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Macron victime de son attraction, Hamon en perdition, Fillon en reconstitution, Mélenchon en super-progression, Le Pen cachée derrière l’abstention…
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On s’y attendait, c’est fait ! Manuel Valls a annoncé, mercredi 29 mars, sur RMC /BFM-TV qu’il voterait pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle. « Je prends mes responsabilités » a-t-il argumenté. « Ce n’est pas une question de cœur, mais une question de raison.» Il est en effet de notoriété publique que les deux hommes ne s’apprécient guère.
Un soutien empoisonné
Voilà un soutien dont Emmanuel Macron se serait bien passé ! « Le ralliement de Manuel Valls à l’ex-ministre de l’Économie est loin de soulever l’enthousiasme à En Marche ! » relève Le JDD : « Les adversaires d’Emmanuel Macron se réjouissent quant à eux pour la plupart de ce signal de l’ancien Premier ministre. Mais chacun pour des raisons différentes. Pour François Fillon, cela rattache définitivement Emmanuel Macron au quinquennat de Hollande ; pour Jean-Luc Mélenchon, cela contribue à l’explosion du PS qu’il appelle de ses vœux ; enfin certains soutiens d’Hamon se réjouissent de la clarification qu’induit ce soutien. »
« Se réjouissent », c’est beaucoup dire ! « Tristesse » ou « mépris » (…) la décision de Valls de voter pour Macron au premier tour de la présidentielle a provoqué de violentes réactions dans son camp » rapporte Le Monde. « Un soutien qui ne passe pas chez les socialistes restés fidèles à Benoît Hamon, confirme Libération. Le député des Bouches-du-Rhône Patrick Mennuci l’a ainsi interpellé sur Twitter d’un très court mais cinglant : « Tu nous fais honte ».
@manuelvalls tu nous fais honte.@JJBourdin_RMC
— Patrick Mennucci (@patrickmennucci) March 29, 2017
Même registre du côté de Karine Berger, députée des Hautes-Alpes : « Un seul adjectif ce matin pour qualifier le comportement de Manuel Valls : minable ».
https://twitter.com/Karine_Berger/status/846976014676869120
« Qui se ressemble, s’assemble ! » a lancé Martine Aubry, soutien de Benoît Hamon, qui tenait meeting à Lille, le 29 mars dernier : « Je pense que quand on ne respecte pas la parole donnée — et je pense à (ce qu’a fait) Macron avec le président de la République ou à Valls — quand les idées passent au second plan, quand les intérêts personnels et l’envie du pouvoir pour le pouvoir sont en premier lieu, eh bien on se ressemble et on s’assemble », rapporte RTL.
Benoît Hamon, de plus en plus distancé par Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, a lancé un « appel solennel » aux électeurs de gauche, leur demandant « de réagir » et « de sanctionner ceux qui se prêtent à ce jeu morbide ». Mais voulant ménager la chèvre et le chou, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, s’est seulement dit « triste » du choix de Manuel Valls et a appelé « tous les socialistes au calme », sans évoquer d’éventuelles sanctions… s’attirant à son tour les foudres des soutiens de Benoît Hamon. « Manuel Valls jugé meilleur candidat pour battre la gauche » tweete le parodique Gorafi.
#Archives – Manuel Valls jugé meilleur candidat pour battre la gauche en 2017 https://t.co/i1JOGnNpnz pic.twitter.com/n5Iqj10naj
— Le Gorafi (@le_gorafi) March 30, 2017
Que reste-t-il en effet de la Belle Alliance populaire ? C’est la « guerre totale au PS » savoure Le Figaro qui relève quelques vertes répliques du camp « vallsiste », que résume bien cette « sortie » du député PS Philippe Doucet : « Les frondeurs nous ont emmerdés cinq ans jusqu’à vouloir faire tomber le gouvernement et ils viennent aujourd’hui nous donner des leçons sur le respect des règles ? » Et d’ajouter : « Ils craignent pour le PS et nous, nous nous préoccupons de la France ».
Quelle majorité pour En Marche ! ?
Engranger des ralliements tout en les neutralisant, c’est l’équation difficile que doit résoudre Macron. Chacun l’attend au tournant des législatives : « Emmanuel Macron rêve d’une majorité avec la seule étiquette En Marche ! Pas gagné… » souligne Le Parisien : « Emmanuel Macron a réexpliqué mardi devant la presse son modus operandi pour les législatives de juin prochain. (…) Plus question d’investir des candidats avec une double étiquette (…) [À l’exception du Modem de Bayrou avec lequel Macron a fait alliance] tous les prétendants à un siège de député devront se rattacher “politiquement et administrativement” à son parti ». L’enjeu est double : « asseoir sa “cohérence”, alors que les soutiens affluent de tous bords comme dans une auberge espagnole », « assurer à son parti des financements publics, versés en fonction des résultats aux législatives et du nombre de parlementaires ». Mais, ajoute le quotidien, « la règle de l’étiquette unique pourrait en refroidir plus d’un ».
Il y en déjà au moins un qui a pris froid et l’a fait savoir : le général quatre étoiles Bertrand Soubelet, ancien numéro trois de la Gendarmerie. Son ralliement à Emmanuel Macron, le mois dernier, n’aura pas tenu plus d’un mois : « Patatras ! », s’exclame RTL : « Il a donc écrit mardi 28 mars à Emmanuel Macron, selon nos informations, une longue lettre dans laquelle il explique la déception qui a été la sienne. “J’avais besoin de croire qu’une nouvelle façon de faire de la politique était en train de naître (…) Les ralliements successifs tous azimuts et symboliques à bien des égards, à commencer par ceux de l’actuel gouvernement, ne correspondent pas à ma conception du changement” ».
L’avenir dira si d’autres ralliements à Emmanuel Macron sont plus solides. La Croix du 29 mars annonce avoir pris connaissance d’une tribune de soutien pilotée par « la bibliste féministe, Anne Soupa » intitulée « Nous, chrétiens En Marche ! ». Objectifs : « contrebalancer l’impression que l’ensemble du vote catholique serait derrière Sens commun, groupe émanant de la Manif pour tous qui soutient François Fillon », manifester une « volonté d’apaisement au sujet de la loi sur le mariage pour tous », enfin « dépasser le clivage gauche/droite ».
Fillon concentre le tir sur Macron
Ouest-France l’a constaté en couvrant le meeting de François Fillon à Quimper ce jeudi 30 mars : après avoir tenu bon sous la mitraille, le candidat de la droite et du centre est suivi par ses troupes dans sa contre-offensive : « Gonflé à bloc. Le peuple de droite du Finistère, de la Bretagne, est reparti plein d’espoir après le meeting de François Fillon à Quimper. (…) La base et les élus bretons ont répondu présent ». Leitmotiv du candidat : « Je résiste et je m’oppose à ce pouvoir socialiste qui veut empêcher l’alternance ». « Sur l’estrade, les ténors appuient leur candidat, sans détours, louant sa ténacité, sa résistance. » François Baroin concentre le tir sur Macron alias « Emmanuel Hollande ». « Les militants et élus de son camp se disent que tout est possible dans une élection dont le scénario a jusqu’ici été totalement imprévisible » conclut Ouest-France.
La campagne anti-Macron du camp Fillon va s’intensifier sur internet, annonce Le Parisien (31 mars) : « Ce week-end, les Républicains lancent une opération spéciale sur les réseaux sociaux, que nous dévoilons en exclusivité, avec affiches et hashtags aux noms pour le moins évocateurs : #macrongirouette, #macronlhéritier ou #macronitude. “La macronitude, cela fait référence à la bravitude [de Ségolène Royal en 2007, NDLR]. C’est pour montrer le problème de solidité du candidat, décrypte un cadre du parti. Les autres sont là pour illustrer ses revirements successifs et le fait qu’il est le faux nez de François Hollande”. »
Mélenchon superstar, Marine Le Pen en embuscade
Pendant que Benoît Hamon poursuit sa descente aux enfers, Jean-Luc Mélenchon connaît « une progression fulgurante » dans un nouveau sondage, souligne Les Inrocks : « C’est le candidat qui monte. Alors qu’il dépasse désormais systématiquement Benoît Hamon de deux à quatre points dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon poursuit sa percée dans une nouvelle enquête d’opinion… » Le Figaro Magazine (31 mars) son commanditaire, la commente ainsi : « Le candidat de La France insoumise se hisse en effet en tête des personnalités politiques que les Français souhaitent voir jouer un rôle important ces prochaines années. Il réalise ainsi un bond extraordinaire de 19 points en un mois, avec 47 % d’opinions favorables. » « Du jamais-vu ! Dix-neuf points de progression en un mois pendant une campagne présidentielle ! Incontestablement, Jean-Luc Mélenchon est en train de devenir la star de la période » commente Carl Meus, rédacteur en chef du Figaro Magazine. Toutefois, tempère Carl Meus : « Tout l’enjeu pour le candidat est de transformer cette cote d’avenir en intentions de vote. Sa progression lui a permis de dépasser Benoît Hamon, mais il reste encore loin de François Fillon et très loin du duo de tête Emmanuel Macron et Marine Le Pen. »
À ce propos, qu’en est-il de la candidature de Marine Le Pen, toujours en tête avec Macron et stable dans les sondages ? L’abstention inavouée peut la faire gagner, analyse sur France culture le physicien Serge Galam qui avait annoncé dès l’été 2016 la victoire de Donald Trump à la présidence des États-Unis. « Mon hypothèse, explique-t-il, c’est que nous allons avoir une “abstention inavouée”. Pour Macron ou Fillon, (…) certains électeurs disent encore aujourd’hui vouloir s’opposer au FN. Mais ont une répulsion très forte à voter pour l’un ou pour l’autre. » Si forte qu’il se pourrait qu’ils craquent le jour du vote : « Avec moins de 50 % d’intentions de vote, Marine le Pen peut se retrouver avec plus de 50% de votes exprimés. Il y a une faille de taille dans le plafond de verre. »