Religieux et religieuses du Kasaï central se disent “traumatisés” par le nouveau tournant que prennent les violences dans le pays.
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Bouleversée depuis des mois par des affrontements “violents et brutaux”, comme le soulignait le Pape à l’angélus de dimanche, la République Démocratique du Congo (RDC) a été secouée ce weekend end par de nouvelles violences, dirigées tout particulièrement contre des biens de l’Église catholique. D’après l’agence Fides, la capitale, Kinshasa, a été dimanche le théâtre d’un grave acte de vandalisme, perpétré par une dizaine de jeunes inconnus qui ont saccagé la paroisse Saint-Dominique aux premières lueurs de l’aube.
Dans le Kasaï central
Le 18 février, dans le Kasaï central, le Grand Séminaire de Malole de Kananga qui a été assailli et saccagé par des miliciens du feu chef coutumier Kamwina Nsapu – grand contestataire de l’autorité de l’État, tué en août dernier dans une opération de police – avant d’être délogés par les forces de l’ordre. “Les miliciens ont enfoncé systématiquement les portes des chambres et détruit tout ce qui s’y trouvait. Ils sont entrés dans les chambres des enseignants et ont brûlé leur bagages”, a déclaré à Radio Okapi le recteur du Séminaire, le père Richard Kitenge. Un autre groupe de miliciens aurait tenté d’attaquer le couvent de Malole mais a été repoussé par les forces de l’ordre. Le vice-gouverneur du Kasaï-Central, Justin Milonga, et des membres du conseil provincial de sécurité, ainsi que des responsables de la MONUSCO, se sont rendus sur place le jour-même, trouvant des “religieuses et religieux traumatisés” par ces nouveaux événements qui font monter d’un cran la tension dans la région.
Cinq paroisses en péril
Depuis quelques mois, plusieurs villes et cités des provinces du Kasaï connaissent effectivement des accrochages entre les forces de l’ordre et des miliciens qui s’attaquent aux édifices et symboles du pouvoir. Mais jamais ces derniers ne s’étaient encore attaqués à des biens de l’Église. L’abbé Richard a profité de cette nouvelle situation pour inviter les autorités congolaises à “mettre fin à cette spirale de violences causée par cette milice qui, depuis plusieurs mois, tue des personnes et cause des dégâts matériels importants”. Des violences “exceptionnelles et d’une atrocité inimaginable”, avait dénoncé l’évêque de Luiza, Mgr Félicien Mwanama Galumbulula, quelques jours auparavant. Selon son témoignage rapporté par Fides, les paroisses de Mubinza, Ngwema, Lubi, Kamponde, Mikele sont au cœur de la tourmente : “Certaines sont vides et d’autres vidées de leurs habitants et de leurs patrimoines par des pillages”, a déclaré l’évêque. Selon l’Onu, les violences au Kasaï central auraient provoqué au moins 50 morts dans la seule province de Tshimbulu au cours de ces derniers jours.
Paroisse de Kinshasa
À Kinshasa, le lendemain, une dizaine de jeunes inconnus ont saccagé la paroisse Saint-Dominique aux premières lueurs de l’aube. Selon le témoignage du curé, rapporté par Fides, “le groupe était organisé avec des sacs à dos pour emporter les objets volés ». Le gouvernement congolais a condamné l’attaque et affirmé que les auteurs de la profanation étaient des “inciviques se réclamant d’un parti politique”. À en croire le porte-parole du gouvernement, rapporte Radio Okapi, ces derniers ont attaqué la paroisse en lançant « des slogans hostiles à la hiérarchie de l’Église catholique pour ses prétendues accointances politiques en relation avec les discussions directes qui se déroulent depuis la fin de l’année dernière entre acteurs politiques et sociaux congolais sous les bons offices de la Conférence épiscopale nationale du Congo .