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Femmes criminelles : regard croisé sur deux affaires. Cécile Bourgeon, la mère coupable (2/2)

© THIERRY ZOCCOLAN / AFP

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Ondine Debré - publié le 24/02/17
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Qu’ont en commun les affaires de la petite Fiona et de Jacqueline Sauvage ?

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En mai 2013, la France entière découvre le visage de Cécile Bourgeon à la télévision : blonde, le regard perdu, le discours saccadé empli d’effroi. Cette jeune mère recherche sa fille Fiona, âgée de 5 ans, qui a disparu alors qu’elle jouait dans un square de Clermont-Ferrand. Enceinte, Cécile Bourgeon s’est assoupie sur un banc.

Un dispositif de recherche se met alors en marche et l’on voit Cécile Bourgeon en direct sur toutes les chaines de télévision. Malheureusement, la petite reste introuvable.

Un doute s’installe chez les enquêteurs 

Assez vite, les enquêteurs ont un doute. Ils attendent que la jeune mère accouche au mois d’août et mettent Cécile Bourgeon et son compagnon, Bekrane Makhlouf, en garde à vue début septembre 2013. Dès sa quatrième audition, la mère avoue que Fiona n’a pas été enlevée mais qu’elle est morte après avoir été battue par son beau-père. La petite fille a été retrouvée le dimanche matin dans son lit avec « du vomi dans la bouche ». L’histoire que racontent ces deux toxicomanes diffère et chacun rejette la faute sur l’autre.

Pour ceux, nombreux, qui suivent cette histoire épouvantable, c’est la sidération : le mensonge de ce couple mortifère provoque une vague de haine terrible dans l’opinion publique. Trompés, ceux qui, jusqu’à présent, soutenaient avec toute leur compassion le calvaire de ces parents meurtris, ne s’en remettront pas et deviendront alors les pires accusateurs publics.

Un fait-divers qui attire toutes les haines

Le procès débute en novembre 2016 à Riom. Il y aura dès lors, un public anormalement important  à l’intérieur de la cour mais aussi à l’extérieur. Un seul but : dire la haine que leur inspire ces deux accusés ! Chacun laisse libre court à sa volonté de vengeance : torture, pendaison, bain d’acide, tout y passe et rien n’est assez violent pour faire souffrir ces deux bourreaux d’enfant.

Mais c’est surtout Cécile Bourgeon qui attire toutes les haines. Cette mère fait se lever un torrent de violence qui « subjugue » les observateurs avertis et étonne les plus endurcis. Malgré l’horreur du crime, il s’agit d’un fait-divers comme on en rencontre beaucoup et pourtant l’histoire prend une ampleur considérable. Plusieurs éléments l’ont fait sortir du lot : le mensonge des parents tout d’abord qui, en attirant à eux la compassion et l’émotion du grand public, ont pris le risque de le voir se retourner contre eux avec toute la violence collective dont il est capable.

Le corps toujours pas retrouvé 

Ensuite, ces deux toxicomanes, qui sont tout ce que personne ne veut devenir, seront incapables, tout au long du procès, de se rappeler où ils ont enterré leur enfant.

Peut-on imaginer acte plus irrespectueux, plus infâmant, que de laisser son enfant pourrir comme une charogne et disparaître sans au moins lui donner un lieu éternel où elle continuera d’exister pour ceux qui la pleurent ? Preuve accablante, à nouveau, pour l’opinion publique, qui lit dans le brouillard qui tombe sur les explications de ces épaves, une preuve du désamour dont la petite est morte.

Aux termes des deux semaines de procès, la justice condamne le 25 novembre 2016 Cécile Bourgeon à cinq années de prison pour « non assistance à personne en danger » et elle est déchue de l’autorité parentale sur ses deux autres enfants. Bekrane Makhlouf a lui été condamné à vingt ans pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Une décision contestée par l’opinion publique 

La vérité judiciaire, qui a donc écarté la culpabilité de la mère de Fiona, n’est pas celle de l’opinion publique, loin s’en faut.

Plusieurs pages Facebook existent à la mémoire de la petite fille et dénoncent une décision « honteuse, indigne » qui « laisse une meurtrière s’en tirer avec cinq ans ». Fiona est devenue la « petite princesse » de tout un tas de personnes qui alimentent de nombreuses pages internet qui attaquent « cette salope, grosse vache » de Cécile Bourgeon et demandent ce qu’il y a de pire à son égard.

Les avocats ont récemment, et pour la quatrième fois, fait une demande de libération conditionnelle pour Cécile Bourgeon, qui est déjà restée plus de trois ans en prison. Une demande intolérable pour ceux qui alimentent ces sites et pages et dont on ne retient malheureusement que la folie et l’ivresse malsaine qui les accompagnent.

« C’est l’accumulation et le manque de retenue qui met très mal à l’aise » explique Renaud Porte-Joie, l’avocat de Cécile Bourgeon. Il ajoute : « Le vide alimente le fantasme et trop de mensonges, trop d’incertitudes subsistent, ce qui expliquent ce déchaînement à son égard, et dont sont aussi parfois victime ses défenseurs. »

Devant toutes les incertitudes de cette histoire macabre, le parquet a fait appel et un nouveau procès se tiendra bientôt. De quoi attiser de nouvelles violences virtuelles dans tous les sens du terme.

MAJ : La justice a rejeté pour la deuxième fois mercredi 22 février 2017, une demande de remise en liberté de la mère de la petite Fion.


Lire aussi : Femmes criminelles : regard croisé sur deux affaires. Jacqueline Sauvage, la victime meurtrière (1/2)


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