Les œuvres de François-Xavier de Boissoudy racontent l’histoire de Marie et de la sainteté. Découvrez sa dernière exposition à la Galerie Guillaume, à Paris, jusqu’au 3 juin 2017.
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Marie, la vie d’une femme est la troisième exposition de l’artiste peintre, à la Galerie Guillaume, dans le VIIIe arrondissement de Paris. Si les thèmes des deux précédentes — Résurrection en 2015 et Miséricorde en 2016 — avaient été commandés par le galeriste, c’est François-Xavier de Boissoudy, lui-même, qui a choisi le thème marial pour explorer, l’origine de la vie du Christ. Depuis sa rencontre avec le Christ, en 2004, le peintre s’attache à faire voir le sacré et la lumière dans son art grâce à la technique au lavis d’encre. Rencontre.
Aleteia : Pourquoi avoir choisi ce thème marial pour cette série de tableaux ? Et comment s’est passé le processus de création ?
François-Xavier de Boissoudy : L’idée était de s’interroger sur la sainteté, de se demander ce que signifie vivre avec Dieu y compris dans l’épreuve. La figure de Marie s’impose avec évidence, car sa place dans le dessein de Dieu est toujours surprenant. Comment vit-elle cela ? Comment dit-elle “oui” à chaque fois ? En ce qui concerne le processus de création, j’ai procédé de manière chronologique pour essayer de la suivre, de l’accompagner. J’ai fait autant de tableaux que nécessaire, soit une cinquantaine en tout.
Comment cela se traduit dans vos tableaux ?
Marie rencontre Dieu tous les jours dans la prière. Je la représente par exemple de profil en train de prier. Je voulais interroger sa position face à Dieu. Et je me suis aperçu progressivement qu’elle est pratiquement toujours face à face avec Lui. C’est ça la sainteté, vivre en face de Dieu tout le temps. On n’est jamais aussi présent pour quelqu’un que lorsque l’on se retrouve en face de la personne. Elle se tient de cette manière, au moment de la Visitation, quand elle rencontre sa cousine. Elle était également en face de l’ange quand il l’enjoint d’aller voir sa cousine. Ensuite, elle reçoit l’émerveillement et la parole terrible du vieillard Siméon qui lui parle d’un glaive. Quand je la représente en train d’accoucher, et juste après, elle regarde l’Enfant-Jésus.
Il est rare de peindre l’accouchement de Marie. Pourquoi ce choix ?
J’avais d’abord représenté le moment de l’allaitement qui précède la prière. On connaît, en tout, trois tableaux de l’accouchement. Je voulais arriver à différentes hypothèses, mais toujours avec des animaux car c’est toujours étonnant que le Christ naisse comme n’importe quel mammifère, en leur compagnie. Pour une femme c’est spécial comme expérience. Ce sujet n’est pas traité car il est vraiment extérieur à l’expérience masculine, cela fait peur aux hommes. On la présente Mère du Ciel, Mère de Dieu, mais il ne faut pas oublier la femme dans son quotidien, ce qui n’enlève rien à sa sainteté.
Après avoir exposé des tableaux qui représentent le Christ sur le thème de la Résurrection et de la Miséricorde, vous arrivez à Marie par Jésus, et non l’inverse comme habituellement…
Il me manquait vraiment quelque chose. La Résurrection de la chair c’est l’événement pivot de la vie de Dieu parmi les hommes. Mais j’avais envie de repartir en arrière. Mon idée est toujours de témoigner, de montrer les témoins, et Marie est la première à témoigner.
Votre technique au lavis d’encre, en noir et blanc, fait ressortir beaucoup de lumière de vos tableaux…
La meilleure manière de montrer la lumière est de la situer par rapport à l’obscurité, que cela jaillisse ! J’aime la blancheur, mais l’ombre est là pour faire contraste. Effectivement, mon idée était d’abord d’évoquer le surgissement de la lumière. Vous remarquerez l’absence de sources de lumière bien marquées. Seule Marie est une source de lumière naturelle.
Que disent vos tableaux sur la féminité ?
La féminité peut exister dans le silence. Marie ne dit rien à Joseph sur sa grossesse, elle attend que l’ange explique à Joseph ce qu’il se passe. Marie a une relation silencieuse à Dieu. Elle est dans l’obéissance, mais comme c’est un don ce n’est pas une contrainte. La relation amoureuse à Dieu fait qu’elle reste une femme libre. La féminité, ou le féminisme, sans amour c’est la guerre. La féminité est d’être ce que l’on est selon sa nature, d’accepter ce que l’on est.
Vos tableaux nous donnent l’impression de participer à la scène. Pourquoi ?
Oui, on voit, on est là. J’essaye de ménager une place, pour que chacun se sente accueilli. Mais tout en gardant une distance, parce qu’il existe des choses que l’on ne comprend pas et qui ne nous regardent pas. Je n’avais pas envie d’être intrusif, juste d’avoir une position de témoin, à la manière d’un berger. Il faut de la délicatesse, et une certaine pudeur, comme Marie, pour respecter la sienne. Après on apprend à mieux la prier. J’ai compris des choses ainsi.
Lesquelles ?
Le silence bienveillant par exemple. Cette tendresse, cette discrétion. Marie ne s’impose qu’une fois, quand elle dit au serviteur : “Faites tout ce qu’il vous dira”. Mais c’est une exception. Elle est dans la retenue au lieu d’être dans l’affirmation d’elle-même. Elle est plus dans la relation que dans le “moi”. C’est peut-être la signification de l’Immaculée Conception. Car sa vocation ce n’est pas qu’on la rencontre elle, mais son Fils. J’ai voulu incarner ce rôle de médiatrice par des gestes de relation. Parce que le but est d’engager une relation amoureuse, pas seulement entre hommes et femmes, mais avec Dieu.
Et comment vivez-vous cette relation ?
À la manière des témoins d’Emmaüs quand ils disent : “Notre cœur n’était-il pas tout brûlant ?”. C’est physique : on le sent quand on est aimé. Après il faut trouver les gestes justes quand on en parle en peinture : le cadre, la bonne distance, la mise en scène.
Propos recueillis par Louise Alméras.
Exposition du 23 mars au 3 juin 2017.
La Galerie Guillaume est ouverte du mardi au samedi de 14h à 19h au 32 rue de Penthièvre 75008 Paris.
Mercredi 17 mai à 18h
Stéphane Coviaux, historien d’art,
“La fuite en Égypte”
Il interviendra dans le cadre de la Nocturne Rive Droite (dont le thème est “le voyage”)
Jeudi 18 mai à 19h45
Olivier Rey, mathématicien, philosophe et écrivain
“Marie, mère de la peinture”
Mardi 23 mai à 19h45
Alexander Pschera, auteur allemand, journaliste, traducteur, spécialiste de Leon Bloy
“L’art de l’obéissance – Marie, Léon Bloy, et François-Xavier de Boissoudy”
Mercredi 31 mai à 19h45
Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine
“Marie, toujours avec nous”
Il dédicacera également l’ouvrage sur l’exposition qu’il a librement commenté édité par les éditions de Corlevour.
Jeudi 1er juin à 19h45
Jean Clair, conservateur du patrimoine, écrivain, historien de l’art et membre de l’Académie française.
“La beauté dans l’art”
Attention : les places étant limitées, il est nécessaire de se pré-inscrire. Renseignements et inscriptions :
galerie.guillaume@wanadoo.fr
ou 01 44 71 07 72