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Deux ans de prison pour “blasphème” infligé à l’ex-gouverneur chrétien de Jakarta

BASUKI TJAHAJA PURNAMA

L'ancien gouverneur de Jakarta Basuki Tjahaja Purnama, le 25 avril 2017.

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Sylvain Dorient - publié le 16/05/17
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Basuki Tjahaja Purnama, l’ancien gouverneur de Jakarta, a été condamné à deux ans de prison ferme. Il aurait « blasphémé » contre le Coran.

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Dans les rues de Jakarta, l’annonce de la condamnation de Basuki Tjahaja Purnama, le 9 mai dernier, a déclenché l’indignation de deux groupes de manifestants opposés. Les partisans de l’élu, scandalisés par la sentence, d’une part. Et d’autre part, les sympathisants du Front des défenseurs de l’islam (FPI), dépités par une sentence jugée trop légère. Leurs réactions illustrent l’une des craintes exprimées par l’ancien gouverneur devant le tribunal : que la religion ne divise les habitants de la capitale indonésienne. Il a été aussitôt emprisonné, et a affirmé qu’il entendait faire appel de cette décision.

“Némo” à la barre

Basuki Tjahaja Purnama, surnommé Ahok, a employé une défense peu orthodoxe, se présentant comme le petit poisson clown du dessin animé “Némo”, qui doit lutter contre le courant. Il appartient à deux minorités, puisqu’il est d’origine chinoise et de religion chrétienne, dans un pays majoritairement musulman, où les chrétiens représentent 10% de la population. “Jamais je n’insulterai l’islam”, a-t-il assuré, “ce serait comme insulter ma propre famille !”. Il a en revanche souligné que ces insinuations servaient ses adversaires politiques. Sa gestion de la ville, marquée par la lutte contre le déficit de logements, l’insuffisance des infrastructures, la corruption endémique et la lutte contre les islamistes, lui avait valu une large popularité. En tête au premier tour, le 15 février avec 42,9% des voix, face à Anies Baswedan, il fut vaincu au second tour le 19 avril, avec 58% des voix pour son adversaire.

Les faits reprochés

En septembre 2016, dans le cadre de la campagne pour les élections du 15 février 2017, il avait affirmé que l’interprétation, par certains oulémas (théologiens musulmans) de la sourate 5, verset 51 était fausse. Ces oulémas professaient que cet extrait interdisait à un musulman de voter pour un chrétien : “Oh croyants ! Ne formez point de liaisons avec les juifs et les chrétiens. Laissez-les s’unir ensemble. Celui qui les prendra pour amis deviendra semblable à eux, et Dieu n’est point le guide des pervers”. Le rapport entre la mise en garde d’Ahok et un blasphème peut sembler lointain, à supposer que le “blasphème” puisse justifier une quelconque sanction pénale. Mais le docteur Melissa Crouch, de l’université de Sydney, analyse qu’en Indonésie, être accusé de blasphème revient à être condamné. Elle ne se montre, par conséquent, pas étonnée du verdict.

Intimidations et fausses nouvelles

Le procès aux relents politiques intenté à Ahok s’est accompagné d’une vaste campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux, où les fausses nouvelles côtoyaient les appels au boycott du candidat. Certains musulmans voulaient interdire les cérémonies funéraires pour ceux qui votent pour un “infidèle et blasphémateur”, voire affirmaient que tout musulman qui voterait pour un non-musulman n’irait pas au paradis. Enfin, le 11 mars, le colistier musulman d’Ahok, Djarot Saiful Hidaya, s’est vu refusé l’entrée dans la mosquée de Jakarta-Est pour y prier.

Contre-attaques

Mais dans le même temps, le gouvernement indonésien, conscient des risques que représentent les groupes islamistes qui se multiplient sur son territoire, et qui sont alimentés de l’extérieur, envisage d’interdire le groupe extrémiste “Hizbut Tahrir”. Ce dernier groupe remet en cause l’autorité de l’État car il milite pour l’établissement d’un califat islamique global. Une association d’étudiants catholiques d’Indonésie s’est à son tour attaquée au chef du FPI, Muhammad Rizieq Shihab, l’accusant de “blasphème”. Ce dernier s’était moqué, dans une vidéo, du dogme de l’Incarnation en interrogeant : “Si Dieu a donné naissance, qui donc a bien pu être la sage-femme présente sur les lieux ?”. Il fait l’objet d’une plainte pour “insulte à la religion chrétienne”, soutenue par 150 avocats et plusieurs personnalités musulmanes.

Un appel aux musulmans de bonne volonté

En France, Monseigneur Pascal Gollnisch, directeur de L’œuvre d’Orient, avait qualifié la condamnation de l’ex-gouverneur comme “inacceptable et contraire au droit international”. Il demande aux musulmans de bonne volonté de “réagir également contre cette image archaïque de l’islam”.

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