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Il est temps de ne plus nous laisser distraire par les expédients auxquels notre hypocrisie contraint les meilleurs de nos politiques.
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Nous pataugeons ces temps-ci dans le minable : un des principaux candidats à la présidence de notre République est menacé de disqualification dans les médias parce que sa femme aurait été payée pour des travaux difficiles à définir, dont on n’est pas sûr qu’elle les aurait exécutés selon des normes impossibles à établir. Le total des sommes d’argent ainsi encaissées au fil des ans de façon très hypothétiquement illégale est sans commune mesure avec ce que touche chaque mois une star du football. Et encore moins avec ce que des mécènes occultes, enrichis Dieu sait comment, distraient de revenus dont ils ne savent que faire, pour satisfaire des marottes ou assouvir des haines obsessives en déconsidérant tel candidat ou en soutenant tel autre. Un candidat auquel ils sauront bien rappeler ce qu’il leur doit si d’aventure, une fois élu, il avait le front d’aller jusqu’au bout de ses idées, pour autant qu’il en ait, au-delà de l’ambition d’une toute-puissance affranchie de tout engagement et équipée d’un réalisme sélectif et autocentré.
Sommes-nous moins hypocrites que nos politiques ?
Si l’on veut être sérieux ou simplement responsable, le problème n’est pas la vénalité ou la corruption des politiques. Il est le nôtre, pour autant que nous nous complaisons obstinément dans l’illusion que le service qu’ils rendent ne coûte rien et que les idées qu’ils proposent dans leurs campagnes sont adéquatement véhiculées par les médias, surtout préoccupés désormais par leur propre survie et qui ne voient de salut que dans le sensationnel iconoclaste qui « se vend ». La vraie question n’est pas de savoir si untel, afin de garder les moyens de n’être pas mis sur la touche, a eu recours à des fonds publics ou privés pour arrondir ses revenus et pouvoir ainsi payer non pas ses campagnes nationales, mais les factures de son dentiste. Étant donné la médiocrité relative des éventuels détournements nécessités par la fiction que, si la politique pèse sur l’économie, elle ne doit, elle-même, avoir aucune dimension économique. Ce qui compte n’est pas que nos politiques soient de purs esprits mais surtout leur programme, et qu’ils aient la capacité (dont on ne peut que présumer) de ne pas paniquer dans des épreuves qui ne seront pas seulement les leurs, mais celles de nous tous.
Toute autre prise en considération, et en particulier celle des moyens dont ils ont eu et gardent besoin en ce bas monde où rien n’est gratuit, fait non pas d’eux, mais d’abord de nous des hypocrites ou du moins des naïfs myopes qui ne voient que ce qu’on leur met sous le nez et en oublient le plus important. De surcroît, les poux qu’on va chercher dans la tête de l’un incitent à en chercher dans celle des autres. On en trouve fatalement, ce qui justifie le slogan : « Tous pourris ! » et le désenchantement du politique où nous nous condamnons à la démission collective et à une passivité suicidaire dans un contexte où la mondialisation ne fait que révéler les déficits de solidarité.
Sully et Colbert seraient-ils épargnés aujourd’hui ?
Alors, de grâce, cessons de nous laisser distraire par les expédients auxquels sont contraints ceux qui s’offrent à nous servir par la folle croyance qui nous est imposée qu’ils pourraient et devraient ne vivre que de l’air du temps ou de chiches subventions barêmisés. Ce ne sont pas des kleptocrates comme il en prolifère là où l’on est trop pauvre pour se payer la démocratie ! Quand bien même ces revenus seraient d’une licéité tangentielle, il reste à prouver qu’ils ont permis un enrichissement personnel, et que, selon les critères actuels des gardiens autoproclamés de la vertu, Sully et Colbert seraient déclarés « purs ». Ou bien faut-il réserver la politique à des millionnaires du genre de Donald Trump ? Le scandale, ce n’est pas les combines de nos politiques pour se faire de l’argent dont ils ont besoin non pour leur confort, mais pour faire leur métier. Ce qui devrait nous interpeler, c’est qu’ils en soient réduits à ça et que nous préférions l’ignorer.
En attendant que le financement de la politique devienne transparent – ce qui est vraisemblablement utopique –, nous pouvons regarder et comparer ce que proposent ceux qui briguent nos suffrages et les chances qu’ils ont de le mettre en œuvre. Le reste n’est que distraction infantilisante. Mais ne sommes-nous que des gamins qui se laissent impressionner dans la cour de récré par les garnements qui crient le plus fort et s’imaginent, par là, qu’ils font la loi dans le vrai monde ?