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Ma petite soeur a 21 ans et elle entre au couvent

© Jeffrey Bruno/Aleteia

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Anna O'Neil - publié le 27/03/17
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Dans un monde qui accorde de moins en moins de place à Dieu, qu’est-ce qui pousse une jeune femme à devenir religieuse ?

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Ma petite sœur, avec qui j’ai grandi – et qui passait son temps à chanter, à dessiner et à me chaparder mes vêtements – s’apprête à couper sa chevelure bouclée et à prendre l’habit pour devenir religieuse dans un ordre contemplatif cloîtré. Voici plusieurs mois que j’essaie de me faire à cette idée. J’ai enfin réussi à prendre un peu de temps avec elle pour lui poser les questions qui me brûlent les lèvres.

Aleteia : À quel moment t’es-tu dit que tu avais peut-être la vocation ?
Je me rappelle, quand j’avais environ 12 ans, j’allais à la messe en semaine. Je pensais à Dieu le matin mais après je l’oubliais pour le reste de la journée. Et j’avais pourtant envie de rester dans l’église et de ne pas oublier Dieu. Je pense que mon désir a commencé là. Bien sûr, ce désir n’était pas encore très clair dans mon cœur, mais il a grandi au fil du temps.

Tu as seulement 21 ans ! Comment sais-tu que tu es prête à faire un tel choix de vie ?  
Eh bien, je n’ai pas dit que je l’étais. Mais le couvent est un lieu pour se former. Saint Benoît considère le couvent comme une école de l’amour. On ne va pas à l’école si l’on sait déjà tout. On va à l’école pour apprendre. Or, je me sens prête à apprendre, à être formée. Donc d’une certaine manière, je ne suis pas encore prête pour le couvent car je ne suis pas encore religieuse. Je ne suis pas encore celle que j’espère devenir après avoir été religieuse toute ma vie.

On comprend facilement pourquoi les ordres apostoliques sont si nécessaires – ils enseignent, ils s’occupent des mourants, ils accomplissent d’innombrables belles œuvres. Mais pourquoi le monde a-t-il besoin de religieuses contemplatives ?
Parce que Dieu écoute nos prières. Il veut que l’on prie. Dieu nous a créés dotés de la capacité à prier les uns pour les autres et à s’entraider. Nous tous qui appartenons à la famille humaine sommes liés par le corps du Christ. Par ce lien d’amour, nous pouvons nous offrir les uns les autres à Dieu et être ainsi des transmetteurs de la grâce de Dieu les uns pour les autres.

Il y a tant de besoins dans le monde pour lesquels la prière est la seule réponse possible. Voilà pourquoi le monde a besoin de religieux contemplatifs.

Qu’espères-tu offrir au monde par cette vocation ?
Eh bien, je ne sais pas ce que je peux faire pour le monde. C’est l’affaire du Seigneur. Je ne peux pas faire grand-chose à moins que Dieu n’élève ma prière et ne la rende utile à quelqu’un d’autre quelque part. Jésus a promis que si nous demeurions en Lui, nous porterions beaucoup de fruits. Donc j’ai simplement l’intention de demeurer en Lui, et peut-être qu’au ciel je verrai les fruits que Dieu a produits avec ma vie.

As-tu un peu peur ?
Oui, bien sûr. Quand les gens apprennent que je vais devenir religieuse dans un ordre cloîtré, ils ont tendance à imaginer que je dois adorer me lever en pleine nuit, manger du pain blanc, me promener pieds nus dans mes sandales l’hiver… Eh bien non, je n’aime pas ça.

Mais j’ai l’espoir qu’après une vie passée à l’école de l’amour, je finirai par apprécier cela. Oui, j’appréhende un peu l’âpreté de cette vie, à laquelle je ne suis pas habituée, au niveau humain.

N’as-tu pas peur de t’ennuyer à la longue ?
Il est certain que l’ennui est une des croix qui se présentent à nous, de même qu’une mère est confrontée au stress. Les religieuses contemplatives ne connaissent pas le stress. Mais elles peuvent connaître l’ennui.

Ceci dit, leur vie faite de prière et de travail est agréablement rythmée, et la sympathique heure de récréation le soir permet de se retrouver pour discuter ou chanter. Et puis il y a de si belles amitiés ! Si bien qu’elles connaissent de grandes joies dans leur mode de vie simple et austère.

As-tu déjà remis en question ta vocation ? Comment as-tu traversé ces moments de doute ?
J’ai bien sûr pu vouloir renoncer à certains moments. Je pense que ce qui m’a vraiment aidée, c’est de me rendre “pour de vrai” dans un couvent de rencontrer des religieuses, et de réaliser qu’elles sont des êtres humains normaux vivant des journées ordinaires et heureuses. Cela a contribué à dissiper toutes les images idéalistes que je m’étais créées.

Si on commence à se dire que les bonnes sœurs ne vivent pas comme des humains normaux, on en conclue logiquement  : “Je ne pourrais jamais vivre comme ça, car moi, je suis un humain ordinaire.”

Les religieuses n’aiment pas toujours prier ! Il leur arrive d’être distraites, comme tout le monde. Elles ne sont pas tout le temps dans les hauteurs de la contemplation. Mais on entre au couvent pour se donner à Dieu dans sa nature humaine propre, pour simplement vivre avec lui au jour le jour.

Que ressens-tu à l’idée de quitter ta famille et tes amis ?
Alors là, c’est très dur. J’aime tellement mon chez moi. J’aime ma famille. Franchir la grille du cloître est un geste absolu.

C’est clairement le plus grand sacrifice que j’ai jamais fait pour Dieu. Ce qui rend le fardeau léger (Mt 11, 30), c’est que je quitte une famille pour entrer dans une autre. Ce n’est pas comme si je m’engageais toute seule dans la souffrance et les difficultés.

J’entre dans une famille merveilleuse, avec une mère et des sœurs. Et Jésus.

Propos recueillis par Anna O’Neil.



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