“Un sac de billes”, en salles depuis le 18 janvier, est un véritable hymne à la vie et à la fraternité.
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, Joseph et Maurice Joffo, deux enfants juifs, doivent fuir Paris pour échapper aux occupants nazis… Devant rejoindre la zone libre, ce n’est que le début de leur aventure.
Porter au grand écran le formidable récit de Joseph Joffo était un beau défi, qui valait la peine d’être relevé, tant est belle cette histoire de survie familiale. Et bien le film réussit à transmettre cet univers particulier : la guerre à travers les yeux d’un gamin.
Pour raconter l’épopée de ces deux frères et de leur famille, l’équipe du film a fait du bon travail. Les scénaristes nous livrent une histoire bien menée et certains dialogues font mouche. La musique est belle, lyrique, les paysages magnifiques, la reconstitution historique sérieuse. Patrick Bruel, visiblement inspiré, est pétri de dignité et de force, et offre une magnifique figure paternelle. Elsa Zylberstein est magnifique, pleine de courage. Christian Clavier superbe dans son personnage fétiche de héros/ salaud malgré lui, mais soudain rattrapé par la grandeur. Kev Adams incarne lui la belle insolence de la jeunesse. Et si l’on craint la caricature avec l’entrée en scène de Bernard Campan, c’est en fait dû aux idées mêmes du personnage, brillamment… campé. Pour preuve, son fantastique regard final. Mais la réussite du film repose entièrement sur les deux jeunes comédiens, simplement exceptionnels.
Audace et simplicité
On pourra reprocher quelques rapidités ou quelques raccourcis, mais qu’importe. On retrouve tous les codes de l’époque troublée de la Seconde Guerre mondiale, avec ses nombreuses victimes et ses bourreaux, ses quelques héros ou collabos et son flot de pauvres gens ne désirant qu’être tranquilles, ses actes d’injustice de part et d’autre, l’homme dans ce qu’il y a de meilleur et de pire… Mais ici, tout cela est vécu par deux gamins. On oscille alors entre horreurs et espiègleries. Cette course-poursuite prend parfois les allures d’un innocent jeu de piste, d’une sympathique aventure de vacances à travers la France. Il n’en est rien, la gravité rôde toujours à quelques pas de là. A contrario, lorsque vient un temps d’épreuves, la simplicité de l’enfance finit par pointer le bout de son nez. La guerre les a faits hommes en quelques jours. Mais ils restent enfants au fond de leur âme. Ils sont à la fois courageux, rusés, débrouillards, généreux, persévérants, audacieux, justes et plein d’humour, taquins, complices, soudés, spontanés, simples. Ce mélange d’audace et de simplicité au milieu du chaos est saisissant. Et même inspirant. Dans notre époque troublée, puis-je désirer une vie tranquille ? Ne suis-je pas plutôt tenté par l’aventure, la dignité, la grandeur, le don de soi, comme ces deux gamins, Jojo et Maumau ? Là où leurs aînés avaient échoué, ils réussissent : ils s’appuient l’un sur l’autre et se complètent, ils se font confiance et s’entraident. Ce que leurs aînés avaient oublié d’être, ils le sont : frères.
Un sac de billes (4/5)
1h50, sortie le 18 janvier 2017. De Christian Duguay.
Avec Patrick Bruel, Elsa Zylberstein, Christian Clavier.