Aleteia : Quelle était la nature de votre mission au Bénin ?
Marguerite : Je suis partie avec l’Ordre de Malte en tant que sage-femme au sein de la maternité de Djougou, une ville de 200 000 habitants au nord du Bénin. C’est un établissement de référence dans la région, car on ne trouve presque que des dispensaires dans le nord du pays. J’appartenais à une équipe béninoise avec une autre sage-femme française en mission comme moi et un couple d’infirmiers français.
Dans quelle mesure l’expérience professionnelle s’est-elle transformée en aventure humaine ?
Je suis partie car je voulais commencer à travailler dans un autre cadre que celui que j’avais connu pendant mes cinq années d’études. Quand on part en mission dite « humanitaire », on pense que l’on va modifier la façon de travailler sur place, changer les pratiques locales que l’on considère comme moins développées ; mais je me suis vite rendu compte que ce sont Béninois qui avaient beaucoup à m’apporter. On progresse énormément professionnellement au contact d’une autre culture, d’un autre cadre de travail. La plupart des patients ne parlaient pas français ; la communication passait alors par les gestes et les sourires. Personnellement, j’ai développé une sensibilité que l’on a tendance à perdre dans les hôpitaux français où les soins constituent notre première mission, parfois au détriment du relationnel. En salle d’accouchement, j’ai rencontré beaucoup de femmes très jeunes, avec déjà de nombreux enfants. C’est important de prendre le temps de parler avec elles, de prendre soin d’elles. En France, les besoins sont différents car les femmes sont plus entourées, plus choyées.
Quelle image conservez-vous du Bénin ?
Je garde beaucoup d'images en tête ! Même après sept mois, on est toujours étonné par ce que l’on voit dans la rue, dans les villages. Je retiens des Béninois qu’ils prennent le temps de vivre et qu’ils vivent dans leur famille, pour leur famille. L’unité c’est la famille, c’est sacré. À l’hôpital, les patients sont toujours accompagnés par plusieurs membres de leur famille. Quand on se promène dans les rues, on voit des enfants qui courent partout, des vieux discutent sous un arbre, des femmes cuisinent sur le trottoir dans d’énormes marmites. Les gens vivent dehors donc tous ensemble, ça fait plaisir à voir.
Qu’est-ce que ce voyage vous aura appris sur l’engagement ?
Je suis partie sur un coup de tête en voulant voir ce qui se passait ailleurs. Il y a tellement de choses à voir et à partager. On vit sur la même planète et on n’a pas du tout les mêmes modes de vie, c’est passionnant ! Je pense que s’engager quand on est jeune est d’autant plus important que ça nous permet d’envisager la vie sous un autre angle et de relativiser nos petits problèmes. Même si l’envie de partir est toute petite, il faut foncer. On découvre énormément et la rencontre avec l'autre est tellement enrichissante.