Sur l’île de Mindanao, aux Philippines, Mgr Edwin de la Peña témoigne de son inquiétude pour les deux cents civils pris en otage par les jihadistes, dont son vicaire diocésain et quinze paroissiens. Des heures d’attente et de grande tension à Marawi, ville de l’île de Mindanao, dans laquelle une importante action militaire est en cours visant à en chasser une trentaine de terroristes du groupe Maute, affilié à l’État islamique. Ces derniers occupent une partie de la ville depuis le 23 mai dernier. Depuis, “c’est le chaos, la ville est méconnaissable on se croirait en Syrie ou en Irak (…) Nous devons tout reconstruire, repartir à zéro pour réinstaller une présence chrétienne dans cette zone”, rapporte l’évêque local, Mgr Edwin de la Peña, dans un témoignage à l’Aide à l’Église en détresse – Italie (AED), qui fait part de sa grande inquiétude pour les deux cents personnes retenues en otage par les jihadistes, dont le vicaire diocésain et une quinzaine de fidèles catholiques.
Un acte de blasphème exécrable
Après avoir détruit la cathédrale de Marie-Auxiliatrice, incendié des écoles et mis en fuite la population civile, les terroristes retiennent encore en otage près de deux cents personnes dont le vicaire diocésain, le père Teresito (dit Chito) Suganob et quinze paroissiens. À Marawi, les combats sont encore en cours et “nous avons peur pour les otages”, a confié l’évêque à l’agence Fides. “Nous ne savons rien de leurs conditions, ils pourraient souffrir d’un manque de nourriture, d’eau et de médicaments et ils seront très éprouvés. Nous sommes très inquiets et prions pour eux”. L’évêque est consterné par la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant de jeunes militants armés profaner des statues et des images sacrées et détruire la cathédrale. “Il s’agit d’un acte de blasphème exécrable. Les terroristes veulent instiller la haine chez les chrétiens et provoquer une réaction”. Mais, “la nôtre consistera seulement dans la prière, la fraternité et la solidarité interreligieuse, dont de nombreux amis musulmans ont fait preuve au cours de ces heures, y compris en aidant et en défendant les chrétiens de Marawi”, a-t-il ajouté.
Différents responsables musulmans se sont exprimés. Ainsi, Alim Abdulmuhmin Mujahid, vice-président du Conseil des oulémas de Basilan a condamné la profanation de la cathédrale, qualifiant ce geste de « non islamique » alors que le gouverneur de la région autonome de Mindanao musulmane, Mujiv Hataman, a invité de son côté tous les musulmans de Mindanao à “condamner l’action des terroristes liés à l’État islamique » et a demandé aux citoyens musulmans et chrétiens « de ne pas tomber dans le piège du Maute qui veut enclencher un conflit social et religieux”.
1 500 civils pris au piège
La crise à Marawi est dans sa deuxième semaine. Après une semaine de combats, l’armée a repris le contrôle d’une grande partie de la cité. Les jihadistes sont désormais barricadés dans une dizaine de quartiers. Au cours de ces dernières heures, l’armée a capturé Davoa Cayamora Maute, père des deux frères Abdullah et Omar Maute, fondateurs du groupe terroriste. Bien que le président philippin, Rodrigo Duterte, ait déclaré solennellement qu’il “n’y aura aucune négociation avec les terroristes”, l’arrestation de Cayamora Maute pourrait favoriser des négociations informelles visant à obtenir la libération des otages, actuellement utilisés comme boucliers humains. Les terroristes sont positionnés dans des lieux bien protégés et sur les hauteurs. Leur nombre est limité mais ils agissent en tireurs d’élite, rapportait il y a quelques jours Mgr Edwin de la Peña. Dans cette zone, ajoute-t-il, sont encore pris au piège plus de 1 500 civils, pour la plupart âgés et malades qui ne sont pas parvenus à s’enfuir.
Après la diffusion par les jihadistes d’une vidéo montrant le père Soganub lancer un appel au président Duterte, pour qu’il mette un terme aux bombardements et à l’attaque de Marawi, l’évêque s’est dit “heureux de le savoir vivant” mais pas plus rassuré sur son sort ni sur celui de tous les otages, qui pourraient payer un prix fort de l’évolution de la situation.
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À Marawi, tout est détruit, pas seulement la cathédrale — a confié Mgr de la Peña dans son témoignage à l’AED – Italie — “Il sera très difficile pour la petite communauté de fidèles de cette prélature, née il y a à peine une quarantaine d’année, de venir revivre à Marawi”. Néanmoins, l’évêque ne perd pas espoir : “Nous devons réinstaller une présence chrétienne dans cette zone à grande majorité musulmane. Nous devons continuer à promouvoir le dialogue et chercher à reconstruire les espoirs et les rêves brisés de toutes ces personnes, y compris de tant de musulmans qui, contrairement à ces islamistes, désirent la paix”.
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