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Gabriel Katuvadioko : “Le français m’a façonné”

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Sylvain Dorient - publié le 22/03/17
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Pour la semaine de la francophonie, Aleteia a rencontré Gabriel Katuvadioko. Philosophe et anthropologue congolais, il enseigne les arts du spectacle à Kinshasa, la capitale de la RDC, et se passionne pour les légendes africaines. Il voue aussi un culte à la langue française, qu’il a apprise sur les bancs de l’école.

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Aleteia : Comment expliquez-vous votre amour pour la langue française ?
Gabriel Katuvadioko : Le français m’a ouvert au monde. Ce n’est pas la langue que j’ai reçue avec le lait maternel pour paraphraser Léopold Sédar Senghor, mais elle m’a donné accès à son histoire et à sa littérature. Étudiant, je faisais des kilomètres pour me rendre au centre culturel français, à la bibliothèque ou au cinéma. Avec mes camarades de promotion, nous avions le Lingala comme langue maternelle, mais nous aimions parler, lire et écrire en Français. Nous avons fondé une revue francophone “Pirogue”, que nous avons ensuite traduite en lingala [une langue bantoue parlée en République démocratique du Congo, ndlr], “Buato”. Nous partagions l’amour des grands auteurs classiques, Molière, Racine, Mallarmé…

Vous auriez pu apprendre le flamand…
Effectivement, puisque nous héritions de la colonisation belge, mais je préfère que ce soit le Français qui l’ait emporté. Avec cette langue, je peux traverser la moitié de l’Afrique et être compris !

Comment le français était-il enseigné dans les écoles ?
Dans les années 1970, durant ma scolarité, tous les cours étaient en français et tourné vers la France, jusqu’à l’absurde. En géographie, nous apprenions les bassins miniers français avant d’apprendre ceux du Zaïre de l’époque ! Curieusement, nous n’apprenions rien de la Belgique, en revanche. Je me souviens que dans les petites classes nous chantions “Pomme de reinette et pomme d’api” sans avoir jamais goûté à une pomme… Mais l’apprentissage de la langue était sérieux, et nous avions une solide base dans les grandes matières, qui nous ouvrait à la philosophie et à la culture française. Je n’imagine pas acquérir ces connaissances et cette compréhension du français sans une bonne gestion de la langue. Par exemple, en traduisant Molière en lingala ! L’apprentissage de la langue, puis l’amour de sa sonorité, et de la culture qu’elle véhicule, m’ont façonné.

Gabriel Katuvadioko

Gabriel Katuvadioko

Où en est l’enseignement en République démocratique du Congo ?
Il a beaucoup perdu. À vrai dire, si le Congo est bien le plus grand pays francophone au monde, la plupart des gens n’y parlent pas vraiment français… Ils s’expliquent en Français ! Il reste des écoles qui dispensent un enseignement de qualité, mais elles sont réservées aux élites. J’ai le sentiment que dans le reste du pays, le niveau a dégringolé.

Et l’intérêt pour la langue française elle-même ?
Cette langue reste incontournable, car même si elle n’est plus la seule langue nationale, c’est la langue de l’administration. Et celle qui permet à un habitant de l’Est, qui parle swahili de comprendre un habitant de la côte Ouest, qui parle lingala. Enfin, les jeunes qui s’intéressent à la langue française prennent l’avantage sur ceux qui ne s’en préoccupent pas. J’ai par exemple des nièces qui se rendent régulièrement à l’Institut français, pour lire, et je vois que cette habitude les ouvre au monde, leur donne des perspectives, tout comme moi à leur âge.

Propos recueillis par Sylvain Dorient. 


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À écouter à partir de 21’10” le récit d’Abdou Diouf, ancien secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie, ancien président de la République du Sénégal, sur son enfance bercée par les récits de ses ancêtres… les Gaulois.

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