La ménopause est souvent envisagée comme un deuil à vivre, une prise de poids à subir ou une baisse de libido. Comment réussir ce passage, et remplacer les états d’âme par une nouvelle fécondité ?
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Edith aimerait enlever sa veste de tailleur, elle étouffe depuis une heure dans cette salle de réunion. Comment faire, avec toute son équipe autour de la table? Elle a déjà subi une remarque moqueuse il y a quelques semaines : « tu as des bouffées de chaleur ? ». Elle a esquivé avec un petit rire, mais oui, elle a les premiers symptômes de préménopause, ces fameuses bouffées de chaleur. Une parade au bureau ? « Les étoles, pas juste un accessoire de mode, mais le vêtement parfait pour réguler, quand j’ai tout à coup trop chaud, et que personne ne s’en aperçoive. » Si l’on parle beaucoup de la ménopause, ( absence des règles depuis un an ) on connaît moins la préménopause, période de bouleversement hormonal qui dure de trois à cinq ans. D’autres symptômes peuvent apparaître, comme des insomnies et des sueurs nocturnes, de la fatigue ou de la dépression.
Une valse d’émotions, des cycles perturbés
Chez Pauline, la préménopause s’est annoncée par une irritabilité et des vagues à l’âme difficiles à expliquer. C’est qu’avec des cycles irréguliers et la chute des hormones ovariennes, la femme perd son rythme lunaire et donc son caractère cyclique. Quand elle a compris ce qui se passait en elle, tout a été plus simple. « J’en ai parlé à mon mari, avec hésitation, de peur que son regard sur moi ne change. En même temps c’était indispensable de vivre ce moment à deux, en phase. Qu’il ne s’imagine pas que notre couple va mal ou que je lui cache un souci. Je suis juste en plein chamboulement hormonal, comme ma fille cadette, sourit-t-elle, rassérénée. » Pour Lise, c’est plus difficile à vivre, elle s’en veut « d’une baisse de libido qui tombe mal, alors qu’enfin, avec des enfants grands, nous avons du temps pour nous deux. »
Prévention par l’alimentation et l’hygiène de vie
Le docteur Anne Legrand, médecin gynécologue, accompagne ses patientes dans cette phase charnière. Pour elle : « quelques conseils simples : une activité physique régulière, des vêtements en matières naturelles, soigner son sommeil, arrêter le tabac, et changer son alimentation. C’est l’occasion d’adopter un régime de type méditerranéen crétois, et de limiter sure, viande rouge et produits industriels.» A vous les céréales complètes, les fruits et légumes colorés à tous les repas, et une boite de sardines par semaine. Vous pouvez même essayer le foie de morue et son huile, à la mauvaise réputation bien infondée. Le docteur Legrand préconise aussi, si besoin, de : « prévoir une supplémentation régulière en vitamine D tout au long des mois d’hiver, au mieux journalière ou sinon en dose de charge deux à trois fois par an, plus commode pour simplifier l’observance. » Enfin, « l’apport d’huile d’onagre, considérée comme l’huile de la femme, est vivement recommandé à toutes les étapes difficiles de sa vie et donc, en particulier, en période péri-ménopausique pour limiter les désagréments des bouffées de chaleur. Elle est bénéfique, entre autres, également sur la peau et se prend sous forme de capsule, en cure ou en continue tout au long de cette période de transition.
Les phyto-œstrogènes (substances œstrogènes–like contenues dans les plantes) sont d’une aide précieuse pour tempérer les déséquilibres en étant modulateur œstrogénique, c’est à dire en permettant de modérer le déclin hormonal en intensité et en rapidité. Il s’agit principalement des lignanes retrouvées dans le lin et le seigle, le sarrasin ou encore les légumineuses, ainsi que les isoflavones de soja. A noter que le métabolisme de ces plantes nécessite d’avoir une bonne flore intestinale, c’est-à-dire avoir par ailleurs de façon présupposée une vie saine et une alimentation équilibrée.
L’importance d’un réajustement conjugal
Anne-Laure Girier est conseillère conjugale au CLER. Ce qu’elle conseille aux couples qui viennent la voir ? Se parler. « Au sein d’un couple uni et pratiquant la MAO (méthode d’auto-observation), ça peut être un beau moment de communication et aussi une belle preuve d’amour de la part du mari qui respecte le corps de sa femme. Cela demande au mari une continence et une maitrise de soi vécues dans l’amour. C’est une période qui permet du coup de développer d’autres expressions de l’amour conjugal : la tendresse, les moments d’intimité, humour, fantaisie. Quand le couple est en tension, une vraie bonne communication bienveillante est nécessaire »
D’autres formes de fécondité
« La ménopause renvoie la femme à sa maternité, vocation intrinsèque, et si cette dernière n’a pas été réalisée (carrière professionnelle, absence de compagnon, autres raisons…) ça implique d’en faire le deuil. Deuil qui se fera plus naturellement si cette vocation a été pleinement réalisée. Chez une femme, dont le célibat n’est pas choisi, et qui espère se marier, la ménopause est souvent une période extrêmement douloureuse psychologiquement car elle marque justement la fin de cette maternité dans l’espoir du mariage. D’où l’importance de travailler les autres formes de fécondités, chez toutes les femmes, et particulièrement à la ménopause et de réaliser d’une certaine manière sa vocation ! Après avoir construit sa famille, transmis la vie, la femme peut heureusement s’ouvrir à d’autres causes » poursuit Anne-laure Girier. Anne l’a expérimenté : ses enfants élevés, elle a enfin réalisé son rêve : passer un diplôme de décoration murale et lancer son entreprise.
Le docteur Legrand conclut en écho : « La femme à la cinquantaine va dorénavant pouvoir vivre pour elle-même et cela est une bonne nouvelle. C’est à cette période de la vie que l’on peut voir des femmes changer d’orientation professionnelle, se tourner vers leurs passions, réaliser des activités artistiques qu’elles avaient mises de côté jusque là. Cette nouvelle étape de vie, aujourd’hui rallongée et vécue en relativement bonne santé grâce aux progrès de l’hygiène et de la médecine est donc une longue et belle période à investir, à préparer et à vivre. Une belle opportunité de (re-)découverte de sa personnalité pour se réaliser soi-même. »