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3 questions à Laura Morosini de Chrétiens unis pour la terre
Aleteia : Dans quelques mois aura lieu en France l’élection présidentielle. Quelle est selon vous la mesure que le futur président devrait absolument mettre en place ?
Laura Morosini : Il y a deux mesures courageuses et concrètes que j’aimerais voir mises en place. La première serait d’arrêter les exportations d’armes de la France. Elles détruisent à la fois les humains et la nature, et puis on est dans une période de forts conflits, ou en tout cas, j’ai le sentiment que les violences augmentent. La France est l’un des principaux exportateurs mondiaux d’armes, ce n’est pas du tout un bon signal. Je sais que ça compte beaucoup dans notre balance commerciale, donc il faut que cette mesure soit préparée. Ce serait un choix fort pour une société forte, allant vers la paix, mais c’est une question trop peu soulevée.
Une deuxième mesure qui devrait être mise en place selon moi, c’est un droit à l’expérimentation. Aujourd’hui, beaucoup de personnes, de groupes veulent expérimenter ; de nouveaux modes d’organisation, d’agriculture, de construction, et souvent, ils sont dans l’illégalité. La plupart du temps pour se lancer dans ce type d’expérimentation, on doit s’éloigner de la société, du droit. Par exemple, tout ce qui est maisons auto-construites, occupation des terres, habitats collectifs… Les permis sont difficiles à obtenir. Il y a aussi les expérimentations pionnières en permaculture, en agriculture, en élevage… Ce sont des pistes d’avenir, plus écologiques, mais souvent freinées par la réglementation. De plus en plus de personnes ont envie d’expérimenter, de vivre autrement, et ça devrait être possible.
Enfin, un dernier point, ce n’est pas une mesure mais un projet : celui qui concerne l’Europe. On doit renouveler, repenser l’Europe, et pas seulement au niveau de la France. Il faut donc une alliance avec d’autres Européens pour définir un projet européen commun. Aujourd’hui, on s’oriente vers plus de murs, une armée européenne, alors que je pense qu’il faudrait s’orienter vers une formation à la paix, une sorte d’Erasmus de la paix. Il faut redonner du goût à l’Europe, face à tous ces détracteurs, mais la défendre telle qu’elle, c’est difficile.
Quel serait donc selon vous le président idéal, celui ou celle qui mettrait en œuvre toutes les mesures que vous évoquez ?
Je pense qu’il nous faudrait une sorte de Gandhi de l’écologie, quelqu’un avec un discours qui nous permettrait d’imaginer l’avenir. On manque cruellement de projets de société et de projets d’avenir, que ce soit individuel ou collectif. En dehors du mirage technologique, qui est un peu triste selon moi, on n’arrive pas à imaginer notre avenir. On a besoin de quelqu’un qui puisse avoir une hauteur de vue pour dessiner un projet. Il faut aussi que cette personne engage une réflexion sur notre système productif : qu’est-ce-qui rend les gens riches, qu’est-ce-qui fait la richesse d’un pays, et s’éloigner du projet exclusivement économique. Tant qu’on ne voit les choses que par ce prisme-là, on ne peut pas s’en sortir. Il faut miser sur la culture, la spiritualité aussi, la formation à la paix, de nouvelles formes d’organisation, l’expérimentation… Notre pouvoir de nuisance et de consommation n’a cessé de croître, notamment sur les espaces naturels, il faut maintenant que l’humaine croisse… Et le politique peut jouer un rôle aussi, : qu’est ce qui est valorisé à l’université, dans la recherche, ce sont aussi des budgets, des choix d’orientation… Ce n’est pas uniquement augmenter le pouvoir d’achat.
Quels sont les points qui doivent retenir l’attention des chrétiens dans les programmes et débats de la prochaine élection présidentielle ?
Après l’encyclique Laudato Si', ce serait bien qu’on entende les chrétiens sur les questions d’écologie et pas que sur les questions de famille et d’avortement. Il faut qu’on entende les chrétiens interpeller les candidats sur cette question-là également.
Propos recueillis par Margot Vignaud.