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Saint François d’Assise, homme fantasque devenu fou de Dieu

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Bernard Plessy - publié le 28/03/17
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François d’Assise a pris place dans la collection “Petite Vie”. Une heureuse formule pour faire connaître saints et saintes : l’essentiel de leur biographie, le cœur de leur spiritualité. Elle convient à merveille à celui qui a fondé l’ordre des frères mineurs.

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À travers quelques faits et gestes, rapportés par les fresques de Giotto et les Fioretti, on croit connaître le poverello (pauvre) d’Assise : François renonce à ses biens de famille et rend jusqu’à ses vêtements à son père sur la place publique, il “convertit” le loup de Gubbio, prêche aux oiseaux, crée la première crèche, coupe les longs cheveux blonds de Claire – il a 30 ans, elle en a 17, et c’est la première clarisse – ; il reçoit les stigmates sur la montagne de l’Alverne…

Michel Feuillet connaît ces images : il les a commentées dans son beau livre François d’Assise selon Giotto. Mais elles ne sauraient suffire. Les 45 années de la vie de François sont d’une autre intensité. On ne fonde pas un ordre sur le principe de la pauvreté absolue, c’est-à-dire détachée de tout pour la seule possession du Christ, sans aller au-devant de bien des difficultés. Il faut en écrire la Règle, la faire approuver par le pape, Innocent III, peu à peu l’adapter à la réalité, accepter, devant l’afflux des frères, qu’un meilleur organisateur prenne l’ordre en mains, se résigner même à la coexistence de deux modes de vie, celui des frères modérés, les conventuels, et des frères sans concession, les spirituels.

Beau tourment pour un homme partagé lui-même entre prédication et contemplation. Tantôt François est sur les routes, il croise et tente de convertir le sultan d’Égypte, s’en va en pèlerinage à Compostelle, traverse la France à son retour (Perpignan, Montpellier, Lunel, Avignon : le sait-on assez ?) et toujours revient à Assise, à Sainte-Marie-des-Anges, qui est comme la maison mère. Tantôt il se retire : une île, une grotte et le voici tout à la louange  de son Seigneur, à laquelle il associe la Création. C’est le célèbre Cantique des créatures, écrit dans le dialecte d’Assise, pour le rendre accessible aux plus simples. Michel Feuillet fait bien de mettre en garde contre un contresens répandu par récupération écologiste : François ne loue pas les choses créées, mais à travers elles, loue l’œuvre de Dieu créateur de l’univers. Laudato si’, récemment repris par le pape François, per sora nostra matre terra… Et j’aime que Michel Feuillet, professeur de langue et littérature italiennes, traduise per par pour, plutôt que par, ce qui supprime toute équivoque. « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre sœur la Mort corporelle à qui nul homme vivant ne peut échapper… ».

Excellente lecture de Carême que cette Petite Vie. Comment François prenait-il le Carême ? Comme une période privilégiée pour prier et jeûner. « En 1213, pendant la nuit qui marque la fin du carnaval, François se fait déposer en secret par un pêcheur sur une île du lac Trasimène – l’actuelle Île Majeur, alors inhabitée. Ayant trouvé abri dans une grotte protégée par une abondante végétation, François passe là quarante jours et quarante nuits de privations (…) Libéré de tout attachement à la terre, il laisse s’élever son âme jusqu’à Dieu. » Difficile à imiter. Tout comme la pauvreté absolue. Alors François nous offre l’exemple du partage. À la veille de se convertir (il a 24 ans), François rencontre dans la campagne d’Assise un chevalier déchu et misérable. Renouvelant le geste de saint Martin, François lui donne son manteau et connaît aussitôt la joie. La joie peut être le premier fruit d’un Carême d’esprit franciscain.

Saint-François d’Assise

François d’Assise © Artège poche

Michel Feuillet, François d’Assise, Artège poche, 136 pages, 9,90 euros. 

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