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Abolition des armes nucléaires : le Pape s’invite dans les débats à l’ONU

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 29/03/17
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Le Saint-Père a adressé un message ardent aux négociateurs alors que les zones de tension se multiplient.

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Une “stabilité fondée sur la peur” n’est pas durable, il faut aller “au-delà de la dissuasion nucléaire”, écrit le pape François dans un message aux membres de la conférence des Nations unies chargée de “négocier un instrument juridiquement contraignant d’interdiction des armes nucléaires conduisant à leur interdiction totale”, qui se tient à New-York (États-Unis) du 27 au 31 mars. Le message du Saint-Père a été transmis par le chef de la délégation du Saint-Siège lors de cette rencontre, Mgr Antonio Camilleri, sous-secrétaire pour les relations avec les États.

L’idée de cette conférence inédite – portée par l’Autriche, l’Irlande, le Mexique, le Brésil, l’Afrique du Sud, la Suède et appuyée par des centaines d’Organisations non gouvernementales (ONG) – est de faire pression sur les grandes puissances pour les obliger à ouvrir une nouvelle page dans le désarmement nucléaire mondial, face à la multiplication des zones de tensions, comme en Corée du Nord, où la mise au point d’une arme nucléaire parfaitement opérationnelle se fait menaçante. Mais les grandes puissances – dont la France – boudent les débats, même le Japon qui a pourtant subi une attaque à l’arme nucléaire en 1945. Pour le Pape, cette conférence reste néanmoins un bel “exercice d’espérance”.

Le nucléaire, une “fausse” sécurité

Pour le souverain pontife “une éthique et un droit fondé sur la menace de destruction réciproque – et peut-être la destruction de toute l’humanité – sont en contradiction avec le véritable esprit des Nations unies”. La seule voie possible est un engagement pour “un monde sans armes nucléaires”. Engagement qui représente “un défi et un impératif moral et humanitaire”, souligne le Pape dans son message. Il demande donc aux négociateurs une approche plus réfléchie en matière de “coopération” et “sécurité”, précisant que telle approche doit pouvoir dépasser “la peur et l’isolationnisme qui prévalent dans de nombreux débats d’aujourd’hui” et nuisent “aux relations de confiance entre les peuples”.

Brandir la menace de l’arme nucléaire dans un monde “déjà traversé par un climat instable et conflictuel” est non seulement dangereux, selon le Pape mais en “inadéquation” avec les “grandes menaces” qui affligent “ce monde multipolaire du XXIe siècle” : terrorisme, conflits asymétriques, cyber-sécurité, problèmes environnementaux, pauvreté. Auxquelles il faut ajouter les “conséquences catastrophiques” que pourrait avoir l’utilisation d’une arme nucléaire, sur le plan humanitaire et environnemental, mais au plan également du développement déjà mis à mal par “le gaspillage des ressources consacrées aux questions nucléaires à des fins militaires, qui pourraient plutôt servir à couvrir d’autres priorités plus louables comme la promotion de la paix et le développement intégral de l’homme”.

La paix et la stabilité internationales ne sauraient donc se fonder sur “un faux sentiment de sécurité, sur la menace de destruction mutuelle ou d’anéantissement total, ou sur le seul maintien d’un équilibre des pouvoirs”, insiste le Saint-Père. Elles doivent reposer sur “la justice, le développement humain intégral, le respect des droits fondamentaux de l’homme, la protection de la création, la participation de tous à la vie publique, la confiance entre les peuples, le soutien des institutions pacifiques, l’accès à l’éducation et à la santé, le dialogue et la solidarité”.

Pour aller au-delà…

Pour aller au-delà de la dissuasion nucléaire, le souverain pontife ne voit qu’un moyen : la mise en place de “stratégies” tournées résolument vers “un avenir de paix et de stabilité”, reposant essentiellement sur un “renforcement pragmatique du dialogue” et sur “la construction et la consolidation de mécanismes de confiance et de coopération capables de créer les conditions d’un monde sans armes nucléaires”. Un processus à long terme, reconnaît François, fondé sur la prise de conscience que “tout est relié”dans la perspective d’une écologie intégrale. Mais “c’est tout le destin commun de l’humanité qui est en jeu”, souligne le Saint-Père. Alors la communauté internationale doit se donner les moyens d’établir “un dialogue vraiment tourné vers le bien commun et non vers la protection d’intérêts voilés ou particuliers”. Et ce dialogue devrait inclure tout le monde : “les États nucléaires, les pays qui ne possèdent pas d’armes nucléaires, les secteurs militaires et privés, les communautés religieuses, les sociétés civiles et les organisations internationales”.

Engagement exigeant mais pas impossible

L’humanité, souligne le Pape à titre d’encouragement, a la capacité de “travailler ensemble”, que les hommes ont “la liberté, l’intelligence et la capacité de diriger et d’orienter la technologie, de limiter leur pouvoir et de mettre tout cela au service d’un autre type de progrès : un progrès plus humain, plus social et intégral”. Il souhaite donc que cette conférence de l’ONU soit un “vrai” premier pas dans cette voie. Car l’engagement demandé est “exigeant” mais “faisable”, assure-t-il.

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