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Pourquoi est-il si important d’apprendre à « demeurer sans rien faire » ?

© Tatiana Bobkova/Shutterstock

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Miguel Pastorino - publié le 06/04/17
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Les Grecs pensaient avec sagesse que le temps libre représentait le moment de la créativité.

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Durant toute notre vie, le rapport au temps change. Les enfants voient la vie comme un éternel futur, attendent avec impatience le jour d’un anniversaire, la fin des leçons ou les fêtes comme Noël. Et même s’ils vivent intensément le moment présent, ils sont toujours tournés vers un futur plus ou moins éloigné. Les personnes âgées, quant à elles, sont mentalement ancrées dans le passé, ce qui leur donnent ainsi l’impression que le présent passe plus vite, parce qu’elles attendent moins du futur.

Se concentrer sur le présent

Mais la manière de vivre son rapport au temps durant sa vie d’adulte dépend en grande partie de la philosophie de vie propre à chacun et de la manière dont on peut percevoir la temporalité. Il y a ceux qui passent leur temps assis en silence, dans l’attente que les autres viennent rompre leur routine avec des nouveautés. Il y a ensuite ceux qui remplissent le présent des souvenirs du passé, ce qui les porte à ruminer sur des choses qui n’ont plus lieu d’être. Mais il y a également des adultes et des personnes âgées qui vivent pleinement dans le présent, qui se concentrent sur l’aujourd’hui, et qui savourent « le maintenant » de la meilleure manière possible.

Les Grecs utilisaient deux vocables pour parler du temps, deux mots qui révèlent deux dimensions de notre expérience humaine par rapport au temps. D’un côté, il y a le kronos, entendu comme le temps au sens chronologique, mesurable. Il s’agit du temps de l’horloge et du calendrier, et c’est le même pour tous. Mais il y a également le kairos, ou plus exactement le moment opportun, entendu comme un temps « intermédiaire », ou encore comme le moment d’un temps indéterminé durant lequel « quelque chose » de spécial arrive. Nous n’avons pas la même expérience du temps. Si nous sommes dans l’attente de quelque chose, cinq minutes nous apparaissent comme des heures ; mais si, en revanche, nous apprécions ce que nous sommes en train de faire, les heures sont alors semblables à des minutes.

Beaucoup de jeunes ont tendance à confondre l’usage du temps avec l’ajout presque frénétique des expérimentations. De cette confusion, dérive le désir d’accumuler des expériences en tout genre. Mais leur orientation vers le futur les porte à vivre le présent avec une grande intensité.

Les adultes qui travaillent vivent le temps de manière très structurée et organisée, sur la base des horaires de travail. Leur expérience du temps est souvent divisée entre le temps de travail et le temps libre, comme si le temps était déterminé de l’extérieur. Mais en revanche, ceux qui ne vivent pas leur journée selon une structure similaire, expérimentent souvent un grand sens de vide et d’ennui.

Par conséquent, indépendamment de l’âge, il est important de donner un rythme à chacune de ses journées, permettant ainsi, de lui donner un sens. Il est évident que l’expérience du temps ne dépend pas seulement de l’étape de vie dans laquelle nous nous trouvons, mais surtout de notre manière de percevoir et de vivre la vie en général.

 Comment vivre le temps ?

Les changements culturels influent aussi sur notre manière de vivre dans le temps. En effet, l’expérience concrète du temps est très différente de celle qui pouvait se vivre naguère. Dans une culture ambiante qui valorise avant tout la productivité, et qui est influencée par les nouvelles technologies, il n’est pas surprenant que nous finissions par donner de la valeur à tout ce qui peut être instantané et immédiat. On ne sait plus attendre et l’anxiété devient une pandémie générale. Peu de choses sont stables et solides, les projets ne durent pas et il devient courant que tout soit temporaire et changeant.

Cet impératif de la productivité amène à constater avec le temps que surgit un réel problème à résoudre : que faisons-nous de notre temps libre ? Avons-nous besoin de le remplir en faisant du sport, en allant au cinéma, ou encore en sortant avec des amis ? Alors que les anciens Grecs voyaient dans ce temps libre une source de sagesse et de créativité, aujourd’hui, celui-ci doit être avant tout productif d’une manière ou d’une autre.

Le courant culturel actuel qui encourage à profiter « au maximum » de la vie comme d’une manière positive de vivre, conduit à tous les excès et à un inattendu besoin de consommation. Cela nous pousse à donner de la valeur à ce qui est rapide et produit des résultats immédiats, mais nous ne devons pas céder à ces critères externes. Que nous soyons enfants, jeunes, adultes, nous avons constamment besoin de temps pour penser, réfléchir, attendre, se divertir, grandir, etc. Et même dans la vie professionnelle, quand nous pensons que parce que nous sommes lents, nous pouvons manquer des opportunités, nous devons apprendre à compenser cette rapidité par le temps gratuit que nous passons avec notre famille et nos amis.

Tant de fois, nous rapportons chez nous le stress du travail. Et ceux qui nous attendent ne comprennent pas cette « folie » qui nous habite quand nous arrivons, tout autant que le motif de notre mauvaise humeur n’a rien à voir avec eux. Ils désirent avant tout notre présence et veulent que nous puissions leur dédier tout notre temps, sans pression ou énervement. Ce temps « perdu » représente le temps le plus précieux. Ainsi, savoir « ne rien faire », et tout simplement « être » avec les autres, par amour, est une leçon qu’il faut apprendre.

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