Rencontre avec Roula Najem, directrice générale et Amélie Jacqmart, volontaire.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
À 40 kilomètres au nord-est de Beyrouth, fondée par Yvonne Chami, Anta Akhi est une maison où vivent ensemble des personnes handicapées et valides. Les volontaires, qui viennent y passer un temps, sont invités à entrer dans un chemin de vie.
Roula Najem, directrice générale, nous parle du volontariat et Amélie Jacqmart nous partage son expérience comme volontaire.
Aleteia : Roula, pourquoi Anta Akhi accueille des volontaires ? Quel est leur rôle dans une maison comme la vôtre ?
Roula Najem : Le volontariat est l’un des secrets et fondements de notre famille de Anta Akhi. “Le volontaire est une présence.” Il ne donne pas quelque chose mais il se donne lui-même.
Un volontaire n’a pas d’âge, ni de région, il est avant tout un cœur, un potentiel de don et d’amour. Il vient agrandir notre famille, élargir nos horizons, enrichir notre vie et, avec nous, il puise à la source divine qui peut assouvir son âme.
Que voulez-vous partager avec les volontaires ?
À Anta Akhi, toute personne, qu’elle soit atteinte de handicap ou bien-portante, découvre la place qui est la sienne. Le fait de vivre ensemble permet de comprendre que nous sommes tous différents et complémentaires. À Anta Akhi nous disons : “Tu grandis par ma présence comme je grandis grâce à ta présence.”
Les volontaires sont interpellés par la joie et la sérénité dans lesquelles vivent les personnes qui portent un handicap. Cette attitude est le fruit de l’accompagnement qui leur est proposé, dès l’enfance, et que nous appelons la “formation existentielle”. Cette formation aide à répondre aux questions existentielles inévitables : Qui suis-je ? À quoi sert ma vie ? Ma vie vaut-elle la peine d’être vécue malgré le handicap ? Basée sur les valeurs et les fondements de la parole de Dieu, elle est le cœur de la mission de Anta Akhi.
Cette logique de pensée est proposée à chacun, handicapé ou bien-portant, pour conduire sa vie et vivre heureux en rendant heureux.
Parlez-nous un peu du Liban…
Le Liban est un petit pays riche de cultures, de traditions, de religions et qui a une histoire très mouvementée de plus de 6000 ans. Les Libanais se sont relevés de tant d’années de guerres et d’occupation. Mais nous continuons à espérer malgré une situation géopolitique très difficile. La foi est le socle de notre pays.
Amélie, tu as passé six mois à Anta Akhi comme volontaire, raconte-nous une anecdote qui a marqué ton séjour ?
Je me souviens du jour où j’ai commencé à entrer en relation avec Mikael, un jeune homme polyhandicapé. J’ai glissé timidement ma main dans la sienne et joué avec ses doigts qu’il ne peut pas déplier. Lorsqu’il m’a répondu en faisant des petites pressions, presque imperceptibles, j’ai eu l’impression d’entendre les pulsations de nos cœurs qui battaient à l’unisson.
Ce qui m’a marquée c’est que nous ne choisissons pas de subir telle ou telle souffrance, mais nous sommes libres de lui donner du sens. Il y a le fait de vivre et celui de choisir la vie telle qu’elle nous est donnée.
Qu’est-ce qui t’a marquée au Liban ?
J’aime ce pays avec ses contrastes et ses forces admirables, la vie qui surgit sans retenue, avec violence parfois. J’aime la générosité et l’accueil du peuple libanais, sa joie, ses chants, ses danses, son sens de la famille, sa foi vivante pleinement assumée. Aujourd’hui encore, mon cœur est rempli de cet amour reçu et partagé qui donne sens à la vie.
Propos recueillis par Marie Chareton.