C’est en 1661 que naît à Fontainebleau le premier fils de Louis XIV, Louis de France, surnommé Monseigneur. Destiné à être roi, il reçoit une éducation qui a pour finalité de le préparer à cette charge. Jacques-Bénigne Bossuet est l’un de ses précepteurs, de 1670 à 1680. En remerciement, il recevra le siège de Meaux. Les principes d'éducation dispensés par Bossuet au Dauphin témoignent d'une vision politique clairvoyante et solide, propre à inspirer ceux qui briguent le pouvoir aujourd'hui.
C’est d’abord et avant tout la raison qui doit conduire le chef de l’État, non les passions ou les sentiments, estime l'évêque. Toute éducation doit viser à son développement. La maîtrise de disciplines exigeantes comme la grammaire, peut y concourir.
Dans la lettre qu'il écrit au Dauphin, il rappelle également que le gouvernement d’un grand pays est chose difficile. Cela suppose donc de choisir et maintenir un cap clair face à l’adversité :
Le métier de roi n’est pas de tout repos. Il doit s’accommoder des flatteurs, des séditieux et des factieux, il doit affronter les troubles et juguler les mécontentements.
Le roi très chrétien se doit, bien évidemment, de se placer sous le regard de Dieu et de ne jamais l’oublier, car il n’est rien sans Lui. Le roi est si peu de chose face à son Créateur qu’il peut être rappelé à Lui à tout moment. Thème que rappellera régulièrement le futur évêque de Meaux dans ses célèbres oraisons funèbres. C’est le cas du Dauphin, mort à 49 ans, en 1711, quatre ans avant le décès de Louis XIV. Mais il n'est toujours pas trop tard pour apprendre et appliquer ses leçons d'art politique.