Ouvrier, buveur compulsif devenu abstinent, homme de prière, Matt Talbot est une figure méconnue et inspirante. Il est invoqué par tous ceux qui souffrent de dépendance à l’alcool.
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Commémoré le 7 juin, le vénérable Matt Talbot a connu un parcours aussi discret qu’admirable, qui témoigne de la force agissante de la prière. Cet homme, mort dans l’anonymat, est un modèle pour tous ceux qui livrent de difficiles combats intérieurs contre différentes addictions, et contre l’alcoolisme en particulier. Matt Talbot est l’objet d’une ardente vénération dans les pays anglo-saxons, mais il gagnerait à être davantage connu en France où cinq millions de personnes souffriraient de problèmes liés à l’alcool selon une récente étude du Centre français d’éducation pour la santé.
Matt Talbot naît en 1856 dans une famille pauvre de Dublin. Il compte onze frères et sœurs, dont dix plus jeunes que lui. Son père est lourdement alcoolique et lui-même sombre dans la même dépendance très jeune. Travaillant successivement, à des échelons modestes, dans le commerce de la bière, puis du whisky, il se ruine dans les pubs où il dépense ses derniers sous pour assouvir ses besoins. Un jour, il dérobe même le violon d’un artiste de rue aveugle afin de le revendre et se payer ainsi quelques verres d’alcool en plus.
Conversion
Un soir de 1884, après avoir encore une fois passé une soirée les poches vides à la recherche de boisson, il s’engage devant sa mère à s’abstenir de consommer de l’alcool pendant trois mois. Il n’en boira plus une goutte jusqu’à la fin de sa vie, après douze années d’alcoolisation quotidienne. Un changement de vie radical qui s’accompagne d’un bouleversement spirituel : Matt Talbot, jusqu’ici très indifférent aux questions religieuses, se convertit littéralement et trouve dans la vie de prière une arme précieuse pour lutter contre les tentations et la rechute. De précieux accompagnateurs spirituels lui conseillent des lectures religieuses pour l’aider, en particulier le Traité de la Vraie Dévotion à la Vierge Marie de saint Louis-Marie Grignon de Montfort, qui exercera une forte influence sur lui.
Conséquence de ce virage à 180 degrés, son comportement au quotidien évolue aussi. Travaillant désormais dans le secteur du bâtiment, il met une ardeur nouvelle dans l’accomplissement de ses tâches et tente de nouer des relations constructives entre les patrons et les salariés malgré une situation sociale très dégradée. Son sens de la mesure, comme sa piété, lui attirent les moqueries cruelles de ses collègues. Malgré la qualité de son travail, Matt Talbot demeure pauvre, ce qui ne l’empêche pas de partager le peu qu’il possède avec ceux qui n’ont rien.
Mort dans l’anonymat
Humble parmi les humbles, il se rend à la messe quotidiennement, et même plusieurs fois le dimanche. Mais personne, hormis ses pères spirituels et ses plus proches, ne perçoivent l’intensité de la vie religieuse de Matt Talbot et l’âpreté du combat personnel qu’il mène. C’est précisément en se rendant à la messe le 7 juin 1925 qu’il meurt foudroyé par un arrêt cardiaque. Personne ne le reconnaît. Déshabillé à l’hôpital, on découvre autour de ses bras et de ses jambes, des cordes et des chaînes qu’il portait pour mortifier ses sens. C’est cette découverte qui a amené les autorités religieuses à s’intéresser à cet homme et qui permettra in fine de prendre conscience de son exemplarité.
En 1931, l’évêque de Dublin ouvre une première enquête sur sa vie, et dès 1947, la cause de sa béatification est ouverte. Le pape Paul VI le déclare vénérable le 3 octobre 1975 et son procès en béatification est toujours en cours. Il est particulièrement vénéré aujourd’hui à l’église Notre-Dame de Lourdes à Dublin — où il repose — et il a donné son nom à de très nombreuses œuvres de lutte contre les addictions, qu’il s’agisse d’alcoolisme, de toxicomanie ou d’autres formes de dépendance.
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