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Existe-t-il un adultère vertueux ?

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Thibaud Collin - publié le 27/03/17
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Le chapitre 8 de l’exhortation Amoris laetitia consacré à l’accompagnement des personnes « fragiles », spécialement des fidèles divorcés et remariés civilement, n’en finit pas de susciter des interprétations opposées.

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Comment faut-il comprendre l’exhortation apostolique Amoris laetitia ? Le texte marque-t-il un changement de la doctrine et de la discipline antérieures et si oui, comment lire ce changement comme un développement homogène et non comme une rupture ? Comme le dit très bien Mgr Biju-Duval, Veritatis splendor et Amoris laetitia « demandent à être croisés et travaillés ensemble, faute de quoi les intuitions pastorales d’Amoris laetitia courraient le risque d’être niées au nom d’affirmations d’autorité magistérielle supérieure, à moins qu’en sens contraire, certains se servent de l’Exhortation pour nourrir une herméneutique de la discontinuité voire de la “révolution” des documents du magistère. »

Tel est d’ailleurs l’esprit dans lequel le pape François souhaite que le cœur de sa réflexion pastorale soit reçu. Il affirme ainsi “qu’il s’agit d’un itinéraire d’accompagnement et de discernement qui oriente les fidèles à la prise de conscience de leur situation devant Dieu. Le colloque avec le prêtre, dans le for interne, concourt à la formation d’un jugement correct sur ce qui entrave la possibilité d’une participation plus entière à la vie de l’Église et sur les étapes à accomplir pour la favoriser et la faire grandir. Étant donné que, dans la loi elle-même, il n’y a pas de gradualité (cf. FC, n. 34), ce discernement ne pourra jamais s’exonérer des exigences de vérité et de charité de l’Évangile proposées par l’Église ». À l’aune d’un tel critère, comment comprendre la lecture du chapitre 8 que propose le père Philippe Bordeyne, théologien moraliste, recteur de l’Institut catholique de Paris ? (Le père Bordeyne a été choisi par le pape comme expert lors de la deuxième assemblée du Synode sur la famille, Ndlr)



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Désir et discernement

Dans un premier temps, il brosse un regard d’ensemble sur l’exhortation pour en souligner la préoccupation centrale : l’attention pastorale à la croissance humaine et spirituelle des personnes afin de se mettre au service de la pédagogie divine. Puis, il en vient au cœur de son propos, le discernement dans ses deux dimensions, complémentaires, personnelles et pastorales. Sa longue analyse l’amène à conclure que l’exhortation peut rendre possible au cas par cas, « dans la discrétion », l’admission à la réconciliation sacramentelle et à la communion eucharistique des fidèles remariés ne respectant pas les conditions énoncées par saint Jean Paul II dans Familiaris consortio (la continence totale au cas où pour de graves raisons ils ne peuvent se séparer). Ainsi la norme générale demeurerait mais il faudrait néanmoins discerner le particulier. Il lui apparaît « cohérent avec la tradition du discernement moral de prendre en considération l’aspiration de la personne à conserver sa vie lorsque la privation de la communion eucharistique lui rend l’existence insoutenable dans la durée. » Un telle position semble faire l’impasse sur la raison, contingente, de cette privation : le libre-arbitre de la personne refusant de se conformer à la volonté de Dieu sur le mariage indissoluble. Osons poser la question : si le désir de la communion eucharistique est si fort que sa privation en devient insoutenable, comment penser qu’il ne le soit pas assez pour aider la personne à rompre avec sa situation désordonnée ? Comment comprendre que Dieu puisse faire naître un tel désir dans un cœur sans lui offrir sa grâce pour y consentir librement ? Pour comprendre l’interprétation du père Bordeyne, il convient de remonter dans son raisonnement et exposer certains de ses présupposés.

Gradualité de la loi morale : Dieu se contredit-il ?

Selon lui, dans Amoris laetitia « le Pape s’emploie à parcourir de façon nouvelle la tradition morale de l’Église. (…) Le cœur de son propos est que la vie morale, telle que toute personne est appelée à la pratiquer au présent en tenant compte de ses possibilités réelles, est une modalité essentielle d’intégration ecclésiale. » Cette intégration exige l’accompagnement, axe central de la pastorale envers les personnes en « situations dites irrégulières ». Le discernement a pour objet la volonté de Dieu et, à ce titre, il est en mesure d’apporter la paix au fidèle concerné. Pourquoi ? « Parce qu’il peut permettre de “découvrir avec une certaine assurance morale” (AL, 303) que la qualité de vie morale dans la seconde union est une réponse suffisante aux appels de Dieu ici et maintenant, compte tenu “de la complexité concrète des limitations, même si cette réponse n’atteint pas encore pleinement l’idéel objectif” (AL 303) (…). Ceci permet d’affirmer que l’on est en état de grâce. Raisonner ainsi suppose toutefois que soient dépassées les oppositions “simplistes” entre situations régulières et situations irrégulières, puisque tout le saint peuple fidèle de Dieu est destinataire de la grâce miséricordieuse qui remet en marche. »

Cette compréhension de la pédagogie divine semble s’éloigner du principe herméneutique énoncé par le Pape et rappelé plus haut. En effet, la notion de discernement est utilisée pour contourner la doctrine des actes intrinsèquement mauvais rappelée dans Veritatis splendor. Il s’agit bien d’une affirmation implicite de « la gradualité de la loi morale ». Comment comprendre autrement la soi-disant « qualité morale » de la vie d’une personne en situation objectivement adultérine ? Qu’entendre par « réponse suffisante » à la volonté de Dieu alors que la loi morale exprimant sa bienveillance envers l’homme est transgressée ? Dieu pourrait-il se contredire ? Certaines circonstances créeraient-elles une situation à laquelle la volonté de Dieu devrait se proportionner ? Le père Bordeyne ne voit pas la contradiction car il considère la loi, en bon disciple du père Xavier Thévenot, comme un idéal vers lequel il s’agit de progresser toujours. L’homme étant limité par le péché, il ne peut obéir à la loi au présent et à ce titre peut la transgresser à condition de rester tendu vers cet idéal. Ce qui est important est d’être en marche. Comment Dieu pourrait-il commander l’impossible ?

Cette conception s’oppose de facto à l’enseignement de saint Jean Paul II. Il convient de lire et de méditer quelques textes dans lesquels il manifeste la contradiction interne, donc l’impossibilité, de considérer comme légitime un discernement validant des actes en eux-mêmes, toujours contraires au vrai bien de la personne exprimé dans la loi morale : « Les époux ne peuvent toutefois considérer la loi comme un simple idéal à atteindre dans le futur, mais ils doivent la regarder comme un commandement du Christ Seigneur leur enjoignant de surmonter sérieusement les obstacles. C’est pourquoi ce qu’on appelle la “loi de gradualité” ou voie graduelle ne peut s’identifier à la “gradualité de la loi”, comme s’il y avait, dans la loi divine, des degrés et des formes de préceptes différents selon les personnes et les situations diverses. Tous les époux sont appelés à la sainteté dans le mariage, selon la volonté de Dieu, et cette vocation se réalise dans la mesure où la personne humaine est capable de répondre au précepte divin, animée d’une confiance sereine en la grâce divine et en sa propre volonté». Un acte intrinsèquement mauvais ne peut donc jamais être l’objet d’un discernement droit ; qui ne peut porter que sur des commandements positifs et jamais négatifs, ceux-ci marquant les limites en deçà desquelles aucun acte humain ne peut être ordonné à Dieu. Une situation objectivement adultérine ne peut donc être l’objet d’un discernement identifiant un adultère vertueux, ou une manière vertueuse de vivre une relation adultérine. « L’élément primordial et décisif pour le jugement moral est l’objet de l’acte de l’homme, lequel décide si son acte peut être orienté au bien et à la fin ultime, qui est Dieu. Cette orientation est trouvée par la raison dans l’être même de l’homme, entendu dans sa vérité intégrale, donc dans ses inclinations naturelles, dans ses dynamismes et dans ses finalités qui ont toujours aussi une dimension spirituelle : c’est exactement le contenu de la loi naturelle, et donc l’ensemble organique des “biens pour la personne” qui se mettent au service du « bien de la personne », du bien qui est la personne elle-même et sa perfection. Ce sont les biens garantis par les commandements, lesquels, selon saint Thomas, contiennent toute la loi naturelle. »


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Subjectivité chrétienne, moralisme et grâce

Peut-on contourner cette doctrine en invoquant son caractère général et abstrait restant à distance des réalités concrètes et existentielles que l’accompagnement pastoral aurait, lui, à prendre en charge ? Ce qui se joue ici est la compréhension d’une authentique subjectivité chrétienne. La prise en compte de l’historicité de la personne humaine considérée dans ses conditionnements et ses limites doit-elle se faire au détriment du rapport à la loi morale exprimant la volonté aimante de Dieu ? La réponse que donne saint Jean Paul II à cette question commande le rapport à établir entre doctrine et pastorale dans la mission du pasteur.

« Certains ont proposé une sorte de double statut de la vérité morale. En plus du niveau doctrinal et abstrait, il faudrait reconnaître l’originalité d’une certaine considération existentielle plus concrète. Celle-ci, compte tenu des circonstances et de la situation, pourrait légitimement fonder des exceptions à la règle générale et permettre ainsi d’accomplir pratiquement, avec une bonne conscience, ce que la loi morale qualifie d’intrinsèquement mauvais. Ainsi s’instaure dans certains cas une séparation, voire une opposition, entre la doctrine du précepte valable en général et la norme de la conscience de chacun, qui déciderait effectivement, en dernière instance, du bien et du mal. Sur ce fondement, on prétend établir la légitimité de solutions prétendument “pastorales”, contraires aux enseignements du Magistère, et justifier une herméneutique “créatrice”, d’après laquelle la conscience morale ne serait nullement obligée, dans tous les cas, par un précepte négatif particulier. »

La loi morale nous condamnerait-elle alors à l’impossible ? Dieu poserait-il sur nos frêles épaules un fardeau trop lourd à porter ? Et faut-il par bonté pastorale alléger ce fardeau et proportionner les normes morales ? L’indissolubilité et l’exclusivité du mariage ne seraient-elles pas des exigences idéales vers lesquelles il faudrait tendre mais qui dépasseraient les capacités concrètes de la plupart des fidèles conditionnés par l’esprit du monde et blessés par de nombreuses structures de péché ? De telles questions sont légitimes mais elles ne sont pas nouvelles. La vie chrétienne s’identifie-t-elle à ce moralisme exigeant de faire usage de son libre-arbitre pour croître dans le respect des commandements ? Comment ne pas voir qu’une telle approche fait l’impasse sur la puissance de la grâce divine offerte simultanément aux commandements ? Paradoxalement une certaine conception de la miséricorde n’est que le complément de cette attitude foncièrement pélagienne, autrement dit la (fausse) solution à un problème mal posé. Dieu donnant des commandements trop difficiles à observer, il fermerait les yeux sur nos manquements. Qui ne voit qu’une telle miséricorde se nomme en réalité tolérance ? La patience de Dieu n’est pas pusillanimité. Dieu veut le vrai bien de l’homme et il lui donne la grâce de l’accomplir. La vocation universelle à la sainteté, centre névralgique de Vatican II, n’est pas une option facultative réservée à quelques happy few ou à quelques maximalistes à tendance pharisaïque.

« On peut vaincre les tentations, dit saint Jean Paul II, et l’on peut éviter les péchés, parce que, avec les commandements, le Seigneur nous donne la possibilité de les observer : “Ses regards sont tournés vers ceux qui le craignent, il connaît lui-même toutes les œuvres des hommes. Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne licence de pécher” (Si 15, 19-20). Dans certaines situations, l’observation de la Loi de Dieu peut être difficile, très difficile, elle n’est cependant jamais impossible. C’est là un enseignement constant de la tradition de l’Église que le Concile de Trente exprime ainsi : « Personne, même justifié, ne doit se croire affranchi de l’observation des commandements. Personne ne doit user de cette formule téméraire et interdite sous peine d’anathème par les saints Pères que l’observation des commandements divins est impossible à l’homme justifié. “Car Dieu ne commande pas de choses impossibles, mais en commandant il t’invite à faire ce que tu peux et à demander ce que tu ne peux pas et il t’aide à pouvoir. “Ses commandements ne sont pas pesants”(M1 Jn 5, 3), “son joug est doux et son fardeau léger” (Mt 11, 30). »

Quelles sont les possibilités concrètes de l’homme ?

L’erreur d’appréciation repose donc sur un présupposé : une vision trop humaine de l’être humain. Les sciences humaines offrent de précieux aperçus sur telle ou telle dimension de l’existence humaine mais elles ne peuvent donner à appréhender l’homme dans sa totalité, sa hauteur, sa largeur et sa profondeur. Seul Dieu révèle l’homme concret, seul Dieu permet à l’homme d’accéder à ce rapport à soi plénier, de se voir comme Dieu le voit, dans sa singularité irréductible.

« Les possibilités “concrètes” de l’homme, continue saint Jean-Paul II, ne se trouvent que dans le mystère de la Rédemption du Christ. Ce serait une très grave erreur que d’en conclure que la règle enseignée par l’Église est en elle-même seulement un “idéal” qui doit ensuite être adapté, proportionné, gradué, en fonction, dit-on, des possibilités concrètes de l’homme, selon un “équilibrage des divers biens en question”. Mais quelles sont les “possibilités concrètes de l’homme” ? Et de quel homme parle-t-on ? De l’homme dominé par la concupiscence ou bien de l’homme racheté par le Christ ? Car c’est de cela qu’il s’agit : de la réalité de la Rédemption par le Christ. Le Christ nous a rachetés ! Cela signifie : il nous a donné la possibilité de réaliser l’entière vérité de notre être ; il a libéré notre liberté de la domination de la concupiscence. Et si l’homme racheté pèche encore, cela est dû non pas à l’imperfection de l’acte rédempteur du Christ, mais à la volonté de l’homme de se soustraire à la grâce qui vient de cet acte. Le commandement de Dieu est certainement proportionné aux capacités de l’homme, mais aux capacités de l’homme auquel est donné l’Esprit saint, de l’homme qui, s’il est tombé dans le péché, peut toujours obtenir le pardon et jouir de la présence de l’Esprit.»

Ordre de la conscience et service pastoral

Peut-on envisager que la conscience de certains fidèles divorcés et remariés civilement serait invinciblement erronée et qu’à ce titre « l’assurance morale » d’être dans la volonté de Dieu ne serait pas coupable ? Il n’y aurait donc pas de contradiction avec Veritatis splendor. Il faudrait ainsi reconnaître qu’un fidèle ait pu jadis se marier en ignorant le caractère indissoluble du mariage ; à ce titre le désordre objectif de sa nouvelle situation maritale ne lui serait pas imputable. Ce fidèle suivrait scrupuleusement sa conscience, norme prochaine de la moralité, et obéirait par-là à la vérité (subjective) sur son bien. Mais alors de deux choses l’une : soit il y a bien ignorance invincible, cause d’involontaire, et donc le mariage contracté jadis n’est pas valide ; puisque l’intention d’indissolubilité est une condition objective du mariage ; soit l’ignorance est le fruit du péché et de l’autojustification et il s’agit davantage d’une circonstance aggravante qu’atténuante.

De toute façon, dans les deux cas, quelle est la mission d’un pasteur digne de ce nom, c’est-à-dire soucieux du salut de sa brebis ? N’est-il pas d’éclairer la conscience du fidèle pour le libérer de son ignorance, qu’elle soit erronée ou non coupable ? N’est-il pas de l’inviter à recevoir le dessein d’amour du Père sur lui et la grâce qui va avec ? Saint Augustin affirme qu’ « être chrétien est une dignité, être pasteur est un service ». Le fidèle a le droit à ce que le pasteur lui enseigne la vérité sur le bien à réaliser, ce droit est intrinsèque à l’ordre de la conscience puisque la conscience est ce sanctuaire dans lequel l’homme reçoit la lumière divine lui permettant de conduire sa vie. Contrairement à ce que l’on pense parfois, la conscience ne fait donc pas face à la loi morale.

Comme le dit le bienheureux John Newman : « La loi divine est la règle de la vérité morale, la mesure du bien et du mal. (…) Cette loi en tant qu’elle est appréhendée par des esprits humains individuels, nous l’appelons la conscience. » La charge pastorale est suspendue à cette volonté salvifique de Dieu qui répond au péché par la miséricorde. Mais la miséricorde n’est pas la tolérance. La justification du pécheur n’est pas un voile pudique que Dieu jetterait sur les fautes humaines. Au contraire, « le péché se trouve indubitablement au centre de son attention, de son enseignement, de son souci pour l’homme. Toutefois, dans sa manière de se rapporter au péché, ou plutôt à l’homme pécheur, se reflète ce sentiment particulier de la dignité, on pourrait dire de la royauté de l’homme, qui accepte intérieurement la vérité sur sa condition de pécheur et se repent du péché. C’est cet aspect royal de l’homme qui demeure dans la pratique du sacrement de pénitence. » La dignité de l’homme pécheur exige du pasteur qu’il lui rappelle l’exigence de se tourner vers la miséricorde, creuset d’un vrai repentir. Le prêtre est donc bien au service de l’ordre de la conscience, clef de voûte du monde humain tel que Dieu l’a créé. « La conscience, poursuit Newman, est le premier de tous les vicaires du Christ. Elle est le prophète qui nous révèle la vérité, le roi qui nous impose ses ordres, le prêtre qui nous anathématise et nous bénit. Si le sacerdoce éternel de l’Église venait à disparaître, le principe sacerdotal survivrait à cette ruine et se poursuivrait, incarné dans la conscience.» C’est pour cela que le Pape « n’a pas d’autre mission que de proclamer la loi morale, et de confirmer cette lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde ». En droit comme en fait, son autorité repose sur l’autorité sacrée de la conscience. »

Rappeler qu’il ne peut pas exister d’adultère vertueux, voulu et béni par Dieu, c’est donc être au service de la maturation d’une véritable subjectivité chrétienne. Seul le service de la conscience permet à la miséricorde divine de se déployer dans les cœurs. La vérité sur son péché libère car elle seule permet de s’ouvrir à la grâce, elle seule permet de « mouiller à la grâce ». Une certaine pastorale de la miséricorde obnubilée par la déculpabilisation crée au contraire un revêtement imperméable étouffant l’âme. L’autojustification encouragée par une pastorale complaisante crée une opacité telle qu’elle empêche le discernement de la volonté de Dieu. Le péché nommé et reconnu comme tel appelle la miséricorde. Le droit de la conscience du fidèle crée un impérieux devoir au pasteur : celui de lui transmettre avec douceur, force et bienveillance l’intégralité du dessein de Dieu et la puissance de la grâce pour le réaliser.


Thibaud Collin et l’auteur de Divorcés remariés, l’Église va-t-elle (enfin) changer ? paru chez Desclée de Brouwer, octobre 2014, 14 euros.



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