S’il fallait chercher un signe, une piste, une voie capable, à elle seule, de résoudre la plupart des problèmes qui se posent à cette société malade, à ce monde en guerre, à ces familles déchirées et divisées, à ces querelles politiques, à ces conflits internationaux, ce serait celui-ci : le pardon.
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Non pas que le pardon soit en mesure de résoudre toutes les injustices. Mais il permet de les dépasser pour construire un monde plus humain, un monde où la paix est le bien le plus précieux à atteindre, car de lui dépend, dans les familles, les communautés, la cité, les nations, la vie des hommes. Nous devrions dire plus exactement : la survie des hommes.
Car il apparaît que notre humanité est arrivée à un tournant de son histoire. Jamais les menaces, venant de tous les horizons, n’ont autant pesé sur elle. Crises en tous genres, climatiques, sociales, ethniques, crises d’identité individuelle et collective.
Or nous sommes aujourd’hui amenés à nous poser une question vitale : qu’est-ce que l’homme ? Et que faire pour que l’homme retrouve toute sa dignité d’homme ? Que faire pour que nous parvenions, nous-mêmes, à retrouver notre identité, pour construire enfin un monde qui soit vraiment à la mesure de l’homme ?
La première des explorations, la première des aventures n’est pas extérieure à l’homme ; elle est intérieure. La réponse se trouve donc en l’homme lui-même, c’est-à-dire en chacun de nous. À un journaliste qui la questionnait sur ce qu’il faudrait faire pour changer le monde, mère Teresa lui répondit : « Il y a deux choses à changer : vous et moi. »
Si nous voulons changer le monde, commençons par changer nous-mêmes. C’est ce que nous enseigne le Christ qui a pardonné à ses bourreaux sur la croix. Il faudrait rajouter que le Salut est venu de cet acte d’amour totalement gratuit, qui ne cesse de nous bousculer, de nous inviter à nous dépasser nous-mêmes.
Si je n’arrive pas à éradiquer ma colère, mes blessures, mon amertume : jamais je ne pourrai devenir un artisan de paix.
Et cela commence donc au pas de notre porte.
Comment casser cette spirale négative, génératrice de conflits, de crises, et au final, de désespoir ?
Il ne s’agit pas de nier ce qui s’est passé. Il ne s’agit pas de minimiser la blessure, ni même de l’oublier. Au contraire. C’est parce que je reconnais qu’il s’est passé quelque chose de grave, que je peux pardonner.
S’il fallait inventer une nouvelle notion, il faudrait définir le pardon comme un « bien subversif ». Une façon de retourner le désir de vengeance, comme une crêpe. Non, la mort n’aura pas le dernier mot !
Lorsque nous pardonnons, nous prenons d’abord conscience de notre blessure. Et en creusant cela, nous nous rendons compte que notre blessure, profondément enracinée, s’est ramifiée, à l’intérieur de nous-mêmes. Atteignant notre psychologie, nos émotions, notre intelligence, et notre santé également. À tel point que l’on finit par se rendre compte qu’une prison s’est peu à peu construite autour de nous.
Le pardon naît d’une décision libre. « Forgiveness is a choice », écrivait dans les années 90 le pionnier de la psychologie du pardon aux USA, le professeur Robert Enright. Pour casser la « prison émotionnelle », la seule option possible est de regarder notre agresseur.
Comme le Christ regarda ses bourreaux. Ceci exige un décentrement de soi, inhumain au premier abord. Comment accepter de pardonner à quelqu’un qui nous fait tant souffrir ? D’abord pour casser la spirale négative de la haine, et entrer dans une logique de don. « Jésus l’ayant regardé, l’aima » (Marc, 10, 21).
Par ce décentrement, nous apprenons à considérer cette personne dans sa globalité, comme personne humaine avant tout, et plus seulement à travers l’acte qu’elle a commis. Le chrétien croit dans la fécondité spirituelle de l’offrande des blessures. Ceci nous dépasse. Oui, nous pouvons offrir notre souffrance pour la sanctification du monde.
Le chemin est long, maintes fois repris, maintes fois abandonné. Nous tombons souvent, nous nous relevons aussi. Mais au bout de cette route, il y a une libération. L’effet le plus immédiat, quand nous parvenons à pardonner en totalité, et ce, avec l’aide de la prière, de l’action mystérieuse de la grâce, est la paix, et une dilatation du cœur qui s’appelle la joie. Oui, nous pouvons aussi offrir le fruit des actes d’amour que nous posons. Car « tout ce qui n’est pas donné est perdu » !
Si nous parvenions, chacun à notre niveau, à pardonner à ceux qui nous ont blessés, nous pourrions alors devenir de véritables artisans de paix. Nous pourrions alors témoigner, agir, éclairer les consciences, pour que le monde redevienne ce qu’il devrait être : pleinement humain car pleinement pacifié.
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