Chaque année, le mois de mai voit fleurir et s’éclairer les rues des Saintes-Maries-de-la-mer. Les prières sont bruyantes, ferventes, les cortèges colorés et la tradition intacte. (Article mis à jour le 24 mai 2018)
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Roms, manouches, tsiganes et gitans arrivent des quatre coins du continent ces 24 et 25 mai pour vénérer leur sainte, Sara la noire ou la gitane puisque les mots se confondent en langue tsigane. Le lendemain, ce sont les saintes Maries qui sont à l’honneur, comme depuis les premiers siècles de la chrétienté. Les hommages remontent loin dans le temps mais on peine, aujourd’hui encore, à définir les contours de la vie de ces saintes, préservées par la ferveur populaire.
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Les « saintes Maries » sont deux femmes, Marie-Jacobé et Marie-Salomé, palestiniennes d’origine, et incroyablement arrivées sur les côtes méditerranéennes, accompagnées de Lazare, Marie Madeleine, Marthe, Maximin… C’est le bréviaire du diocèse d’Aix-en-Provence qui l’explique : « Chassés par la persécution de Palestine, de nombreux disciples du Christ ont été exilés et ont porté la foi chrétienne dans notre région ». L’Histoire veut que ces femmes, d’âge mûr, soient restées sur le rivage qui les avait vu échouer, avant de partir évangéliser le pays et les Romains qui l’occupaient.
Sainte Sara, servante des saintes Maries ?
Sainte Sara, quant à elle, est considérée par les gitans comme « leur » sainte, et célébrée comme telle. Mais le mystère de sa personne demeure entier. Une tradition camarguaise la présente en servante des saintes Maries, arrivée avec elles de Palestine. Une autre tradition, gitane cette fois-ci, la considère comme l’une d’eux, installée sur les rives provençales avant l’arrivée des Palestiniens. Elle aurait donc été la première à les accueillir ! Difficile d’y croire cependant, puisque les premiers gitans ne sont arrivés en France qu’au XVe siècle.
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La première mention de Sara se trouve dans un texte de Vincent Philippon, rédigé au tout début du XVIe siècle : elle y est décrite sillonnant la Camargue et quêtant de quoi subvenir aux besoins de la communauté chrétienne locale. C’est peut-être ce nomadisme mendiant qui serait à l’origine de son assimilation à la communauté gitane… En clair, personne ne saurait trop assurer qui est cette femme vénérée sur le lieu, bien avant la Révolution déjà. Mais le mystère n’empêche ni la ferveur, ni la fidélité : les gitans accourent de l’Europe entière, des ateliers de catéchisme sont proposés, notamment aux enfants, et nombre d’entre eux sont baptisés à l’occasion.
Certains ont souvent craint que Sara soit quasiment devenue une idole païenne mais les locaux s’en défendent : la ferveur du pèlerinage est toute chrétienne, les prières aussi et les chasses descendues à l’occasion et portées vers la mer, ainsi que les statues, le sont en fait vers Dieu.
Ces chasses, emplies des reliques de ces saintes, sont à l’intérieur même de l’église, pendues dans le chœur, selon le voeu — accordé par le pape — du roi René. Dès le Ve siècle, en effet, de très nombreux pèlerins se rendent en pèlerinage à la chapelle qu’avaient érigé les deux saintes Marie, parmi lesquels de nombreux évêques. Le roi René s’y rend donc par curiosité et ordonne, en 1448, des fouilles pour retrouver les corps de ces saintes, que l’on dit inhumés dans le sanctuaire.
Ils sont finalement découvert, dans ce qui est aujourd’hui la crypte, et les reliques sont immédiatement élevées dans l’église elle-même. Sainte Sara est, quant à elle, présente par une statue, rhabillée chaque année de dizaines de manteaux et couverte de bijoux, avant d’être remise, pour l’année, dans la chapelle des Saintes-Maries. Ces 24 et 25 mai encore, ils sont des milliers à être attendus dans les rues de la paisible ville côtière.
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