Oublié après sa mort, il a été remis sur le devant de la scène artistique au XXe siècle. Pourquoi un tel engouement ?
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Michelangelo Merisi naît en 1571 et grandit dans le village lombard du Caravaggio, duquel il tiendra son surnom. Comme beaucoup d’artistes peintres de son époque, son apprentissage débute tôt. Alors qu’il n’a que treize ans, il entre en apprentissage auprès de Simone Peterzano, à Milan, chez qui il apprend tout de la peinture maniériste, très à la mode au XVIe siècle. Puis, quelques années plus tard, le jeune homme décide qu’il a assez appris et quitte cet atelier pour tenter sa chance à Rome, ville d’art dans laquelle les mécènes ne manquent pas pour qui sait se démarquer.
Une popularité fondée sur un style unique
Lorsque le Caravage arrive à Rome, il n’a que vingt ans et très peu d’expérience en tant que peintre de métier. Il connaît alors des débuts difficiles, partageant la vie du peuple et lui empruntant quelques-uns de ses modèles. Cependant, la période pendant laquelle il vit à Rome est propice à l’éclosion de nouveaux talents, recherchés principalement par l’Église catholique. En effet, du XVIe au XVIIe siècle, beaucoup d’églises et d’immenses palais sont construits et demandent la production de nombreuses peintures. Or, cette activité coïncide avec la Contre-réforme pendant laquelle l’Église catholique romaine se lance à la recherche d’un art religieux qui pourrait contrer la menace du protestantisme, une quête qui exclue le courant maniériste.
Cela tombe bien, le jeune Michelangelo n’a pas l’intention de faire toute sa vie des œuvres de ce style et il recherche la nouveauté. Il se met alors à proposer des œuvres radicalement naturalistes, dans lesquelles se mêlent une observation physique pointue et une mise en scène dramatique, à la limite du théâtral. Ce style très personnel aux antipodes de celui de Raphaël, alors référence absolue, plaît ou choque, sans demi-mesure.
L’itinéraire d’une recherche spirituelle
Le Caravage est connu pour avoir été un homme sanguin et violent, ce qui, malgré ses protecteurs, le conduisit plusieurs fois en prison et finalement, à l’exil, après que le Pape ait lancé un arrêt de mort contre lui. Souvent à la limite de la provocation, il aimait prendre des prostituées pour modèles, même lorsqu’il représentait une scène religieuse. Au cours de ses créations, il lui arriva de devoir recommencer certains tableaux tels que La conversion de Saint Paul sur le chemin de Damas, dont la première version montrait une composition dans laquelle saint Paul était éclipsé au profit de son cheval. À première vue, l’artiste qui illustrait avec un talent indéniable des scènes des Saintes Écritures n’avait donc rien d’un saint lui-même.
Pourtant, ses œuvres témoignent d’une recherche spirituelle, depuis sa première grande commande, réalisée de 1599 à 1602, qui marque un tournant important dans sa vie. Ces toiles de la vie de saint Matthieu destinées à l’Église de Saint-Louis-des-Français traduisent en effet, à travers leurs clair-obscur, une interrogation de l’auteur vis-à-vis du bien-fondé de son interprétation qui est réaliste, même lorsqu’il s’agit d’évènements sacrés. Le luminisme, particulièrement, viendra adoucir une représentation qui est habituellement très crue, et contribuera à rendre célèbre cet auteur par la création d’un nouveau langage, qui justifiera les libertés qu’il prend et permettra à l’Église de reconnaître ses œuvres. Bien que quelques siècles soient passés depuis la création de ces dernières, le Caravage a donc laissé un héritage remarquable par sa technique et sa créativité, mais aussi par la réelle sensibilité qui se dégage de ses œuvres qui continuent de nous toucher aujourd’hui.