Une autre histoire ! réclame votre enfant, insatiable, lorsque vous refermez la couverture du livre que vous venez de lui lire. Comment expliquer cette « addiction » enfantine à la littérature ? Est-ce seulement pour retarder l’heure du coucher ? Peut-être. Passer un moment privilégié avec un adulte ? C’est sûr, mais pas seulement. L'enfant a soif d’apprendre. Et lui raconter une histoire, c’est lui apprendre à parler avec un vocabulaire varié, à structurer sa pensée, à imaginer, à se connaître lui-même, à appréhender la réalité du monde qui l’entoure. Et aussi, à lui donner le goût de la lecture. Le Petit Chaperon rouge, Les trois Petits Cochons, Hansel et Gretel… autant d’histoires qui font partie de notre Histoire ! Les raconter à nos enfants, c’est leur transmettre un héritage précieux qui a traversé les siècles et les pays.
La lecture, un moment calme et apaisant
Lire une histoire à son enfant est un moment que Gary Chapman, dans ses Langages de l’amour, qualifierait de « moment de qualité ». Recevoir une attention sans partage, se voir offrir du temps rien que pour lui, voilà un acte qui dit je t’aime, et remplit le « réservoir affectif » de l’enfant. Sans compter la douceur de la proximité physique, qui devient rare lorsque les enfants grandissent ! Diane de Fougeroux, ancienne enseignante et ancienne directrice d’écoles jésuites (St Joseph à Reims et St Louis de Gonzague à Paris), ajoute que « c’est un moment de pure communication : nous sommes complètement disponibles à l’enfant, et l’enfant est complètement disponible à nous. »
Lire favorise le développement de l’imagination
Les mots de l’histoire que vous racontez ne peuvent pas tout décrire. L’enfant va remplir ce vide en imaginant ce qui n’est pas écrit dans le livre, d’abord en le reliant à ce qu’il connaît, puis en inventant. De même, remarque Diane de Fougeroux, « les images d’un livre sont, par nature, fixes. Mais les enfants vont faire bouger l’image, ils inventent la suite, leur cerveau travaille, alors qu’avec la télévision, tout leur est imposé, il n’y a rien à imaginer. » Et d’ajouter : « A l’école, on voit vite les élèves à qui on a raconté des histoires : lorsqu’on leur demande d’écrire une petite rédaction, tout de suite, ils ont des idées. »
Jean Nemo, fondateur, en 2007, de la Librairie des Ecoles, éditeur de manuels scolaires et livres éducatifs pour les classes primaires, souligne : « Ce travail de l’imagination est extrêmement important pour les enfants, car il correspond à la construction de l’intelligence elle-même, c’est-à-dire la faculté de faire des liens entre les notions générales et les impressions particulières. »
Comment définir un « bon » livre pour enfant ?
Le marché de la littérature jeunesse est pléthorique, et les parents sont parfois démunis lorsqu’il s’agit de trouver un « bon » livre. Ainsi, un livre doit d’abord emprunter un vocabulaire riche, pour former le vocabulaire de l'enfant. Quant au fond, le héros se doit de revêtir de belles qualités humaines et véhiculer des principes solides, dans la mesure où l’enfant va s’identifier à lui. La motivation du fondateur du site : provoquer chez l’enfant une rencontre avec une histoire, un personnage, un auteur, qui lui donne envie d’aimer les livres, et s’ouvrir ainsi les portes du savoir et du plaisir que provoque la lecture.
Pour les moins de 6 ans, des livres qui donnent accès au réel
Jean Nemo distingue les histoires pour les enfants de moins de 6 ans de celles pour les enfants de plus de 6 ans. Adoptant la pensée de Maria Montessori, il destine aux plus jeunes des histoires en lien avec la réalité quotidienne, et aux plus âgés les contes fantastiques. Selon lui, les jeunes enfants n’ont nul besoin d’animaux qui parlent ou de fées qui chantent ou de loups « gentils », mais au contraire, de retrouver prise avec la réalité. En revanche, le conte possède une structure narrative excellente pour le développement de l’imagination. Jean Nemo explique : « Les personnages sont à peine décrits, les lieux à peine définis, les actions sont racontées de manière simple et sans luxe de détails. Cette structure permet aux enfants de faire travailler, non pas leur imaginaire, mais leur imagination. ».