Certaines amies nous aident à grandir, d’autres nous font reculer. Rivalités, jalousies… où s’arrête l’amitié ? A partir des confidences d’une patiente, une psychologue dresse le portrait robot de la vraie amie.
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“J’étais très investie dans ma relation avec mon amie Isa, confie Sonia, trente-cinq ans. Je l’ai accompagnée chez le gynécologue quand elle était enceinte. J’ai conduit son mari à l’hôpital parce qu’il était trop nerveux pour prendre le volant. Je suis la marraine de sa fille, que mes fils considèrent comme leur propre sœur. Je lui ai prêté de l’argent et j’ai répondu à ses appels en pleine nuit lorsqu’elle avait passé une mauvaise journée au travail. Mais aujourd’hui je réalise que c’était un mauvais investissement. Non pas que je m’attendais à la même attitude de sa part mais lorsque j’ai été promue et que j’ai commencé à bien gagner ma vie, elle ne l’a pas accepté.
Elle me faisait des remarques, du genre : “ce n’est pas une bonne chose pour une femme de gagner plus que son mari”. Ou bien me disait que mon fils aîné allait régresser à l’école par ma faute, parce que je n’avais plus le temps de l’aider à faire ses devoirs. J’ai fait une scène, je lui ai carrément dit qu’elle était méchante et jalouse et que moi, j’aurais été heureuse pour elle si elle avait été dans ma situation. Elle a simplement rétorqué que tout cet argent m’était monté à la tête et nous ne nous sommes plus parlé pendant longtemps. Puis j’ai fini par reprendre contact avec elle.
Notre relation a été paisible pendant un moment mais elle s’est dégradée lorsque je lui ai confié que j’économisais pour que mes fils étudient à l’étranger. Son visage s’est alors décomposé. Elle a un peu parlé mais je voyais bien qu’elle avait très envie de partir. Je me suis alors demandée si j’étais toujours obligée de faire attention à ce que je lui disais pour qu’elle ne se sente pas mal à l’aise ? C’est la triste réalité : on apprend quelles sont nos vraies amies dans les périodes difficiles et pas lorsque tout va bien”.
Ce que montrent les confidences de Sonia, c’est qu’une relation amicale entre deux femmes peut parfois être très mouvementée voire ressembler à des montagnes russes. Le lundi elle est votre confidente, le mardi elle est une épine dans le pied et, le vendredi, elle est à nouveau votre âme sœur, celle avec qui vous parlez constamment. Mais est-ce une vraie amie ? Toutes les relations, qu’elles soient amoureuses ou amicales, sont parfois intenses et houleuses néanmoins voici quatre signes qui ne trompent pas.
1. Une bonne amie nous ressemble
De quoi a-t-elle l’air ? Comment s’habille-t-elle ? Quelles sont ses relations avec ses parents ? Comparer notre vie à la sienne doit nous porter vers le haut, et ne doit surtout pas être une relation de jalousie ou de prises de tête. Isa est jalouse de Sonia, mais souhaite tout de même être proche d’elle. Elle aimerait réussir dans son travail, mais le succès de Sonia lui rappelle que ce n’est pas son cas. Et elle ressent ces émotions là quand elle se rend compte de la réussite de Sonia.
Sonia, elle, n’est pas censée s’autocensurer lorsqu’elle parle à son amie, mais elle peut également essayer de mieux montrer à Isa que son amitié lui est importante, qu’elle n’aurait pas accompli tout cela sans elle.
Il est important de distinguer le pur égoïsme des petites jalousies, qui s’insinuent même au sein des plus fortes amitiés. Verdir de jalousie est une réaction humaine, qui arrive aux meilleurs d’entre nous. Il est bien plus grave de faire semblant d’être heureuse pour une amie quand on ne l’est pas tant que cela.
2. Une “fausse” amie a tendance à nous utiliser
Elle profite et abuse de notre gentillesse et de notre difficulté à dire “non”. Elle dépose régulièrement son enfant chez nous, nous emprunte de l’argent, s’invite à dîner alors que nous voulons passer un moment en famille ou nous taquine sans cesse à propos de notre religion…
Ce sont ces petites choses qui franchissent la limite de ce qu’une réelle amitié devrait être. En tant que psychologue, et d’après mes propres expériences, je peux affirmer qu’il est primordial de définir les limites d’une amitié. Chez beaucoup de personnes, cela vient naturellement mais si ce n’est pas le cas, il est important d’en parler et de mettre les choses au clair.
3. Chaque personne est un individu, même au sein d’un groupe
Parfois, au sein d’un groupe d’amies, il est plus difficile de se rendre compte qu’une personne nous est nocive, parce que nous ne pensons pas assez à sa relation avec nous en dehors de la bande. Voici quelques questions que l’on peut se poser. Notre état émotionnel est-il pire qu’avant après avoir vu cette amie ? A-t-elle tendance à nous critiquer sans jamais nous féliciter ? Hésiterions nous à lui confier nos peurs et nos inquiétudes ? Est-ce qu’elle mène la conversation afin de se sentir mieux ? Mentionne t-elle systématiquement que son enfant a eu de bonnes notes alors qu’elle sait pertinemment que le nôtre a plus de difficultés ? Si l’on répond oui, à au moins l’une de ces questions, c’est qu’il faut prendre le temps de bien réfléchir à cette amitié, et dans quelle mesure elle nous atteind.
4. L’amitié est sœur de l’amour
Les amitiés sont parfois possessives, étouffantes, compétitives et destructrices, c’est pourquoi il est nécessaire de poser des limites. Ainsi, bien qu’il soit important de reconnaître les côtés négatifs d’une relation, cela ne signifie pas pour autant que l’on doit couper les ponts avec l’amie en question. Parfois, comme quand il s’agit d’amour, il suffit d’en parler pour arranger la situation.
C’est une bonne chose d’être ferme. Si l’on éprouve le besoin de prendre du recul, il faut essayer de l’expliquer . On peut tout à fait dire par exemple, “essaie de ne pas m’appeler le dimanche, c’est une journée que je préfère passer en famille”.
L’amitié, tout comme les autres relations, doit aller dans les deux sens. Une vraie amie doit pouvoir se réjouir de ce qui vous arrive, et vice versa, mais aussi s’appuyer sur vous pendant une période difficile et vous supporter quand c’est vous qui en avez besoin.