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Emmanuel Macron ? Marine Le Pen ? Le vote blanc ? L’abstention ? Quel sera le choix pour le second tour des catholiques ayant accordé leur suffrage à François Fillon. Les premières réactions laissent entrevoir une situation divisée.
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Les instituts de sondage l’avaient prédit : François Fillon a fait le plein des voix au sein de l’électorat catholique. Selon une étude de l’IFOP pour Pèlerin réalisée dimanche, lors du premier tour de l’élection présidentielle, le candidat des Républicains a obtenu 28% des voix des électeurs se déclarant catholiques, 46% de ceux qui se déclarent catholiques pratiquants, et même la majorité absolue, 55%, chez ceux qui se considèrent comme catholiques pratiquants réguliers. Une surperformance qui se double d’une forte fidélité de cet électorat catholique à l’ancien Premier ministre. En effet, dans une étude précédente menée par l’IFOP pour Famille Chrétienne en janvier 2017, François Fillon figurait déjà en tête des intentions de vote chez les catholiques dans des proportions comparables. 49% des catholiques pratiquants affirmaient alors leur intention de voter pour le candidat des Républicains. La chute enregistrée n’est que de trois points, signe que cet électorat est demeuré imperméable, ou presque, à l’avalanche des controverses.
Si François Fillon réalise une performance remarquable chez les catholiques pratiquants, il faut cependant se garder de négliger les 54% d’entre eux qui n’ont pas voté pour lui. Au sein de cette population, c’est Emmanuel Macron qui réalise la meilleure performance : près d’un catholique pratiquant sur cinq (19%) a voté pour lui. Marine Le Pen signe en revanche une contre-performance avec 15% des voix, à comparer au 21,6% récoltés à l’échelle nationale qui lui permettent d’accéder au second tour. À noter, enfin, le score non négligeable de Jean-Luc Mélenchon qui a réuni 8% des suffrages des pratiquants. Autant l’IFOP avait réussi à prédire avec une grande précision le vote en faveur de François Fillon en janvier dernier, autant l’estimation du vote en faveur d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen s’est révélée en décalage profond avec les résultats finaux. À l’époque, Marine Le Pen drainait 25% des intentions de vote chez les catholiques pratiquants, et Emmanuel Macron… 9%.
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Consignes de vote
Avec Emmanuel Macron, arrivé en tête au premier tour de l’élection présidentielle, Marine Le Pen qualifiée et François Fillon éliminé, on peut imaginer le désarroi qui doit parcourir la large frange de l’électorat catholique qui a voté pour François Fillon au premier tour. Comment se comportera-t-elle au second tour ? Les réactions au sein de l’église, dans la classe politique, ou sur les réseaux sociaux annoncent de vifs clivages. Avec une question centrale : les électeurs catholiques fillonistes reporteront-ils leurs suffrages sur Emmanuel Macron comme l’invitait à le faire dimanche soir leur champion défait : « Il n’y a pas d’autre choix que de voter contre l’extrême-droite. Je voterai donc en faveur d’Emmanuel Macron ».
Parmi les premières réactions faisant autorité : celle de la conférence des évêques de France. Dans un communiqué de presse, Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, son secrétaire général et porte-parole, a indiqué une liste de points d’attention pour guider le discernement dans la perspective du second tour. Certes, le document s’abstient de formuler une consigne de vote claire, mais en appelant à une politique d’accueil des migrants généreuse et à l’intensification des solidarités européennes, il contient quelques marqueurs notoires qui semblent peu compatibles avec certains fondamentaux du programme du Front national. Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de La Vie, dans l’éditorial qu’il signait lundi, fait écho de manière implicite à ces marqueurs : « Si ce que représente Emmanuel Macron peut laisser les chrétiens dubitatifs, ce que porte Marine Le Pen s’oppose fortement à ce que nous comprenons de l’Évangile ».
Incertitudes
Mais les catholiques fillonistes suivront-ils, pour autant, la consigne très claire de leur candidat en faveur d’Emmanuel Macron, dont certains points du programme sont aussi peu compatibles avec les critères fixés par les évêques, en particulier sur la question de la filiation ? Rien n’est moins sûr à ce stade, comme en témoigne la fracture qui se fait jour au sein même des Républicains parmi les tendances réputées proches des catholiques pratiquants. Ainsi Laurent Wauquiez, qui fut une des rares figures du mouvement à participer à la Manif pour Tous, a appelé à « ne pas voter Marine Le Pen » sans appeler explicitement à soutenir le candidat d’ “En marche !”, tandis que le mouvement Sens Commun – l’émanation de la même Manif pour Tous – a refusé de donner une consigne de vote pour le second tour, s’opposant par là-même à François Fillon à qui il avait apporté un soutien sans faille depuis l’organisation de la primaire des Républicains. « Comment choisir entre le chaos porté par Marine Le Pen et le pourrissement politique d’Emmanuel Macron ? » indiquait Christophe Billan, le président de Sens Commun, dès dimanche soir, dans un interview donnée à Famille Chrétienne. Appelée à réagir à ces prises de position, dans le colonnes de Famille Chrétienne également, Marion Maréchal-Le Pen a déploré la “mauvaise foi” de Sens Commun, qualifié néanmoins de “jeune courant politique très prometteur” et souligné les convergences qu’elle identifie entre le programme du Front national et les positions de l’Église, en particulier dans les domaines de la famille, de la filiation et de la fin de vie.
Difficile donc, au lendemain du séisme politique du premier tour, d’évaluer quel sera le comportement des électeurs catholiques de François Fillon. Entre ceux qui, sensible à son discours identitaire, et de plus en plus civilisationnel, glisseront discrètement dans l’urne un bulletin de vote en faveur de Marine Le Pen. Et ceux qui accorderont leur suffrage à Emmanuel Macron, par rejet du FN, obéissance aux directives de leur candidat, et en dépit du flou de son projet sur les questions éthiques et familiales.