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La Birmanie en proie à un violent conflit religieux

© ESB Professional / Shutterstock

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Michel de Remoncourt - publié le 18/02/17
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De nombreux ingrédients sont réunis pour favoriser l’émergence d’une insurrection violente. (1/2)

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Dans un précédent article il était question de la dimension religieuse de la guerre au Cachemire entre l’Inde et le Pakistan. Mais l’Asie ne se limite pas à la Chine, aux deux Corées et à l’Inde. De nombreuses zones de conflit, probablement jugées trop lointaines, trouvent peu de relais parmi l’opinion publique de nos pays. La chronique récente d’Antoine Besson est l’occasion de s’attarder sur une région à l’est de l’Inde, la Birmanie, qui est en proie à un conflit à forte dimension religieuse.

Des insurrections musulmanes à répétition

Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’état de Rakhine était une ligne de front entre l’attaquant japonais et les forces alliées. Les musulmans et les bouddhistes Rakhine se sont ainsi retrouvés dans les deux camps opposés et ont chacun commis massacres et exactions dans leur zone d’influence. Quelques mois après l’indépendance, en avril 1948, une rébellion moudjahidin voit le jour : les rebelles veulent annexer le Rakhine au Pakistan de l’Est (actuel Bangladesh), mais le Pakistan s’y oppose.

Il faut attendre 1954 pour que l’armée lance une grande offensive (Opération Monsoon) et s’empare des places-fortes moudjahidin dans les montagnes sur la frontière de l’actuel Bangladesh. En 1974, dans l’élan des mouvements pan-islamistes, le Rohingya Patriotic Front (RPF) est créé. Après des divisions internes, une branche radicale se sépare et devient en 1982 la Rohingya Solidarity Organization (RSO), un groupe armé qui, suite à plusieurs défaites majeures sur le terrain et à cause d’un manque de support local, s’essouffle fin 1990, début 2000.

Depuis, le RSO est devenu une sorte d’étiquette facilement utilisable, sans lien avec l’organisation originelle. Les autorités gouvernementales ont continué d’accuser le RSO pour les attaques récentes (octobre-novembre 2016). Pour autant il n’existe aucune preuve tangible de la renaissance de cette organisation, qui semble bel et bien incapable de mener des opérations de cette ampleur. En revanche, une forte activité de trafic de drogue et de contrebande dans la zone pourrait en grande partie expliquer l’instabilité de la zone.

Politique discriminatoire contre les minorités religieuses

La politique anti-musulmane mise en place depuis la Seconde Guerre Mondiale s’est considérablement durcie depuis les violences qui ont eu lieu dans l’état de Rakhine en juin et octobre 2012. Ces nouvelles mesures se sont additionnées au refus de la citoyenneté (les Rohingyas birmans sont surnommés Bengali, c’est à dire habitant du Bangladesh…), à l’obligation de demander une autorisation pour contracter un mariage, aux restrictions de circulation, etc.

Malgré les discours, Aung San Suu Kyi et sa NLD (National League for Democracy), n’arrivent pas à résoudre le problème. Le respect des minorités religieuses est loin d’être chose acquise, d’autant plus que constitutionnellement le contrôle de l’armée n’est pas chose facile ; une armée dont la réponse à l’insurrection est disproportionnée, ce qui sera traité dans la seconde partie.

L’historique de ce conflit montre déjà que de nombreux ingrédients sont réunis pour favoriser l’émergence d’une insurrection violente : discrimination de longue date, sentiment d’insécurité, cristallisation de la légitimité musulmane autour d’une entité historique mais radicale. Les récents événements d’octobre et la réaction militaire s’annoncent comme une dangereuse étincelle prête à mettre le feu aux poudres.


Lire aussi : Le conflit au Cachemire : une guerre de religion ?


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