Le président Al Sissi, dans le cadre de la réalisation d’une “nouvelle capitale”, annonce la construction d’un vaste lieu de culte copte.
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Pour désengorger la capitale égyptienne, le président Al Sissi a annoncé la construction d’une nouvelle ville à l’est du Caire. Une grande partie de l’administration du pays y sera transférée, elle pourra accueillir 5 millions de personnes. Parmi les constructions prévues, une église et une mosquée, qui seraient inaugurés en 2018, et qui seront les plus grandes du pays.
Une église jouxtant une mosquée
La nouvelle a été reçue très favorablement par le pape copte Tawadros II, mais un autre copte, Jean Maher, président de l’Organisation Franco-Égyptienne pour les Droits de l’Homme avertit : il ne faudrait pas se méprendre sur la construction simultanée, sur le même site, d’une église et d’une mosquée. Il n’y voit pas un symbole d’unité ou d’égalité entre tous les Égyptiens, mais la continuation d’un pratique incontournable dans son pays natal : “Aussitôt qu’une église est construite en Égypte, une mosquée est construite juste à côté. C’est une façon de dire “nous sommes là”, ce n’est pas un message d’amitié !”
Pourtant, il salue le courage d’Al Sissi qui s’est rendu pour la troisième fois à l’église pour le Noël copte, le 7 février, osant appeler ce lieu “la maison de Dieu”. Jean Maher analyse que, quel que soit l’appui populaire d’Al Sissi, il ne peut pas gouverner en s’opposant frontalement aux deux forces souterraines, que représentent dans son pays les Frères musulmans et les salafistes. Aussitôt élu, le président s’est lancé dans des chantiers gigantesques, comme l’élargissement du canal de Suez, la construction de tunnels vers le Sinaï, sous le canal pour désengorger la région… Démontrant que l’Égypte n’était pas une nation contrainte à la stagnation dans la pauvreté.
Le droit de bâtir des églises
Un chantier, non moins colossal, a été entrepris durant l’été 2016 : la révision de la loi concernant la construction d’églises en Égypte. Jusqu’en 2016, un chrétien qui souhaitait bâtir un lieu de culte devait en faire la demande au président de la République en personne. Une seule autorisation était obtenue par an, ce qui était grandement insuffisant pour les communautés chrétiennes du pays. Beaucoup d’églises étaient donc bâties sans permis de construire, au risque d’être démantelées par les autorités. La loi 2016, approuvée par le Parlement égyptien, légalisera de fait toutes ces églises, à moins qu’un avis contraire ait été déposé avant août 2017. Par ailleurs, la nouvelle loi prévoit que les bâtisseurs devront faire leur demande auprès du gouverneur de leur région, et non plus du président.
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Enfin, le plus grand des chantiers que le président Al Sissi et ses alliés tentent de lancer s’intitule “la réforme de l’islam”. Dès 2014, il demandait aux religieux de la célèbre université islamique Al Azhar de purger l’islam de livres de savants musulmans contenant des appels au meurtre et à la torture des “mécréants”. Plus largement, c’est l’assainissement de la vénérable institution d’Al-Azhar, dont l’influence s’étend sur l’ensemble du monde musulman, que vise le président. Plusieurs imams sont de son avis, mais ce chantier-là sera autrement plus délicat que l’agrandissement d’un canal, voire la construction d’une ville de 5 millions d’habitants !