La collection “Petite Vie” réédite un ouvrage clé sur Joseph Wresinsky, le père qui a fondé “Agir Tous pour la Dignité” (ATD) en 1957.
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La “Petite vie de Joseph Wresinski”, de Jean-Claude Caillaux, est la reprise d’un livre publié en 1999 chez Desclée de Brouwer : Joseph Wresinski, un défi pour la dignité de tous. L’ouvrage s’intéresse à la vie et à l’œuvre d’une figure d’exception.
Qui était le père Joseph Wresinsky ?
La vie du père Joseph est simple. On peut la résumer à grands traits : naissance le 12 février 1917 à Angers ; enfance très pauvre ; ordination presbytérale le 29 juin 1946 à Soissons comme prêtre diocésain ; dix années de ministère paroissial, mais toujours à la recherche des plus pauvres ; arrivée en 1956, sur initiative de son évêque, dans la cité d’urgence de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) — en fait un bidonville, créé deux ans plus tôt à la suite de l’appel de l’abbé Pierre — et là, le choc : résurgence à travers les autres de la misère de son enfance. Et du même coup révélation de sa vocation : rester avec eux, ne plus les quitter, tout faire pour eux mais jamais sans eux. À partir de quoi la vie du père Joseph Wresinski se confond avec le long combat pour fonder et développer un mouvement spécifique à ce degré de misère qui détruit tout ce qui fait un être humain.
L’action du père Joseph Wresinsky
Comment agir contre la misère ? Une longue réflexion s’engage, qui n’a jamais cessé. Un signe en est le sens des trois lettres ATD. Dans un premier temps : Aide à Toute Détresse. Mais cela va bientôt à l’encontre de l’intuition du père. L’aide dévoie la charité, vertu théologale, en aumône et enfonce un peu plus les assistés. Terrible geste symbolique : en 1964, arrive dans le camp, peu avant Noël, un camion de jouets. Le père Joseph Wresinski y fait mettre le feu. Indignation des gens du camp. Peu de temps plus tard : « Il nous a rendu l’honneur. » Dans un second temps : Agir Tous pour la Dignité. Voilà le principe du mouvement. Tous, à commencer par ceux même du Quart Monde, autre expression que l’on doit au père, comme le mot illettrisme (1983).
Ce que cette note trop brève ne peut dire, c’est la longue maturation de ce projet unique, très différent des Compagnons d’Emmaüs, les tâtonnements, les difficultés, les échecs, les réussites aussi (la dalle en l’honneur des victimes de la misère inaugurée le 17 octobre 1987 par le père Joseph, un an avant sa mort, sur le parvis des libertés et des droits de l’homme au Trocadéro), et la persévérance, avec pour unique modèle le pauvre absolu que fut le Christ. Un livre du père a pour titre : Les pauvres sont l’Église (Centurion, 1983). Tout cela, ce livre le dit très bien, car il a pour auteur un compagnon du père, membre permanent du mouvement, qui ajoute à sa connaissance de l’homme, de l’œuvre, et des textes fondateurs, avec leurs saisissantes formules, la dimension poétique. Comme il est beau que soient convoqués les poètes pour parler des plus privés de culture qui soient : Jean-Claude Renard, Eugène Guillevic, Saint-John Perse.
Ce livre bouleverse. On en sort avec le sentiment qu’il est difficile d’en rester là. Quatre pages sur le mouvement « de ceux qui refusent la misère » donnent toutes les instructions sur les différents modes d’engagements et types d’actions proposés à tous. Le premier et plus simple étant un abonnement à la revue Quart Monde, comme un prolongement de cette lecture.
> Petite vie de Joseph Wresinski, par Jean-Claude Caillaux, Artège poche, 160 p., 9,90 euros.