Unique lieu parisien de dévotion à la Pucelle, cette basilique du XVIIIe arrondissement de Paris est imprégnée de l’histoire de France.
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Dans le XVIIIe arrondissement parisien, au cœur du quartier de Saint-Denis-La Chapelle, se dresse une basilique discrète et méconnue, mais dont le destin a été étroitement lié à l’une des plus grandes saintes françaises : Jeanne d’Arc.
Le séjour de Jeanne d’Arc à Saint-Denis en 1429
L’histoire de cette basilique commence en 1429, pendant la guerre de Cent Ans, alors que les Anglo-bourguignons, ennemis du roi de France Charles VII, occupent la ville de Paris. Neuf ans auparavant, au moment de la prise de la capitale en 1420, Henri V d’Angleterre s’était assuré de la coopération des bourgeois parisiens en leur accordant certains privilèges.
Jeanne d’Arc de son côté est parvenue à faire sacrer le roi à Reims le 17 Juillet 1429, et décide d’aller reconquérir la capitale du royaume pour asseoir l’autorité de celui-ci. Le roi est le gros de son armée viennent s’installer à Saint-Denis, tandis que l’avant-garde avec Jeanne d’Arc occupe La Chapelle Saint-Denis, village situé à mi-chemin entre Paris et Saint-Denis (ce village a été rattaché à Paris en 1860 pour former une partie du XVIIIe arrondissement). De là, Jeanne d’Arc organise l’assaut sur Paris. Et le 8 septembre 1429, l’audacieuse Pucelle se recueille et communie dans l’église de La Chapelle, située juste à côté de la basilique actuelle, puis brandissant son étendard, elle lance l’assaut sur la porte Sainte-Honoré.
Malheureusement cette tentative est un échec, les Parisiens participent avec ferveur à la défense de la ville contre leur propre roi. Jeanne est blessée par un carreau d’arbalète, le roi décide de renoncer à prendre Paris et s’éloigne de la capitale avec son armée. Jeanne d’Arc n’ira jamais plus loin que ce quartier de la Chapelle dans sa reconquête parisienne. Son passage a marqué à jamais le quartier et ses habitants.
485 ans plus tard, Jeanne d’Arc sauve la ville de Paris
Longtemps, les exploits de Jeanne d’Arc sont restés méconnus, et le récit de sa vie relevait davantage d’une légende plutôt que d’un élément historique.
Grâce au travail de Jules Quicherat, mené entre 1841 et 1849, qui a traduit l’ensemble des documents (en latin) de son procès et les a regroupés dans un seul et même document intitulé Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d’Arc, Jeanne d’Arc est redécouverte. Les nombreux témoignages de ses camarades de jeu à Domrémy, de ses frères d’armes, les minutes des procès lui redonnent toute sa dimension humaine, et mettent en avant sa foi simple et solide. La vénération et la reconnaissance de Jeanne d’Arc naissent réellement à ce moment.
Cette vénération prend davantage d’ampleur le 6 septembre 1914, à l’issu de la bataille de la Marne. Alors que l’armée allemande en France progresse dangereusement vers Paris, l’abbé Margand, de la paroisse de Saint-Denys de la Chapelle invoque Jeanne d’Arc, se rappelant que 485 ans auparavant jour pour jour celle-ci avait prié dans la nef même où il prononce son homélie. Il fait le vœu de lui construire une basilique si Paris n’est pas touchée par les armées allemandes.
Ce même jour, deux événements tout à fait inattendus se produisent : d’une part le général Gallieni qui s’était vu confier les clés de la ville le 3 septembre 1914 suite à la fuite du gouvernement à Bordeaux, constitue dans la hâte une armée, en mobilisant des soldats épuisées, et… tous les taxis parisiens, pour lancer une ultime contre-attaque. Dans le camp adverse, inexplicablement, le général Von Klück, au lieu d’avancer tout droit sur Paris vers une victoire certaine, oblique vers l’Est et se dirige vers Meaux.
Ces deux décisions débouchent sur la bataille de la Marne, première victoire française, qui stoppe l’avancée allemande et permet aux Parisiens de conserver intacte leur capitale. Depuis le ciel, Jeanne d’Arc continuait de veiller sur les Français.
L’érection d’une basilique, témoin de l’union entre Jeanne d’Arc et la France
Le 13 septembre 1914, le vœu de l’abbé Margand est confirmé par le cardinal Amette. Après la guerre on cherche un endroit pour construire cette nouvelle basilique. Les habitants de Saint-Denis-La Chapelle luttent pour qu’elle soit construite à dans le quartier même où Jeanne d’Arc a résidé, près de l’église où elle a prié, seul édifice parisien qui garde le souvenir de Jeanne. Ils obtiennent gain de cause. Reste à trouver un terrain pour la construire … Le curé de la Chapelle envoie l’un de ses paroissiens à Lourdes, pour demander de l’aide à Marie. Et c’est le 11 février qu’un contrat est signé pour l’achat du terrain mitoyen de l’église de Saint-Denys de la Chapelle : une date loin d’être anodine puisqu’il s’agit de la date de fête de Notre-Dame de Lourdes !
Sa construction mouvementée s’est étendue sur plus de 30 ans, de 1929 à 1964. Elle fut consacrée par le cardinal Feltin le 10 mai 1964, année du cinquantenaire du vœu et de la bataille de la Marne.
Pour des raisons financières, la basilique Sainte-Jeanne d’Arc n’est pas construite selon ses plans d’origine. Elle est néanmoins imposante : sa nef est la plus large de toutes les églises parisiennes. L’église n’a pas été élevée au rang de basilique mineure, mais il est d’usage de lui donner cette appellation. Il avait été prévu d’apposer sur sa façade l’inscription “À Jeanne d’Arc qui sauva deux fois la France” mais elle n’y figure pas car cette partie de l’église n’a jamais été achevée. La basilique reste aujourd’hui un témoin vivant et fort de l’importance de Jeanne d’Arc pour le peuple français, patronne secondaire des Français depuis 1922.
Cet article a été rédigé grâce aux travaux de recherche de Jacques François.