“Je me mis à comprendre l’existence réelle du bien et du mal, que j’avais toujours considérés comme des normes bricolées au gré de l’Histoire par les hommes.”
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Je suis un jeune Parisien de bientôt 25 ans que rien ne destinait à se tourner un jour vers cette chose indistincte et que j’appelais jusqu’à récemment encore « la religion ». Pourtant, depuis bientôt deux ans, je me considère comme catholique – et je serai très prochainement baptisé.
Ayant remis en question un certain nombre de principe que j’avais cru inflexibles, et ayant admis, contraint face à l’évidence, l’existence d’un monde spirituel qui ne pouvait se résumer au monde que j’avais sous les yeux, je n’en étais pas devenu chrétien pour autant. J’avais environ 20 ans et continuais à me dire athée. Le mystère qui se présentait à moi, l’existence de l’âme, la présence de cette autre chose que j’avais fini par admettre… Tout ça rendait obsolètes mes anciennes convictions, sans pour autant m’ouvrir à la foi. Il me semblait qu’il y avait là un phénomène rationnel dont il fallait simplement attendre l’explication.
C’est à cette période que j’ai commencé à m’intéresser aux religions antiques, et plus particulièrement au zoroastrisme, ce monothéisme perse du Ier millénaire avant J.C. Je venais de lire trois livres qui, chacun à leur manière, avaient éveillé en moi une vive passion pour cette religion qui, aujourd’hui encore, continue d’être pratiquée en Iran : Ainsi parlait Zarathoustra, de Friedrich Nietzsche, Demian, de Hermann Hesse et La Chouette aveugle, un étrange roman du poète iranien Sadegh Hedayat. Plongé dans l’atmosphère fascinante et effrayante à la fois de ce culte du feu ayant traversé les âges, je prêtai pour la première fois attention à mon âme.
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Je me mis à comprendre l’existence réelle du bien et du mal, que j’avais toujours considérés comme des normes bricolées au gré de l’Histoire par les hommes. Paradoxalement, c’est grâce à Nietzsche que j’en pris conscience – quand la majorité de ses commentateurs voient en lui un farouche opposant à la morale. N’envisageant désormais plus mes actes comme des choix concernant exclusivement ma conscience, je me libérai de la culpabilité. Alors que je ne m’étais laissé guider jusqu’ici que par l’utilité et le plaisir, je me mis à prendre en compte une dimension supérieure à laquelle je sentais que mes actions appartenaient. Ce n’était plus la peur de la mauvaise conscience qui me défendait de commettre tel ou tel acte, mais une conviction, parfois même contre mes intérêts ou mes goûts, que l’acte en question était intrinsèquement mauvais – et donc indépendamment de moi.
Naïf, manichéen et sans doute très éloigné du christianisme, mon état d’esprit de l’époque l’était sans aucun doute. Pourtant, si je me surprends aujourd’hui à sourire en y repensant, il me semble bel et bien que c’est à cette période que je cessai de me jeter insouciamment dans les excès que j’attribuais à la jeunesse. Toutes ces choses que je m’étais résigné à accepter comme autant de caractéristiques de la vie d’un jeune du XXIe siècle, tous ces travers qui, soudain, m’apparurent dans leur vérité, décevants et vains, ne me lassèrent pas du jour au lendemain. Mais je compris qu’à force de répéter : « Du moment que j’y prends du plaisir et ne fais de mal à personne », chacun s’isole et se mure dans un château de solitude, au murailles solidement érigées contre le monde, confortablement rassuré par une morale éminemment individualiste. Je réalisai subitement qu’il ne s’agissait pas uniquement de moi et des autres.
« Ne te souviens pas des fautes de ma jeunesse ni de mes transgressions ; Souviens-toi de moi selon ta miséricorde » (Psaumes 25, 7)
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