Provocation à Sainte-Marthe : sont-ils des statues ? Un arrêt de bus ? Et que “sentons-nous à la vue d’un enfant faisant l’aumône ? Ah non il est de ceux qui volent ?”
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“Que sentons-nous au fond de nous, dans notre cœur, quand nous voyons des enfants faire l’aumône… Non, ceux-là sont d’une ethnie qui volent… Je poursuis mon chemin. N’est-ce pas ainsi que je fais ?”. La question du Pape claque fort entre les murs de la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, comme une provocation. C’est l’heure de la messe et le souverain pontife commente la parabole du riche et de Lazare (Lc 16, 19-31). Sa mise en garde est sans détours : “Ceux qui regardent les clochards comme faisant partie du paysage font fausse route”.
Non, ce n’est pas la vie !
“Les sans-abris, affirme le Pape, les pauvres, les laissés-pour-compte, même les sans-abri bien habillés, qui n’ont pas d’argent pour se payer un loyer, parce qu’ils n’ont pas de travail… Qu’est-ce que je ressens ? Ils font partie du paysage, comme une statue, un arrêt de bus, un bureau de poste ? Et les sans-abris… ? Vous trouvez cela normal ? Faites attention. Faisons attention. Quand ces choses résonnent dans notre cœur comme quelque chose de normal… – “mais oui, c’est la vie… je mange, je bois, et pour m’enlever un peu de mauvaise conscience je donne quelque chose et je continue à marcher”– c’est que nous ne sommes pas dans la bonne voie”. Très spontanément, le Saint-Père a égrené les mille et une raisons qui peuvent permettre à chacun de s’accommoder de la très grande pauvreté.
Et de renvoyer alors au psaume du jour : “Maudit soit l’homme qui se fie à lui-même, qui se fie à lui-même”, a-t-il insisté, car rien n’est plus sournois que le cœur, et il guérit difficilement”. Qui a pris ce chemin-là aura du mal à guérir”. Quand une personne “vit dans un environnement clos, respire l’air de ses propres biens, de ses plaisirs personnels, de la vanité, se sent sûre d’elle et ne se fie que d’elle-même, cette personne perd son sens de l’orientation, perd la boussole et ne sait pas où sont les limites”. Comme le riche de la parabole de l’Évangile qui “passait son temps à faire la fête et ignorait le pauvre à la porte de chez lui”. Le riche “savait qui était ce pauvre : il le savait. D’ailleurs, quand il parle avec (…) Abraham, il dit : “Je te prie d’envoyer Lazare’: ah, il savait même comment il s’appelait ! Mais il s’en moquait”.
Glisser du péché à la corruption
Cet homme est un pécheur ? Oui, a répondu le Pape. Mais on peut sortir du péché, “revenir en arrière : on demande pardon et le Seigneur pardonne”. Mais lui, le riche, “son cœur l’a conduit sur un chemin de mort, il ne peut plus revenir en arrière. Car il y a une limite à ne pas dépasser, après il est difficile de revenir en arrière”. Le péché s’est transformé en corruption : “Cet homme n’était pas un pécheur, c’était un corrompu. Parce qu’il savait qu’il y avait beaucoup de misère, mais il était heureux et se fichait du reste”.
Et le Pape d’insister : “Il faut avoir conscience de cette pente glissante du péché à la corruption”, et s’interroger en permanence : “Qu’est-ce que je ressens, moi, quand au journal télévisé on nous dit qu’une bombe est tombé sur un hôpital, que de nombreux enfants sont morts ? Est-ce que je récite une prière et continue à vivre comme si de rien n’était ? Est-ce que cela entre dans mon cœur ou suis-je comme ce riche, insensible au drame de Lazare, dont les chiens avaient plus pitié ?”. Pour aider à y voir plus clair, le Pape conclue en suggérant une prière : “Scrute, O Seigneur, mon cœur. Vois si je suis sur le mauvais chemin, sur la pente glissante du péché à la corruption, d’où je ne puis revenir en arrière (…) Scrute, Seigneur, mon cœur, fais-moi comprendre quel chemin j’ai pris”.
Article traduit et adapté de l’italien par Isabelle Cousturié