Touchés par l’histoire du petit Gaspard, décédé alors qu’il n’avait que 3 ans et demi, le 1er février 2017, des suites de la maladie de Sandhoff, Steven et Sabrina Gunnell ont décidé d’en faire un film. Rencontre avec Steven Gunnell, à l’occasion de la sortie de la deuxième bande-annonce sur les réseaux sociaux. Aleteia : Pourquoi avez-vous eu envie de faire ce film sur le petit Gaspard ?
Steven Gunnell : Avec ma femme, on a découvert la page de “Gaspard entre terre et ciel” par hasard, à la sortie de notre film sur Damien Ricour en surfant sur Internet, au moment où l’on se demandait quel pouvait être le sujet de notre prochain film témoignage. C’est là qu’on a découvert l’univers de Gaspard, ses parents, Après avoir été ému, touché, j’ai eu envie de leur proposer de faire un film, pour les “followers” de la page Facebook et la famille, pour mettre en lumière son parcours. Je leur ai envoyé un message, et la maman de Gaspard m’a répondu qu’elle espérait que je leur fasse signe depuis la sortie du film sur Damien Ricour, alors que je ne les connaissais pas. Gaspard était alors toujours là.
Lors de mes premiers échanges avec Marie-Axelle (la mère de Gaspard), elle m’a dit : “On comprend très bien que ça puisse être difficile et que vous ayez besoin de réfléchir, mais c’est une question d’heures pour Gaspard. Si tu veux voir Gaspard pendant qu’il est encore à la maison, c’est maintenant qu’il faut venir”. Avec ma femme on était mal à l’aise à l’idée de les rencontrer pour la première fois et de débarquer en plus avec nos caméras. Donc c’était assez éprouvant, mais nous y sommes quand-même allés, dans un acte d’abandon et de simplicité. Et le jour où nous nous sommes décidés à y aller, j’ai appelé Marie-Axelle pour lui demander si elle était vraiment sûre de vouloir commencer le film maintenant et s’il ne valait pas mieux attendre que Gaspard aille au ciel, laisser passer la période de deuil, pour se voir enfin à ce moment-là. Je lui laisse un message pour lui dire cela et elle me rappelle deux heures plus tard pour me dire : “À la seconde où tu as téléphoné, Gaspard est parti”.
Je ne sais pas pourquoi mais je l’avais senti venir et c’est aussi cela qui m’a décidé à y aller le lendemain pour rencontrer la famille. Marie-Axelle me l’a proposé, pour que l’on puisse voir Gaspard avant la mise en bière, durant les quelques jours où la famille gardait son corps. Ce jour-là, une amitié est née avec la famille Clermont, les oncles et tantes, les frères et sœurs, les grands-parents, les parents. On a donc lancé le film, sans véritablement savoir où on allait. Mais depuis ce mois de février nous restons en contact assez régulièrement.
Comment avez-vous procédé dans le début de réalisation de ce film ?
On a commencé à écrire un script, même si l’histoire est déjà écrite puisqu’elle existe d’elle-même. Nous sommes allés faire des captations, notamment à l’hôpital de Garches, on a interviewé tout le corps médical qui s’est occupé de Gaspard pendant des mois. Nous avons interrogé les membres de l’Église qui ont suivi Gaspard dans son cheminement : Mgr Luc Ravel, évêque aux Armées, qui l’a confirmé ; l’abbé Genouville de Versailles, un ami de la famille, qui l’a baptisé et l’a accompagné jusqu’à la fin en célébrant la messe des funérailles.
Puis nous avons interrogé des membres de la famille, ses parents, Marie-Axelle et Benoît, leurs enfants. D’où cette deuxième bande-annonce [en haut de cet article, ndlr], pour montrer leur beauté, leur maturité et leur message incroyable de vie et d’espérance malgré la tristesse des réalités auxquelles tout le monde peut être confronté, mais avec un message qu’on n’a pas l’habitude d’entendre de la bouche des enfants. Notamment en France mais aussi dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Leur message est très édifiant en l’occurrence.
Nous allons préparer une troisième bande-annonce pour mettre en lumière les membres de l’entourage de Gaspard pour parler du cœur du film. La maladie de Sandhoff, ce que c’est, d’où ça vient, pourquoi ? Comment vit-on avec ? Comment évolue cette famille dans un amour qui grandit sans cesse malgré cette lourde épreuve, et qui devient contagieux au point d’arriver à rassembler une communauté de centaines de milliers de personnes ? Via les réseaux sociaux, les personnes sont touchées et émerveillées par leur message, qui montre que toute vie quelle qu’elle soit, même insignifiante, affligée par la maladie ou autre, peut être féconde. On le voit, jusqu’à ses 41 mois et aujourd’hui encore, Gaspard continue d’être fécond à travers sa vie, par un amour qui nous dépasse, qui est vivable et qu’on peut choisir de vivre. Ce monde en a profondément besoin. Forcément, cet amour c’est le Christ, il s’agit d’un message chrétien évidemment. Mais c’est surtout l’amour d’une maman pour son fils tel qu’il est qui permet de transcender l’épreuve. Alors qu’aujourd’hui on a plutôt l’habitude de débrancher dès qu’il y a une défaillance.
Actuellement, où en êtes-vous de la réalisation du film, quand pourra-t-on le visionner et où ?
Nous avons quasiment terminé d’interviewer toutes les personnes, il nous en reste quelques-unes à faire de la famille qui est dispersée un peu partout en France. Des partenaires nous soutiennent comme “La victoire de l’amour”, qui est une société de production canadienne, l’équivalent du “Jour du Seigneur” au Québec, et s’est engagée à le diffuser. Elle nous soutiendra une fois le film produit sur le plan financier, parce que nous sommes complètement libres et autonomes à ce niveau-là. Nous n’avons sollicité l’aide de personne et ne nous sommes pas senti de faire un appel au don par le crowdfunding. KTO est mentionné dans le générique du film car la chaîne nous suit depuis le début et nous soutient puisqu’elle apprécie notre travail. Elle a diffusé notre film sur Damien Ricour et diffusera Gaspard, soldat de l’amour à plusieurs reprises. Aleteia s’en charge également ! Il sera visible sur les réseaux sociaux et donc disponible au partage. C’est un film pour tous, il s’adresse à n’importe quel âge.
Pour le montage du film, je vais m’y prendre comme avec celui sur Damien Ricour, en improvisant. Nous allons nous laisser porter. Pour l’instant, seules les bandes annonces sont montées, la troisième sera diffusée en septembre. Cet été nous nous consacrons au montage du film, pour trouver le générique, la trame, la couleur adéquate et bien sûr choisir ce qu’on voudra mettre en avant. L’histoire d’une vie de famille d’abord, l’histoire d’un petit garçon, celle d’une maladie, et comment tout cela est vécu. Comme un peintre avec ses pinceaux et ses tableaux qui se laisse aller à l’inspiration et à la grâce qui lui est donné. Il fait son œuvre derrière, parfois ça donne un chef-d’œuvre, parfois une croûte. Là c’est pareil, mon tableau c’est mon ordinateur, ma palette c’est mon clavier et je vais me laisser inspirer. Avec ma femme, on va essayer d’être à la hauteur de ce témoignage à travers le montage de ce film qui j’espère touchera beaucoup de personnes.
Propos recueillis par Louise Alméras.
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