Avec son dernier film en salle depuis le 10 mai, le réalisateur Alejandro Monteverde nous offre une vraie petite pépite.
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Le mot de Gide sur les bons sentiments qui ne font pas [nécessairement] de la bonne littérature a fait florès. Il ne faudrait cependant pas s’y enfermer. Lorsqu’une œuvre joint la force de sentiments nobles au talent artistique, c’est pour les assoiffés que nous sommes un grand rafraîchissement. C’est le cas de Little Boy, qui est le premier film marquant — nous espérons qu’il en viendra d’autres — de cette année 2017.
Père et fils font équipe
Little Boy, c’est le sobriquet de Pepper Flint, petit garçon de 8 ans, raillé par ses camarades en raison de sa petite taille. Malgré ces humiliations fréquentes, Flint est le plus heureux des enfants grâce à la relation privilégiée qu’il a tissée avec son père James. Inventant sans cesse les aventures les plus pittoresques, les deux compères forment une équipe inséparable. Jusqu’à ce que le père de famille soit appelé sous les drapeaux à l’entrée en guerre des États-Unis face au Japon. Totalement brisé par cette longue séparation — sur laquelle plane sans cesse la menace d’une mort au combat — le petit Peppper est prêt à tout pour ramener au plus vite son père à la maison. L’espérance renaîtra lorsque durant la messe dominicale, Little Boy entend la parabole du grain de moutarde. Si un grain si petit peut permettre de déplacer les montagnes…
Noblesse de coeur
Après avoir rencontré le père Olivier qui lui explique le sens de cette parabole, le petit Pepper repart avec une liste de tâches à réaliser — la plupart tirées du Décalogue — pour progresser sur le chemin de la grâce et rapprocher sa foi de la taille du grain de moutarde. Ce petit héros, dont le paisible village est tout un univers, se lance sans hésitation dans cette aventure, qui à son échelle, ressemble fort aux douze travaux herculéens. La fraîcheur de Jakob Salvati, qui incarne Flint, emporte tout sur son passage. Little Boy nous émeut jusqu’aux larmes par l’amour infini qu’il porte à son père et la foi qu’il nourrit pour ramener ce dernier auprès des siens. Tom Wilkinson (James Flint) incarne parfaitement le père de famille idéalisé de cette Amérique des années 1940, à la fois simple et solide. Les trois personnages principaux : Little Boy, le père Olivier et Hashimoto ont un point commun, leur grande noblesse de coeur.
Profond et sans mièvrerie
Si le film touchera tous les cœurs par la pureté des sentiments qu’il met en avant, il ne sombre pas dans une mièvrerie gratuite. La seconde partie du film met le spectateur face à la douloureuse ambivalence de la guerre, où la victoire des uns fait nécessairement la souffrance des autres. Pepper en prend conscience du haut de ses 8 ans et découvre ainsi tout le tragique de la vie. La confrontation avec Hashimoto — qui incarne à lui seul l’ennemi, celui qui peut voler la vie du père de Pepper — est filmée avec beaucoup de tact et de justesse, sans relativisme ni idéologie. Hashimoto et le père Olivier seront les deux protecteurs de Pepper durant toute la durée de la guerre et le spectateur ne quittera pas la salle sans avoir retenu certains de leurs conseils.