À l’occasion de la fête de sainte Germaine de Pibrac, célébrée le 15 juin, le diocèse de Toulouse multiplie les célébrations et les rencontres pour honorer cette sainte scrofuleuse, morte dans l’anonymat à 22 ans.
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Depuis mercredi soir, Pibrac — à quelques kilomètres à l’ouest de Toulouse — est l’épicentre de nombreuses cérémonies destinées à honorer l’humble sainte Germaine, dont la sépulture est établie dans la basilique. Cet événement, marqué cette année par le 150e anniversaire de sa canonisation et le 50e anniversaire de la consécration de la basilique, connaît un fort rayonnement local comme en témoigne la venue de Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse — qui participe à trois des cinq journées — et celle du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux. Messes, vigiles, adorations, mais aussi témoignages (dont celui de Tim Guénard), concerts et spectacle son et lumière : les façons de rendre hommage à sainte Germaine sont multiples, des plus spirituelles aux plus divertissantes. À la hauteur, en tous les cas, de cette figure méconnue et exceptionnelle.
L’histoire de sainte Germaine, c’est celle d’un vie brève, anonyme, marquée par la souffrance, et pourtant d’un amour de Dieu débordant et inextinguible. Les épreuves subies par Germaine auraient pourtant pu nourrir un profond sentiment de révolte. Les épreuves physiques la frappent dès sa naissance en 1579 puisque le bébé présente une atrophie de l’avant-bras et est affligé de scrofules. Elle perd ensuite sa maman alors qu’elle n’est encore qu’une fillette. Son père se remarie, mais sa belle-mère la déteste, la maltraite et lui impose de dormir dans un placard sous un escalier. C’est dans cette remise qu’un matin son père la retrouve morte. Elle est enterrée dans l’église du village.
Ce n’est que des années après sa mort que Germaine Cousin est sortie de l’anonymat complet dans lequel elle avait été plongée, y compris de son vivant. Et ce, de manière miraculeuse. En 1644, alors qu’un fossoyeur de Pibrac creuse une tombe, il tombe sur un corps en parfait état de conservation. Les anciens reconnaissent alors Germaine à sa main difforme et aux ganglions saillants de son cou. Son corps est alors déposé dans un cercueil en plomb placé dans la sacristie de l’église. En 1661, le cercueil est de nouveau ouvert et le corps est demeuré intact. En 1793, en pleine Terreur révolutionnaire, un certain Toulza vient profaner la sépulture, récupère le plomb du cercueil pour façonner des balles, et plonge le corps de Germaine dans de la chaux vive. Celle-ci fait son œuvre, et seuls quelques ossements seront récupérés plus tard.
“Germaine, tu nous conduis à la sainteté”
Mais les nombreux témoignages de son imputrescibilité laissent vite l’église penser que la petite Germaine Cousin est peut-être en odeur de sainteté. L’enquête menée révèle alors l’intensité de sa vie spirituelle. Alors que le plus clair de son temps consistait à garder le troupeau de moutons paternel, Germaine, analphabète, allait en effet à la messe tous les jours, récitait son chapelet avec ardeur pendant ses activités pastorales, et — en dépit de sa condition très humble — partageait son pain avec les plus pauvres.
Plusieurs miracles lui sont par ailleurs attribués. De son vivant, on dit que sa quenouille plantée en terre gardait son troupeau pendant qu’elle récitait son chapelet. On raconte aussi qu’elle fut un jour accusée par sa belle-mère d’avoir volé du pain : lorsqu’elle fut contrainte d’ouvrir son corsage où elle aurait dissimulé son larcin, ce sont des roses qui surgirent. La nuit de sa mort, enfin, des témoins auraient vu deux jeunes filles vêtues de blanc se diriger vers la maison familiale pour en ressortir le matin, accompagnée d’une troisième, couronnée de fleurs. En 1867, le pape Pie IX finir par faire de la petite Germaine une grande sainte de l’Église. Une basilique est construite pour abriter sa châsse et de nos jours, et aujourd’hui encore, Germaine — patronne des malades, des faibles et des déshérités — continue à soulever une grande dévotion régionale qui mériterait de rayonner bien au-delà. Le diocèse de Toulouse n’a t-il pas retenu la phrase suivante pour nourrir la méditation de ces cinq journées d’hommage : “Germaine, tu nous conduis à la sainteté”.