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Saint Vincent de Paul : “Les pauvres sont nos maîtres”

© Antoine Besson

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Antoine Besson - publié le 10/04/17
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Cette affirmation contient une vérité profonde dont il convient de retrouver le sens.

À la fin du mois de mars, Enfants du Mékong était aux Missions étrangères de Paris pour célébrer une messe en mémoire d’une amie proche qui a beaucoup aidé l’association. Lors de cette messe, l’Évangile de Jean m’a interpellé. Jésus y guérit un malade à la piscine de Bethesda. L’homme est là, au milieu de la foule, depuis 38 ans avec son brancard, espérant contre tout bon sens, sa guérison.

Sur 37 miracles rapportés dans les Évangiles, il y a près d'une vingtaine de guérisons. Plus de la moitié ! Et c'est sans compter les résurrections et l’attention portée aux prostituées. Jésus donne la première place aux pauvres et aux nécessiteux. On pourrait croire qu’ils sont surreprésentés ! Pourtant je pense que c’est faux. En Asie, la foule des pauvres, des laissés pour compte, est immense. Elle submerge, elle angoisse même tant le problème semble insoluble. Quelle est la place du pauvre dans notre société ? Ou plutôt devrais-je dire : quelle place est ce que je laisse au pauvre dans ma vie ?

Que nous enseignent les pauvres ?

« Les pauvres sont nos maîtres », disait saint Vincent de Paul. Enfants du Mékong y croit profondément. Mais que nous enseignent-ils ? La joie, d'abord, car le rire lorsqu’il résonne au milieu du désespoir est le signe de l’innocence et de la joie la plus pure. Il suffit de regarder les petits chiffonniers de la montagne fumante de Manille pour s’en convaincre.

Les pauvres nous enseignent aussi le discernement : qu’est-ce qui compte dans nos vies ? La famille avant tout ! La survie de la famille, c’est presque toujours le choix de ceux que j’ai croisé sur le terrain depuis quatre ans et qui sont prêts à tous les sacrifices pour leurs proches. Ils m’ont aussi édifié par leur solidarité, leur espérance, leur courage, leur persévérance… Autant de qualités qui ne sont pas l’apanage du pauvre mais se retrouve plus souvent que de raison à leur contact.

En photographie, on dit souvent que l’ombre est nécessaire pour magnifier la lumière. La vie des pauvres nous enseigne que dans l’obscurité des bidonvilles, des décharges ou des rizières, au milieu des laideurs et des comportements insoutenables, les vertus n’en sont que plus lumineuses et héroïques.

Les pauvres sont plus que des maîtres, ils sont des héros !

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