fait du bruit pendant la messe du dimanche, et va à contre-courant de beaucoup de fidèles en témoignant : « Personnellement, j’aime beaucoup quand il y a des enfants. Je trouve que c’est une connexion directe avec le sacré. Leur bruit ne me dérange pas, même les cris. Je ne comprends pas que les parents sortent. » Son témoignage rejoint une homélie du pape François, de 2014, pendant laquelle il expliquait ne pas comprendre que les parents se sentent obligés de sortir : « Pourquoi se donner tant de mal quand un enfant pleure dans l’église et que l’on dit qu’il faut le faire sortir ? Les pleurs d’un enfant sont la voix de Dieu : il ne faut pas les faire sortir de l’église. »

Nous pouvons, semble t-il, nous inspirer de ces propos bienveillants tout en comptant sur le bon sens des familles. Et puis, relativisons, il y a hurlement vite calmé par un boudoir ou un biberon, et hurlement strident et sans fin… Apprenons, peut-être, à nous retenir de nous retourner au moindre petit pleur pour intervenir quand il le faut, si vraiment l’enfant gêne une partie de l’assistance ?

Quand les enfants gênent la prière

Marine n’a pas d’enfant mais apprécie beaucoup leur présence… dont elle se passerait bien malgré tout lors de son heure de messe hebdomadaire. « Nous allons dans une église très moderne et où l’écho est très bon, et est testé tous les dimanches par les enfants ! J’ai déjà fini ma messe à lire un livre à l’enfant de mes voisins de banc quand ils ne font pas des courses dans les allées. J’aime beaucoup les enfants mais quand ils gênent la prière des adultes je n’en peux plus ! Je me souviens bien aussi d’une messe ou l’homélie a été particulièrement bruyante à cause d’enfants de tous âges. Le prêtre s’est arrêté et a repris son homélie après avoir obtenu le silence. Je ne sais pas s’il y a de bonnes solutions mais il est sûr que c’est à chacun de faire des efforts pour que chacun puisse suivre sa messe et prier. »

Marine l’exprime très simplement : que chacun fasse des efforts. Les paroissiens sans enfant veulent bien faire preuve de bienveillance envers les familles, mais ne veulent pas être lésés, oubliés, sous prétexte qu’ils sont venus seuls, le smartphone consciencieusement éteint dans leur poche. La messe du dimanche est un des rares temps de la semaine pendant lesquels nous quittons l’agitation du monde pour nous retrouver avec le Seigneur. L’agacement des bruits d’enfants peut donc se comprendre, de la part de personnes souhaitant se retrouver dans un calme relatif pour prier et se recueillir.

Monique, mariée sans enfant, nous évoque, non sans humour, cette recherche de calme de la part de certains parents : « Dans notre paroisse, il y a trois messes qui se suivent le dimanche matin (…) on a vu des parents venir chacun à une messe différente pour être au calme ! » Oui, les enfants nous distraient, nous dérangent et même si nous avons à cœur de les accueillir au sein de l’Église nous aimerions qu’ils soient un peu plus canalisés peut être, un peu moins chahuteurs parfois.

La distraction se transforme parfois en tendresse. Quand les enfants s’agenouillent sur le Prie-Dieu pour imiter maman, quand le petit bébé de 6 mois fixe les vitraux les yeux écarquillés, quand un petit bonhomme d’à peine 3 ans demande un peu trop fort à sa maman où se trouve Jésus dans toute cette foule… Marie nous confie : « Oui de temps en temps je suis dérangée par la dizaine de bambins qui vadrouillent partout durant la messe, mais c’est tellement compensé par le “AMEEEN” tonitruant du petit de 3 ans, alors je m’en moque, je trouve ça trop mignon ! »

Entre énervement et tendresse, la présence des enfants à la messe ne laisse en tous cas personne indifférent ! Pas même le curé, pour qui il devient quelquefois difficile de prêcher : « Ayant un prêtre dans ma famille, ce dernier a pu nous dire qu’il était parfois difficile de prêcher par exemple lorsqu’un enfant hurle car l’air de rien, ce n’est pas un exercice facile que de parler devant beaucoup de monde et cela demande de la concentration! » explique Marie-Laurence.

Remplacer le « regard qui tue » par la « prière qui agit » ?

Attention aux regards qui tuent, ils font toujours du mal à la personne qui les reçoit et ont souvent comme principale conséquence d’éloigner les parents de l’église, ces derniers espaçant de plus en plus leurs venues à la messe, craignant le comportement de leurs enfants pendant la messe. Marie-Laurence l’explique très bien : « j’ai beaucoup de mal avec les gens qui se retournent pour fixer les parents dont l’enfant pleure. Je trouve ça difficile pour les parents. Parfois la maman vient seule à la messe par exemple et ce n’est pas simple de gérer plusieurs enfants à la fois. Donc on peut être exaspéré par un enfant qui pleure ou hurle, mais attention à nos regards ! »

En effet, la situation est à prendre en compte et la peine que nous pouvons causer aux parents également. En revanche, une maman seule à la messe avec ses enfants sera profondément touchée de voir que vous souhaitez l’aider, cela l’encouragera bien plus qu’un regard plein de reproches dont elle ne saura que faire à part culpabiliser un peu plus. Si vous vous en sentez capable, pourquoi ne pas prendre son petit deux ans infernal sur vos genoux et lui montrer un petit livre ? Quelquefois la force de la prière est bien plus agissante dans nos actes, nos petits gestes, nos attentions toutes simples envers nos prochains.

Anne n’hésite pas : « Moi je suis ravie quand je peux prendre un petit et lui raconter la messe pour qu’il reste calme. Et j’ai une fille qui aime beaucoup canaliser les 2-5 ans parce qu’elle adore s’occuper d’enfants. Parfois je n’ose pas proposer parce que j’ai peur de vexer les parents et qu’ils voient mon intervention comme une critique de leur éducation. Alors je fais juste un sourire pour montrer que je compatis et je regarde si le courant passe. »

Apprenons à exercer l’hospitalité les uns envers les autres, sans murmures

« Donnez-vous la paix du Christ » : et si nous le mettions en pratique en direct ? Le sujet est très difficile et ne mérite pas une réponse univoque, mais en tous les cas, un regard le plus bienveillant possible ne pourra qu’avoir plus de poids qu’une remarque blessante qui restera en tête du parent, bien plus que tout ce qu’il a pu entendre l’heure durant, entre deux pleurs de son tout-petit.

Marine nous confie : « Avant, étudiante et jeune naïve, je pensais que les enfants qui faisaient du bruit pendant la messe c’était parce qu’ils n’avaient pas l’habitude d’y être emmenés, que les parents pourraient quand même mieux les tenir. J’avais un regard de jugement dur et assez hautain. Je m’en rends compte, maintenant que c’est moi qui suis à la place de ces pauvres parents ! Je m’en mords les doigts. »

En parler au curé pour désamorcer les tensions ?

Quand les messes sont vraiment trop agitées et les parents peu enclins à faire des efforts, certains paroissiens n’hésitent pas à en parler au curé ou à la communauté de fidèles, comme nous l’explique Éloïse : « Parfois quelques personnes s’agacent : c’est arrivé dans notre paroisse et on en a parlé gentiment au bienveillant Padre, qui a fait une jolie homélie sur le sujet « Laissez venir à moi les petits enfants » et tout est rentré dans l’ordre. Les mamans sont devenues plus vigilantes et les mamies râleuses plus patientes ! ».

Certains parents ont besoin d’entendre les conseils que vous souhaitez leur donner et se taire sous prétexte de bonté d’âme n’est pas forcément une bonne solution ; cependant un intermédiaire comme la voix du curé ou un petit mot sur la feuille paroissiale, peut être plus « parlant » et moins anxiogène pour les parents de l’assemblée. Des solutions (garderies, coin-jeu…) peuvent également être pensées par les paroisses.

Prier pour ces enfants et leurs parents !

Dans la mesure où ils sont gérés par leurs parents, Elfège est attendrie par la présence des enfants à la messe et trouve même le temps de prier pour eux et pour leurs parents très affairés ! « En tant que tante qui adore les enfants, même si je ne suis pas sourde, je trouve juste que comme le dit le pape, les enfants sont plus que les bienvenus à l’église! (…) Les enfants qui courent, rampent dans les allées, la nef, sont certes distrayants quelques minutes mais ils nous rappellent surtout combien ils sont la future génération et ce bonheur personnellement me ravie et me fait rendre grâce d’autant plus intensément. Si je n’entends pas bien les textes je lis sur mon appli «Evangelizo» et je me recentre très vite. Bref vive les paroisses vivantes ! Et oui, je prie souvent pour les parents que je vois accaparés par leurs petits pendant la messe. Je suis certaine que les grâces se répandent comme elles le doivent ! »

Solenne, elle, voit déjà en ces enfants bien présents lors de la messe, de futurs figures de l’Eglise : « Un enfant qui s’agite, s’allonge, parle, finira peut être missionnaire, ordonné, grand prédicateur ! ».

De la bienveillance pour ces paroissiens de demain…

Il est donc très difficile de faire la part de choses entre les parents qui laissent leurs enfants courir dans l’église, papoter et rire sous cape pendant une heure et sauter sur le bénitier et les parents qui font leur possible pour gérer leur tribu mais qui finissent par faire autant de bruits que leurs enfants à force de « chut » et d’agitation.

Faisons donc preuve de douceur dans nos relations aux autres pendant la messe, prions pour ces parents dépassés par leurs enfants à la messe, et peut-être pouvons nous choisir des messes un peu plus tôt, ou les messes du soir préférées par les étudiants… Mais là, attention aux téléphones qui sonnent ou qui vibrent sur le banc ! A chaque âge ses délices…

Pour nous aider à garder notre sang-froid et notre patience lors d’une messe agitée, rappelons-nous que cette nouvelle génération est l’Eglise de demain et qu’il vaut sûrement mieux les voir peupler les églises que les déserter dès le plus jeune âge…



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