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Aleteia : Quelle soif le Pèlerinage militaire international (PMI) vient-il étancher chez le soldat dans le contexte actuel, particulièrement difficile, marqué par la fatigue des militaires sur-sollicités et la menace terroriste permanente ?
Père Christian Venard : Le militaire qui a la chance de pouvoir participer au PMI vient y retrouver trois éléments essentiels : d'abord une expérience de vie fraternelle et commune avec d'autres frères d'armes ; ensuite cette expérience s'ouvre à une dimension internationale ; enfin, dans le cadre particulier de Lourdes, cette expérience lui permet aussi de retrouver le goût de la transcendance, de la foi vécue avec d'autres, du sens profond de sa mission au service de sa patrie et de la paix. C'est pour beaucoup une pause joyeuse, festive et en même temps remplie de paix et de fraternité, vécue sous le regard de Marie. Le PMI enfin c'est ce lieu incroyable où l'on découvre que la religion n'est pas porteuse de violence... au contraire puisque l'origine même du PMI c'est la réconciliation devant la grotte entre Allemands et Français en... 1948 !
Pour les blessés, physiquement ou psychologiquement, est-ce une voie de guérison qui "marche" ?
C'est aux médecins qu'il faudrait poser la question ! Ce dont je peux témoigner c'est que pour beaucoup que j'ai rencontrés et accompagnés à Lourdes, c'est un moment de joie qui les sort parfois d'un ordinaire difficile. Beaucoup de cérémonies et d'activités sont organisées pour eux, pour leur montrer notre fraternité et notre amour. J'ai vécu avec certains des moments indicibles de retour à une paix intérieure et aussi de retour à la foi. Dans le contexte actuel, le commandement militaire a saisi que le PMI est une des propositions importantes faites aux blessés physiques ou psychiques dans leur chemin de reconstruction. Il faut être sur place pour vivre cela. Pour beaucoup de nos blessés l'immense fierté de porter pour quelques jours leur uniforme, de retrouver leurs camarades.
Et comment le vit le soldat particulier qu'est l'aumônier, au-delà de son rôle pastoral ?
Pour les aumôniers c'est l'occasion aussi de contacts fraternels. Combien de visages croisés au cours d'une carrière que l'on retrouve, le temps d'un chapelet, d'une messe, autour d'une bière, en chantant dans la rue ! Combien de mains serrées qui vous rappellent tel ou tel moment vécu (parfois dramatique) en opération extérieure, sur le terrain, dans telle ou telle unité. C'est enfin un des grands moments de la vie du diocèse aux armées, un diocèse étendu aux quatre coins de la planète, et pour lequel les rassemblements aussi importants que le PMI sont rares. Les aumôniers sont donc heureux de se retrouver pour prier et partager ensemble, au milieu de leurs frères d'armes, de leurs ouailles !
Quel est votre souvenir du PMI le plus fort ?
Oh, il y en aurait beaucoup (depuis vingt ans !). Certains trop intimes et trop émouvants pour être narrés aujourd'hui. Lors de l'un de mes premiers PMI j'avais emmené avec moi un groupe important de parachutistes de Toulouse, et pas spécialement des "casseurs de prie-Dieu" si vous voyez ce que je veux dire. Le samedi soir, assez tard, je décide de terminer ma journée en passant prier à la grotte. Et là, quelle ne fut pas ma surprise de trouver une bonne dizaine de mes "soudards" à genoux, les uns à côté des autres, béret rouge vissé sur la tête, en silence au pied de la Vierge... Le dimanche après-midi, quand le bus est parti vers Toulouse, ce fut au son triomphal et guerrier d'Ave Maria de Lourdes, beuglés par tous les paras du groupe ! J'en ris encore.