Sœur Theresa Aletheia Noble, longtemps athée, a décidé de devenir religieuse après sa conversion et de porter le voile. Elle explique pourquoi elle y voit un signe d’amour fécond, et non une contrainte formaliste et stérile.
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Quand j’ai commencé à m’intéresser à la question de la vie religieuse, je n’avais pas pris conscience des âpres débats que pouvait susciter l’habit religieux dans les milieux catholiques. Bien loin de ces querelles, alors que je cherchais à discerner ma vocation, je suis partie à la rencontre de nombreux ordres religieux, portant ou ne portant pas l’habit, et j’ai presque toujours rencontré des femmes amoureuses de Dieu, de son Église et de son peuple.
À la suite de ces nombreuses visites, j’ai décidé que je préférerais vraiment entrer dans un ordre portant l’habit et le voile. Ancienne athée, je souhaite désormais annoncer l’Évangile, et l’habit est un véritable outil d’évangélisation dans un monde de plus en plus sécularisé. Sans l’habit, aux États-Unis du moins, personne ne saurait que je suis religieuse. Mon habit et mon voile sont un signe, une marque visible de ce qui dépasse notre monde. L’habit est un formidable rappel de la présence de Dieu dans un monde qui l’a oublié.
De nombreux catholiques semblent partager ce sentiment. Beaucoup me disent être soulagés de voir une jeune religieuse comme moi porter l’habit. Je ne saisis pas pleinement d’où vient ce soulagement. Je n’étais pas née dans les années 60 quand l’Église a connu tourments et chaos et que de nombreux ordres ont décidé d’abandonner l’habit. Personnellement, je préfère porter le voile mais je rejette fermement toute attitude visant à juger, critiquer ou se moquer des religieuses qui ont décidé de ne pas le porter. Combien de fois j’ai été prise à partie pour m’entendre dire : “C’est tellement bien que vous portiez l’habit” puis, dans un chuchotement, “et pas ces horribles pantalons en synthétique”.
Pire encore, certaines personnes disent parfois : “Je suis tellement content de voir une vraie sœur en habit !”. Un jour, une sœur ne portant pas l’habit m’a raconté une scène qu’elle avait vécue : elle était entrée dans un magasin alors qu’une religieuse en habit venait d’en sortir. Le gérant du magasin, qui connaissait la sœur ne portant pas l’habit, lui lança alors : “Tiens, il y a une vraie bonne sœur qui vient de sortir !” Ce à quoi elle rétorqua : “Et moi je suis quoi alors, une religieuse au rabais ?”. Cette remarque a montré qu’il ne saisissait aucunement l’essence même de la vie religieuse. Ce sont nos vœux et la façon dont nous les vivons qui font de nous des religieuses, et non l’habit que nous portons.
J’ai alors pris conscience pour la première fois de la souffrance de ces religieuses reléguées au second plan pour une question d’habit.
Une autre fois, peu après être entrée au couvent, un jeune prêtre s’est montré très désobligeant envers moi ainsi qu’une autre postulante, critiquant en long, en large et en travers l’habit de “notre” ordre, car sa nouvelle coupe est un peu plus courte et d’un style plus moderne que l’ancienne. À sa grande surprise, je lui répondis que j’étais d’accord avec lui. J’aurais préféré un habit plus classique, plus traditionnel. Je lui demandai alors : “D’après vous, que dois-je faire ? Changer d’ordre parce que l’habit n’est pas à mon goût ? Choisir mon ordre selon des critères d’apparences vestimentaires ?”.
Cet attachement fort à l’habit repose sur de bons sentiments : l’amour de l’Église, l’évangélisation, la beauté, la tradition, entre autres. Mais derrière peuvent se profiler des considérations formalistes qui virent parfois à l’obsession. Un travers qui peut faire oublier l’essentiel : témoigner de la bonté et de la grandeur de Dieu, chacun de manière différente.
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