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Bailleul, la seule ville où vous pouvez assister déguisés à la messe

© Freezoom – Carnaval de Bailleul – église St Vaast

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Fanny Magdelaine - publié le 28/02/17
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Avant d'entrer dans le Carême, les Bailleulois organisent un carnaval extraordinaire durant 5 jours.

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À Bailleul, dans le Nord, le carnaval est à son apogée le mardi gras. À minuit, on remballe tout pour laisser place religieusement au mercredi des cendres.

Ce serait le troisième carnaval de France après les carnavals de Nice et de Dunkerque, son célèbre voisin nordiste. Et ici, dans les Flandres, le carnaval est une véritable religion : tous les Bailleulois – excepté l’infime minorité qui n’aime pas ces festivités ! – le préparent pendant des semaines avant de le vivre avec passion durant cinq jours. Cinq jours de folle convivialité entre bals, défilés de chars et de géants, concours de masques et d’intrigues ou encore la visite du célébrissime docteur Piccolissimo qui soigne les maux du carnaval.

« Le carnaval est évangélique, explique le père Pascal Janin, Bailleulois d’adoption qui ne manquerait un carnaval pour rien au monde. On y vit le magnificat : le riche devient pauvre et le pauvre devient riche… N’y a-t-il  pas dans cette inversion un peu du royaume de Dieu ? En tout cas, il y a dans le carnaval quelque chose qui dit la fraternité… ».

Vu d’ailleurs, le carnaval ici peut sembler totalement fou… et sans doute l’est-il ! « Ce n’est pas pour rien qu’autrefois, on élisait pendant le carnaval l’évêque des fous, souligne le père Janin, par ailleurs aumônier de l’EPSM de Bailleul, l’Établissement public de santé mentale. Le temps du carnaval, on devient tous un peu fous mais après tout, notre Dieu est un Dieu de l’excès même si tous les excès ne sont pas divins ! Et c’est pourquoi, quand le carnaval se termine, nous faisons pénitence… ».
Derrière les masques et les déguisements, les barrières sociales disparaissent le temps du carnaval, les liens se font en toute jovialité, simplicité et fraternité. « J’aime cette joyeuse convivialité, ce temps de fraternité où on se mélange, poursuit le prêtre. C’est au carnaval que mon directeur de l’hôpital m’a tutoyé pour la première fois… ».

Carne levare = « enlever la viande »

À l’origine de tous les carnavals, il y a la religion et l’entrée en carême. Le mot carnaval vient du latin médiéval, carne levare qui signifie littéralement « enlever la viande » ! Et avant de jeûner, dès le Mercredi des cendres, il est de bon ton de ripailler, de festoyer et de profiter pleinement du Mardi gras.

À Bailleul, le carnaval commence vraiment le jeudi de la semaine précédant l’entrée en carême, généralement par le carnaval des personnes handicapées. Puis les festivités s’enchaînent sans pause jusqu’au mardi soir suivant. Même la Société philanthropique, qui gère les festivités, a toujours refusé que le carnaval des enfants ait lieu le mercredi, premier jour, sacré, de carême. Les enfants s’amusent donc le lundi, un jour chômé dans les écoles locales cela va sans dire !

Durant ces jours de fête, Pascal Janin, lui, ne chôme pas entre la bénédiction de nouveaux géants – qui n’arriveront pas à la cheville du géant bailleulois Gargantua ! –, la messe costumée du dimanche instaurée depuis 2006 dans une église qui déborde de fidèles déguisés ou l’accueil des carnavaleux chez lui : « Je fais chapelle* le mardi soir et le temps de la soirée ma maison est rebaptisée  “abbaye de Thélème” du nom de l’abbaye de Gargantua ! » Et à minuit, chacun, ou presque, rentre sagement chez soi pour se préparer à entrer en carême. Le lendemain, la messe du Mercredi des cendres est, certes, beaucoup plus calme. On y dépose tout de même, symboliquement, quelques vestiges du carnaval…


* « Faire chapelle », dans le Nord, pour les carnavaleux de Dunkerque ou de Bailleul, consiste à ouvrir sa maison aux participants du carnaval qui défilent dans la rue, et à leur offrir à boire et à manger !

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