L’héritage théologique légué par saint Éphrem est considérable : des œuvres écrites en prose ordinaire mais surtout des œuvres en prose poétique, des homélies en vers et enfin des hymnes, qui sont à l’époque un puissant outil d’évangélisation et de transmission de la doctrine chrétienne.
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C’est en Orient que nous nous rendons, pendant l’expansion du christianisme des premiers siècles. Plus précisément à Nisibe dans une ville de Mésopotamie, carrefour de la Rome antique et de l’Empire perse. Ici naquit en 306 l’une des plus grandes figures de la chrétienté orientale, saint Éphrem. La légende lui donne pour père un grand prêtre des idoles qui est farouchement anti-chrétiens mais il semblerait plutôt qu’Éphrem soit né au sein d’une famille chrétienne. Il se déclarait lui-même « né dans la voie de la vérité ». Très jeune il se met au service de l’Église et se forme au côtés de Jacques évêque de Nisibe (303-338). Baptisé à l’âge de 18 ans, il est ordonné diacre le même jour. Souhaitant transmettre la doctrine chrétienne au plus grand nombre, Éphrem use de son talent de poète et compose de nombreuses hymnes. Il peut ainsi transmettre des fondements de théologie (les grands moments de la vie de Jésus, les mystères de l’Église, …) par l’intermédiaire de vers à la musicalité entraînante. Il crée une forme de catéchisme accessible à tous et surtout transmissible par tous. Avec l’évêque Jacques, il fonde également une école théologique. Suite à l’invasion des Perses en 363, il traverse la frontière et se rend à Edesse dans l’actuelle Syrie où il continue à prêcher. Il y meurt en 373 après avoir contracté la peste au contact des malades qu’il soignait. Éphrem est resté diacre (c’est-à-dire serviteur) toute sa vie, faisant vœux de célibat et de chasteté.
Saint Éphrem a écrit de nombreux ouvrages et commentaires des saintes Écritures. Mais c’est par ses poèmes qu’il marquera l’histoire. Les historiens et plus particulièrement Sozomène lui attribuent plus de trois millions de vers (toujours la légende). Initiateur du chant liturgique, ce grand mystique est appelé la harpe de l’Esprit saint ou Cithare de l’Esprit. Dans sa catéchèse du 28 novembre 2007, le très saint père Benoît XVI revient sur l’héritage immense que ce grand saint syrien nous a légué et nous exhorte à ne jamais oublier que c’est en Orient que se trouve le berceau de notre religion. Pour Benoît XVI, saint Éphrem pratique la théologie sous une forme poétique qui lui permet d’approfondir la réflexion théologique à travers des paradoxes et des images. Privilégiant les contrastes, il peut ainsi mieux souligner le mystère de Dieu.
Voici quelques vers de saint Éphrem au sujet du mystère de l’Incarnation.
« Le Seigneur vint en elle
pour se faire serviteur.
Le Verbe vint en elle
pour se taire dans son sein.
La foudre vint en elle
pour ne faire aucun bruit.
Le pasteur vint en elle
et voici l’Agneau né, qui pleure sans bruit.
Car le sein de Marie
a renversé les rôles :
Celui qui créa toutes choses
est entré en possession de celles-ci, mais pauvre.
Le Très-Haut vint en Elle (Marie),
mais il y entra humble.
La splendeur vint en elle,
mais revêtue de vêtements humbles.
Celui qui dispense toutes choses
connut la faim.
Celui qui étanche la soif de chacun
connut la soif.
Nu et dépouillé il naquit d’elle,
lui qui revêt (de beauté) toutes choses. »
(Hymne De Nativitate 11, 6-8)
Saint Éphrem est élevé au rang de docteur de l’église par le pape Benoît XV le 5 octobre 1920. Depuis 1925, Paris accueille au 17 rue des Carmes une communauté catholique syriaque dans l’église Saint-Éphrem le Syriaque. La chapelle qui a été mise à leur disposition fut construite par l’architecte Pierre Boscry qui s’est grandement inspiré d’une œuvre du Bernin, la chiesa Sant’Andrea al Quirinale à Rome. La messe y est célébrée en araméen chaque dimanche à 11 heures.
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