Une mère, dès le premier jour où elle apprend qu’elle porte la vie en son sein, est inquiète. Il s’agit – sauf dans de rares cas de déni maternel – d’un phénomène aussi inévitable qu’impressionnant. Les inquiétudes pour ce petit être qui grandit en nous, ne feront ensuite que croître à mesure que l’enfant grandit. Ces préoccupation nous ne pouvons, ni ne devons, les porter seules. Heureusement, un enfant s’élève souvent à deux. Et si ce petit être de qui nous avons charge d’âme, nous le faisions grandir avec une aide supplémentaire ? Oui, l’Esprit saint pourrait bien être un de nos meilleurs alliés, à condition d’avoir l’humilité – et l’idée – de l’invoquer.
La « bonne » inquiétude des mères
"Il y a dans notre âme, a affirmé le pape Francois, la possibilité d’avoir deux inquiétudes : la bonne, l’inquiétude qui nous donne l’Esprit saint, et la mauvaise inquiétude, celle qui naît d’une conscience sale." (Homélie de septembre 2016). L’inquiétude que nous avons devant notre devoir d’état — celui d’élever nos enfants — est une inquiétude saine, dont nous ne devons pas rougir, et que nous ne devons pas dissimuler. Il s’agit d’une inquiétude viscérale, fondée, sur l’intention quasi innée d’une maman de faire au mieux pour son enfant et sur ce sentiment d’échec qui peut vite l’envahir devant la difficulté et l’ampleur de la tâche qui lui est confiée. Cette inquiétude devient mauvaise quand elle attriste, désespère et met des obstacles, en empêchant d’aller de l’avant.
Lingettes et couches-culottes pointées du doigt pour la toxicité de certains de leurs composants, réflexions culpabilisantes adressées à la jeune maman qui ne veut pas — ou qui n’arrive pas — à allaiter son nourrisson… Tout est sujet à inquiétude autour de nos petites têtes blondes. Et quand on n’est pas de nature inquiète, l’entourage, les voisins, les passants, sont là pour nous rappeler les difficultés qui nous entourent et nous attendent. Mais réjouissons-nous et ayons confiance car nous ne sommes pas seuls. Et si nous rassurions un peu les parents sur leurs capacités plutôt que de les angoisser ? En effet, l’insouciance disparait avec la maternité et pour beaucoup de mamans, le cap est difficile, d’autant plus quand la santé et le développement de l’enfant sont en jeu.
Charlotte, mère d’un jeune enfant atteint de trisomie 21, Joseph, témoigne : "Mes inquiétudes aux quotidien, ce sont toutes les inquiétudes des parents normaux, sauf qu'elles sont probablement un peu multipliées." Charlotte pointe du doigt une des inquiétudes les plus profondes d’une maman devant son enfant : comment faire pour l’aider à grandir, un jour, sans moi ? Très simplement, demander de l’aide au Seigneur. Une aide très précieuse nous sera accordée, une aide qui nous a précédés et qui nous succédera, une aide intemporelle et toute-puissante : l’esprit de Dieu, le Saint-Esprit.
L'Esprit saint ? La plus efficace des « aides à domicile »
En effet, nous ne sommes pas seuls car la force agissante de Dieu, l’Esprit saint, est là pour nous aider et nous sauver. Ayons l’humilité de lui demander de l’aide. Si une mère devait choisir une baby-sitter pour s’occuper de ses enfants, elle ne la choisirait pas autrement que cela : fiable, protectrice, répondant aux besoins de l’enfant en l’aidant à grandir, avec une force douce et bienveillante.
Marion, mère de quatre enfants, n’hésite pas à convoquer son aide dans son quotidien avec les enfants : "J'invoque régulièrement l'Esprit saint quand l'un de mes enfants circule seul et que je ne suis pas tranquille. Cela peut être un long trajet à pied pour mon fils de onze ans, un retour tardif de soirée pour les filles... J'ai pris cette habitude de demander à l'Esprit de souffler sur eux pendant leur trajet, de cheminer avec eux en quelque sorte pour les accompagner, veiller sur eux."
Cette aide nous est donnée le jour de notre baptême, puis à nouveau le jour de notre confirmation, puis éventuellement le jour de notre mariage. À chaque sacrement nous l’invoquons, nous l’appelons, nous le remercions de son infinie protection. À chaque récitation du "Notre Père", à chaque signe de croix, nous le nommons, nous l’appelons. Et pourtant, l’Esprit saint est le grand "méconnu" de la Sainte Trinité, pour beaucoup d’entre nous.
Le connaître… afin de mieux l’appeler !
À l’occasion de la fête de la Pentecôte qui approche, fête qui célèbre la venue de l'Esprit saint sur Marie et les apôtres réunis au Cénacle, le cinquantième jour après Pâques, nous prenons, pour la plupart d’entre nous, le temps de l’invoquer et de lui demander sa protection. Lors des sacrements tels que le mariage, le baptême, là encore nous invoquons l’Esprit saint avec de beaux chants tels que "Viens esprit de Sainteté" ou encore "Souffle imprévisible". Dans le Credo, nous disons que nous croyons en l'Esprit saint "qui est Seigneur et qui donne la vie" et qu'il "a parlé par les Prophètes". Nous savons aussi que l'Esprit saint est la troisième personne de la Trinité.
Hormis les occasions spéciales, pensons-nous à invoquer le Saint-Esprit ?
Clémence nous le dit : "J'invoque peu l'Esprit saint, mais je sais qu'il est là." Charlotte, et son petit Joseph, poursuit : "J’ai beaucoup prié pour que Dieu nous aide, nous donne la force, à mon mari et à moi, d'être de bons parents et de tenir dans les difficultés qui se présentaient. (…) L'Esprit saint c'est un peu plus compliqué ! La Trinité, c'est quand même compliqué comme concept, et l'Esprit saint, pas toujours très concret ! L'invocation de l'Esprit saint se fait plutôt dans certains moments propices : la confirmation de ma filleule, les baptêmes des cousins, un chant d'invocation à l'Esprit pendant la messe, mais pas vraiment au quotidien."
L’Esprit saint : pas assez prié par méconnaissance ?
Ce "faire" qu’évoque Charlotte, cet aspect "concret", ne serait-ce pas justement la définition même de l’Esprit saint, force active de Dieu, main de Dieu, qui intervient jusque dans les moindres détails de nos vies ? Pour creuser le sujet nous avons rencontré Estelle, mère de famille de trois enfants, catholique convertie sur le tard, après un baptême et une communion "de convention sociale". À trente ans, Estelle découvre le Renouveau charismatique et y adhère avec conviction. Ce mouvement fut lancé dans les années 1960 devant ce constat : l’Esprit saint est le grand oublié de l’Église !
"À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : “J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité toute entière.”"
Ne mésestimez pas le pouvoir du Saint-Esprit
Pour Estelle, ce n’est pas anodin si l’Esprit saint a été mis à la marge dans nos prières au XIXe et au XXe siècles. Quand on invoque l’Esprit saint c’est Dieu qui agit. Pour Estelle, prier l’Esprit saint est un devoir et ne pas le faire est un manque : "C’est ne pas s’ouvrir à la vérité et la vérité c’est la vie ! Dieu nous mandate pour faire ce que l’Esprit saint nous enseigne. Sachons lui demander de l’aide. Une mère de famille, inquiète pour son fils qui a de grosses difficultés scolaires, peut demander de l’aide à Dieu ensuite tout ne devrait être que louange et bénédiction ! Dieu entend nos prières. J’ai moi-même demandé à Dieu ma guérison, cela fait cinq ans que je subis une chimio tous les quinze jours. Et bien je sais que m’a donné la guérison, mais elle ne se voit pas encore. Je ne doute pas que je l’ai reçue. Et bien pour les difficultés scolaires, c’est pareil ! Ne pas mésestimer le pouvoir de Dieu et de l’Esprit saint."
Oublier l’Esprit saint c’est oublier la présence active de Dieu dans nos vies, et une maman trop inquiète est une maman qui oublie qu’elle n’est pas seule. Estelle résume ainsi l’oubli du Saint-Esprit dans nos vies : "L'oublier, c’est enlever sa force à Dieu, c’est vouloir tout faire tout seul !".
Même pour aider et aimer son prochain l’Esprit saint peut nous aider. Estelle raconte ainsi une anecdote : "Une amie se promenait dans la rue, elle entend alors l’Esprit de Dieu dans son cœur lui dire : "J’ai froid, j’ai vraiment très froid". Sans savoir vraiment pourquoi — et sans avoir froid ! — elle entre dans un magasin et achète des gants, un bonnet, une écharpe. Cette amie continue son chemin et rencontre un ouvrier qui descend d’une échelle ; elle lui demande : "Monsieur, avez-vous froid ?", ce dernier répond qu’il est transi de froid. Mon amie lui donne de quoi se réchauffer." Les aides que nous demandons inlassablement au Seigneur, peut-être nous les a-t-il déjà soufflé par l’intermédiaire de son Esprit… Avons-nous su les saisir, les voir, les écouter ? Et si, en ce temps de Pentecôte, nous replacions l’Esprit saint au cœur de nos prières ? Sans jamais plus l’oublier !
Un rempart solide et invisible contre nos inquiétudes
Dans la Prière de Tierce, l'Église nous apprend à l'invoquer en ces termes : "Viens et daigne demeurer en nous". Estelle nous confie ainsi commencer chacune de ces prières par une invocation à l’Esprit. Confions lui nos inquiétudes, il saura s’en occuper mieux que vous-même. Apprenons à lui décharger ce qui vous dépasse, à l’image de Joyce Meyer : "Chaque fois qu’un de mes enfants avait un problème, je passais mon temps à essayer de trouver une solution, oubliant complètement que Dieu était maître de la situation. Satan était ravi. Je le laissais contrôler mes pensées et mon attitude négative faisait plus de mal que de bien".
La vie de nos enfants est entre nos mains qu’un temps seulement. Petit à petit, il nous incombe de leur apprendre à se débrouiller par eux même. Et si nous leur glissions à l’oreille de ne pas oublier d’invoquer l’Esprit saint, à nos côtés à chaque instant, qui nous souffle son aide de façon si subtile et si forte à la fois ?
Quand l’inquiétude laisse place à la joie de se savoir accompagnée !
Saint Jean Paul II faisait ce constat : "Savoir que Dieu n’est pas loin mais proche, qu’il n’est pas indifférent mais plein de compassion, qu’il n’est pas un étranger mais un Père miséricordieux qui nous suit avec amour en respectant notre liberté : tout cela est le motif d’une joie profonde, que les diverses péripéties de la vie quotidienne ne peuvent entamer ». Jésus parlera d’une joie — et pas n’importe laquelle : "sa" joie (Jn 15,11), c’est-à-dire la joie qu’il partage de toute éternité avec le Père et le Saint-Esprit : c’est "sa" joie qu’il nous donne et que « personne ne pourra jamais [nous] ravir". (Jn 16,22)
Quand une maman se décharge de ses inquiétudes alors elle retrouve ses joies. Elle ne pense plus aux difficultés de son enfant mais elle remarque ses progrès. Elle ne voit plus ce qui la pèse mais elle rend grâce pour ce qui la comble de joie. "L'Esprit saint doit être le guide suprême de l'homme, la lumière de l'esprit humain", exhortait le pape Jean Paul II. En effet, il anime en nous la foi, la charité et l’espérance. Il nous libère de nos doutes et nous permet d’être convaincus de l’action de Dieu dans nos vies et dans le monde. Les fruits de l’Esprit sont invisibles mais ils nous touchent profondément et changent nos existences de manière profonde et durable. Sachons nous laisser guider par l’Esprit saint, apprenons à le bénir, lui rendre grâce et être attentifs à ses souffles de vie, de feu et d’amour.