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Pape François : “Le crucifix n’est pas un colifichet !”

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 13/03/17
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Pendant le Carême, le Saint-Père invite les catholiques à méditer sur le visage "défiguré, torturé, méprisé, ensanglanté" de Jésus.

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Le crucifix "n’est pas un colifichet" pour décorer son intérieur, ou un "simple ornement" à porter autour du cou, mais "le symbole de la foi chrétienne, emblème de Jésus, mort et ressuscité pour nous", qui doit être "contemplé avec dévotion", a rappelé le pape François à l’angélus de ce dimanche 12 mars, place Saint-Pierre, devant une foule immense de fidèles et pèlerins. En ce deuxième dimanche de Carême, les chrétiens sont invités à mettre la croix du Christ-Rédempteur au cœur de leur cheminement pénitentiel, pour comprendre toujours plus "la gravité du péché  et "la valeur du sacrifice" offert pour "nous sauver". En toile de fond, l'Évangile du jour, selon Matthieu : « Son visage devint brillant comme le soleil » (17, 1-9).

Après la prière mariale, le Pape a exprimé sa "proximité" au peuple guatémaltèque endeuillé après le "grave et triste incendie" qui a détruit le 8 mars un Foyer pour mineurs, faisant au moins 39 victimes parmi les pensionnaires. Il a également demandé de prier pour "toutes les jeunes filles et tous les garçons victimes de violences, de mauvais traitements, d’exploitation et des guerres", qui, a-t-il réaffirmé, sont "un fléau, un hurlement caché" que "nous ne pouvons pas continuer à faire semblant de ne pas voir et d’entendre".

Et dans l’après-midi, nouvelle visite de l’évêque de Rome à une paroisse de la ville, Santa Maddalena di Canossa, où il a rencontré les enfants et les jeunes du catéchisme, les personnes âgées, des malades et des familles, et confessé plusieurs fidèles.

Chemin de lumière

Après avoir expliqué la semaine dernière les trois tentations du Christ dans le désert et son combat spirituel contre le Malin, le Saint-Père a illustré la "transfiguration du Christ sur le mont Tabor", rapporté dans l'Évangile selon Matthieu, qui révèle aux apôtres Pierre, Jacques et Jean, la "nature divine" de Jésus.

Jésus est désormais en chemin vers Jérusalem, où il devra subir la condamnation à mort par crucifixion : "ll veut préparer les siens à ce scandale, le scandale de la croix, trop fort pour leur foi et, en même temps, annoncer à l’avance sa résurrection, en se manifestant comme le Messie, le Fils de Dieu". Son visage "s’est mis à briller comme le soleil et ses vêtements sont devenus blancs comme la lumière", dit l'Évangile. Cette luminosité, a expliqué le Pape, "éclaire les esprits et les cœurs des disciples, pour qu’ils comprennent clairement qui est leur Maître". Sur ce "chemin de Lumière" (Via Lucis), ils sont appelés à "voir à l’avance la gloire de Dieu" qui leur permettra de "tenir devant le drame de la faiblesse du Christ emprisonné… puis crucifié". C’est un moment "fugace, généreux", a souligné le souverain pontife, "une étincelle de lumière qui s’ouvre soudain sur le mystère de Jésus et éclaire toute sa personne et toute son histoire".

Car jusqu’ici, Jésus se montrait aux siens sous les traits d’un "messie différent de celui qu’ils attendaient, qu’ils imaginaient" : "Non un roi puissant et glorieux, mais un serviteur humble et désarmé ; non un seigneur de grande richesse, signe de bénédiction, mais un homme pauvre qui n’a pas là où reposer sa tête ; non un patriarche avec une descendance nombreuse, mais un célibataire sans maison et sans nid ». Et puis voilà que tout s’inverse, "et le signe le plus déconcertant de ce renversement scandaleux c’est la croix", a poursuivi le Pape, cette croix qui conduira Jésus "à la glorieuse résurrection", qui est l'étape "définitive" contrairement à cette transfiguration qui "n’a duré qu’un moment, qu'un instant".

Le crucifix, message d’amour et d’espérance

"Qui meurt avec le Christ, avec le Christ ressuscitera. La croix est la porte de la résurrection. Qui lutte avec Lui, avec Lui triomphera. C’est le message d’espérance véhiculé par la croix de Jésus, qui transmet force à notre existence", a expliqué le Saint-Père. Et c’est pourquoi « la Croix chrétienne », le crucifix, ne saurait être traité comme "un simple objet de décoration, ou un ornement", mais comme symbole précieux de "l’amour avec lequel Jésus s’est sacrifié pour sauver l’humanité du mal et du péché". En ce temps de Carême, a-t-il donc invité, "contemplons avec dévotion l’image du crucifix", en prenant modèle sur Marie qui "a su contempler la gloire de Jésus cachée dans son humanité". Prions, a conclu le Pape, pour "qu’elle nous aide à demeurer avec Lui dans la prière silencieuse, à nous laisser éclairer par sa présence, pour que dans nos cœurs, dans les nuits les plus sombres, brille le reflet de sa gloire".

Visite paroissiale

Regarder la Croix et le visage "défiguré, torturé, méprisé, ensanglanté" de Jésus, regarder jusqu'où il "s’est abaissé" pour "prendre sur lui nos péchés", a exhorté de plus belle le Pape, quelques heures plus tard, en célébrant la messe devant une foule immense de fidèles à la paroisse romaine Santa Maddalena di Canossa, dans la banlieue nord de Rome. Le péché, a-t-il rappelé, est "ce qu'il y a de plus laid", une "offense à Dieu", une "gifle à Dieu", c’est comme Lui dire  : "Je me fiche de toi, moi je préfère ça". Et bien Jésus "s’est fait péché" pour nous, "il a payé pour nous tous ; s’est fait malédiction de Dieu pour nous. Le Fils bien-aimé dans la Passion est devenu le maudit, parce qu’il a pris sur lui nos péchés", a insisté avec force l’évêque de Rome. Oui, Jésus "s’est abaissé jusque-là", il "s’est fait malédiction de Dieu pour nous", a-t-il martelé comme dans un leitmotiv.

En ce temps de Carême, le Pape ne dit pas au croyant "de se faire péché" "nous ne pouvons pas", a-t-il ajouté mais de "regarder son propre péché, et de le regarder Lui Jésus qui s’est fait péché", l'exhortant par la même occasion à perdre cette "triste habitude" qu’ont certains de "parler des péchés des autres au lieu de se préoccuper des leurs".

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