Des spécialistes de la relation entre théologie, éthique et technologie se réunissent le 26 mai pour répondre aux enjeux actuels. Transhumanisme, révolution numérique, avancées technologiques et scientifiques : autant de réalités qui ne cessent de se déployer actuellement. Mais où la question spirituelle de l’homme se situe-t-elle dans tout cela ? Où sont les limites à ne pas franchir ? Et quels repères apporter au monde de demain ?
Le 26 mai prochain, le réseau Optic des Dominicains (Ordre des Prêcheurs pour les Technologies, l’Information et la Communication) sponsorise une journée d’étude organisée à Rome. La faculté des Sciences sociales de l’Université pontificale de Saint-Thomas accueillera cet événement, créé sous l’impulsion du projet de recherche intitulée “Réflexions fondamentales sur la théologie et la technologie” (FORE) et de la faculté de théologie Angelicum.
Beaucoup diront qu’il y a peu de domaines dans le monde contemporain qui sont aussi disparates et éloignés que la technologie et la religion. Pourtant, l’écart entre eux pourrait être moins important qu’il n’y paraît. La Silicon Valley, par exemple, a ses propres spiritualités, dont certaines rêvent de la fusion de l’individu avec une entité globale de l’intelligence informatique. Ils sont imprégnés de l’air de l’occulte et proches des traditions de la gnose et de l’ésotérisme. Pendant ce temps, la spiritualité reste au cœur de la longue tradition judéo-chrétienne qui souffre d’un manque d’intégration d’une vision du monde technologique dans sa pensée et sa pratique. Étant donnée la nécessité d’une telle intégration, il y a beaucoup à apprendre des deux côtés d’un dialogue au niveau de la spiritualité, entre la pensée et la technologie judéo-chrétienne.
Relation entre théologie et technologie
Stef Aupers, ouvrira la journée par une intervention sur le thème suivant : “Devenir des dieux : l’éthique transhumaine et l’esprit de la Silicon Valley”. Il est professeur de « culture médiatique » à l’Institut d’études médiatiques de l’Université de Louvain en Belgique. La plupart de ses travaux traitent des formes post-traditionnelles de religion, de spiritualité, de la culture de la conspiration et, en particulier, de la manière dont ces croyances sont médiatisées. Avec d’autres spécialistes, il a collaboré à un projet de recherche (2004-2007) axé sur l’affinité élective entre les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) et la religion, qui aboutit à diverses publications sur l’importance sociale, culturelle et religieuse des jeux informatiques en ligne comme World of Warcraft. Il publie dans de nombreuses revues spécialisées et ses derniers livres internationaux sont les Religions de la modernité : relocaliser le sacré au soi et le digital et Les Paradoxes de l’individualisation : le contrôle social et le conflit social dans la modernité contemporaine.
Suivra un thème à la frontière du fantastique qui continue d’interroger la tentation ésotérique actuelle, “La magie de la technologie et le magicien chrétien à l’aube de la modernité”, développé par Gabor Ambrus du projet FORE. Ce spécialiste de la relation entre théologie et technologie intervenait à l’université de Prague en novembre dernier pour alerter sur le fait que “la mentalité technologique dominante de notre ère a une influence grave et croissante, peut-être menaçante, sur l’éducation universitaire en général et sur notre domaine des sciences humaines en particulier”. Loin de crier au loup, son intention est d’intégrer de manière censée les changements réels de notre époque. “Compte tenu de cette influence évidente, une menace peut-être, poursuivait-il, écartons maintenant la question de savoir si la technologie a changé l’ensemble de notre monde pour le meilleur ou pour le pire, et considérons seulement ce qu’est la nature de la tension entre la technologie et les sciences humaines, entre la technologie et la théologie”.
Enfin, la philosophe Irène Kajon poursuivra sur “L’homme technologique selon la pensée de Hans Jonas”. Professeur d’anthropologie et de philosophie, elle a été nommée professeure titulaire de philosophie morale à la faculté des lettres et philosophie à l’Université de Rome “La Sapienza” en 2000. Depuis, elle enseigne ses spécialités comme réponse aux problèmes de l’homme et de l’humanisme, à travers la lecture de penseurs juifs et chrétiens du passé et du présent, en dialogue avec les plus importants philosophes de la culture européenne.
La journée d’étude est ouverte à ceux qui le souhaitent et se conclura dans l’après-midi, forte de nouveaux horizons pour l’avenir technologique de l’homme.