L’épisode est célèbre. Lors de la Pentecôte, les apôtres se mirent à parler dans toutes les langues. Ce don du Saint-Esprit n’a pas fini d’intriguer. L’éclairage du frère franciscain Daniel-Marie, du monastère Saint-Antoine de Bruxelles.
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Ce n’est pas un délire d’ivrogne (« Ils sont pleins de vin doux » : Ac 2, 13), c’est une réalité biblique, fondatrice du christianisme : « Nous les entendons parler dans notre langue » (Ac 2, 8). C’est dans les actes des apôtres que nous trouvons la référence scripturaire claire de cette réalité. Quand je dis « actes des apôtres », je ne me réfère pas seulement au Livre, je me réfère à leurs agissements, ou mieux, à ceux du Saint Esprit. Car le don des langues est un charisme, c’est-à-dire un don, en provenance du Don parfait (le Saint-Esprit), qui passe par des hommes pour rejoindre d’autres hommes. En ce sens, il ne sert pas à sanctifier ceux qui le reçoivent ; il sert à édifier les auditeurs de ce phénomène (Parthes, Elamites…) : c’est une grâce charismatique, un outil pour l’évangélisation.
« Je voudrais que vous parliez tous en langues », écrit saint Paul (1 Co 14, 5). On peut penser à juste titre que toute l’Église primitive était charismatique, dans sa phase de structuration, en une dynamique équilibrée entre charisme et institution.
Le don des langues se divise en « xénolalie » et « glossolalie ». La première catégorie est celle dont nous parlent les Actes le jour de la Pentecôte : une langue immédiatement compréhensible, une langue étrangère non apprise et pourtant connue. À moins que ce jour-là, les apôtres surgissant du Cénacle n’aient parlé un langage universel, celui du cœur, comme celui qu’utilisera François d’Assise lorsqu’il parlera aux oiseaux attentifs et obéissants. Les phénomènes de xénolalie sont attestés maintes fois dans l’histoire du Renouveau charismatique.
La glossolalie quant à elle est un langage non immédiatement compréhensible : elle est un don qui surgit lui aussi lors d’une effusion de l’Esprit (par la louange et/ou l’imposition des mains), qui fait prononcer à celui qui le reçoit des mots sans signification apparente. « Celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, personne ne le comprend, il dit en esprit des choses mystérieuses » (1 Co 14, 2). L’interprétation en est donnée par le sujet lui-même (qui perçoit alors intérieurement des Paroles bibliques, des motions spirituelles, des images…) ou par quelqu’un d’autre dans l’assemblée qui reçoit un autre charisme, complémentaire, celui de l’interprétation des langues. On pourra relire avec profit, à ce sujet les enseignements de Paul aux chapitres 12-14 de 1 Corinthiens.
Le « parler en langues » se mue harmonieusement, souvent, en « chant en langues » ; saint Augustin le décrit en parlant de « jubilation » et le compare au « chant des moissonneurs » : « Qu’est-ce que chanter dans la jubilation ? C’est comprendre que les paroles ne sauraient exprimer ce que chante le cœur ».
Le don des langues, parlé ou chanté, est un langage d’enfant… de Dieu ; il permet de dépasser le rationalisme qui plombe l’Esprit de Dieu et l’esprit de l’homme ; c’est un outil raisonnable qui va au-delà de la raison, comme la foi ; à l’origine de l’Église, il en sera aussi le terme, lorsque nous chanterons tous le langage des Anges, là-Haut. Et Jésus pourra encore exulter dans le Saint-Esprit en disant à son Père : « Je te bénis, ô Père, car tu as caché ces choses aux savants et aux intelligents, et tu les as révélés aux tout-petits ».
Sur ce chemin, comme exhorte encore l’évêque d’Hippone : « Avance et chante ».
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