La gauche et la droite ont été criblées, tout au long de la semaine, par des scandales réels ou supposés dont la révélation pollue le débat politique.
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Succédant à « l’imbroglio », selon Nice Matin , sur la participation réelle au premier tour de la primaire à gauche, une cascade d’ « affaires » a largement rempli l’espace médiatique tout au long de la semaine.
Un député, un ancien ministre, trois ministres, et Pénélope Fillon…
Le 25 janvier, le député (DVG) de Haute-Corse, Paul Giacobbi, était condamné à trois ans de prison ferme pour détournement de fonds publics, rapporte Le Monde. Le même jour, parution d’un livre-enquête, Dans l’enfer de Bercy, (JC Lattès), dans lequel deux journalistes, Marion L’Hour (France Inter) et Frédéric Says (France Culture), accusent Emmanuel Macron « d’avoir pioché dans l’enveloppe de frais de représentation de son ministère pour préparer sa future campagne » lorsqu’il était ministre de l’Économie, résume L’Obs . Soit environ 120 000 euros qui auraient bénéficié au lancement d’ « En marche ». Le 25 janvier toujours, Le Figaro annonce que la Cour des comptes va se pencher le 20 février, lors d’une audience publique, sur le cas de trois ministres en exercice, Ségolène Royal, Jean-Yves Le Drian et Bernard Cazeneuve, qui auraient utilisé, selon une information du Canard enchaîné, quelque 300 millions d’euros de crédits budgétaires « hors du contrôle d’un comptable public, seul habilité à manier l’argent de l’État ». Enfin, pour couronner le tout, toujours le 25 janvier, éclate le « Pénélope gate », lancé cette fois encore par Le Canard enchaîné…
Cette dernière « affaire » est naturellement la plus commentée : elle vise, à travers son épouse, le candidat de droite à l’élection présidentielle quelques jours avant son grand meeting du dimanche 29 janvier qui doit le « relancer » après un « faux plat » relève RTL. Selon Le Canard enchaîné, Pénélope Fillon a été rémunérée huit ans comme attachée parlementaire par son époux et par son suppléant à l’Assemblée nationale, et pendant 20 mois par La Revue des deux mondes. « Emploi fictif » soupçonne Le Canard enchaîné. La justice n’a pas traîné : le Parquet national financier (PNF) a annoncé le 26 janvier l’ouverture d’une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics et abus de biens sociaux.
Emploi réel ou fictif ?
« Rien n’interdit » à un parlementaire d’engager un conjoint ou un membre de sa famille comme attaché parlementaire, explique LCP : « 10 à 15% des 900 parlementaires ont un collaborateur qui porte le même nom qu’eux (…) Selon le chef de file des députés socialistes, Olivier Faure, “la polémique porte moins sur les emplois familiaux que sur le fait de savoir si une personne qui a été embauchée avec de l’argent public a effectué ou pas un travail quantifiable”. “Le député est le propre employeur de son collaborateur. À lui de choisir son équipe et de gérer comme il le souhaite” et “l’Assemblée n’a pas vocation à contrôler”, fait valoir auprès de l’AFP Marie-Françoise Clergeau. Première questeure au Palais Bourbon, chargée de sa gestion, elle renvoie à l’interdiction générale de “tout emploi fictif”.
À ce propos, d’anciennes déclarations gênantes de Pénélope Fillon refont surface, relève Sud-Ouest : « En octobre 2016, elle confie au Bien Public : “Jusqu’à présent, je ne m’étais jamais impliquée dans la vie politique de mon mari”. Le mois suivant, même discours, rapporté par Europe 1 : “J’ai tout d’un coup senti le besoin de m’impliquer, de m’engager un peu plus fortement que je ne l’ai fait jusque-là puisque depuis 35 ans, je suis bien restée dans l’ombre.” » Mais sans doute peut-on dire de la plupart des attachés parlementaires qu’ils « restent dans l’ombre ». La question se pose tout de même de savoir qui a vu Pénélope Fillon au travail, à Paris ou dans la Sarthe, et si le couple peut fournir des preuves du travail allégué. Quoi qu’il en soit, le coup est rude, souligne RTL : « … ça vient mettre à mal la campagne du candidat “exemplaire”. Il faut se rappeler que la première motivation du vote des électeurs de François Fillon lors de la primaire était “l’honnêteté”. Il faut se rappeler aussi que, pendant la compétition de la primaire, c’est lui qui avait ouvert le feu sur la pratique politique, sur l’intégrité, sur la morale qui fait trop souvent défaut. “Imagine-t-on le Général de Gaulle mis en examen se présenter à la présidentielle ?” : c’est ce qu’il avait lancé en visant Nicolas Sarkozy. Cette phrase lui revient en boomerang aujourd’hui. »
Les lieutenants de François Fillon sont montés au créneau avant que lui-même n’intervienne au 20h de TF1, le 26 janvier. « On a compris d’où venait le coup. Seule l’administration fiscale peut donner des informations fiscales sur un particulier à un journal. On a compris que François Hollande a décidé d’ouvrir un boulevard à Emmanuel Macron», a expliqué un fillioniste à Paris-Match. « Il a fallu trois mois pour que le parquet commence à enquêter sur les comptes en Suisse de Jérôme Cahuzac, et même pas 24 heures pour François Fillon. Étrange… » s’étonne un autre, dans Le Parisien. Mais d’autres de pointer du doigt la piste interne : « Vu le climat du moment, je ne serais pas surpris que le crime soit signé des sarkozystes, ils reprochent toujours à François de mal les traiter dans cette campagne », lâche carrément un député filloniste.
Les parlementaires ne se précipitent pas pour jeter la pierre
Interrogés sur l’affaire Fillon, au lendemain de leur affrontement d’avant second tour de la primaire à gauche, Benoît Hamon et Manuel Valls, l’un sur RTL, l’autre sur RMC, ont fait preuve de retenue, préférant l’un et l’autre se dire partisans d’une réforme de la législation afin d’interdire à un parlementaire de rétribuer un membre de sa famille. « À chaque fois qu’il y a un soupçon, une affaire, forcément ça rejaillit sur l’ensemble des responsables politiques”, constate Manuel Valls, “et ça fait du mal à la démocratie, elle est déjà marquée par une crise de confiance. Ça favorise le populisme, l’extrême droite, qui est elle-même poursuivie par la justice sur bien des sujets. »
De fait, le Front National « ne surfe pas sur la polémique autour de Pénélope Fillon » observe le Huffington Post : l’accusation faite à François Fillon d’utiliser le salaire et la fonction d’attaché parlementaire à mauvais escient « est exactement ce que reproche le Parlement européen au Front national. Le service antifraude européen (Olaf), a demandé à Marine Le Pen et son père Jean-Marie de rembourser respectivement 340.000 et 320.000 euros pour couvrir les salaires de leurs assistants parlementaires dont les preuves de travail au sein de l’institution européenne sont jugés insuffisantes. Bruno Gollnisch a également été sommé de rembourser la somme de 380.000 euros pour des faits similaires. »
Reste à éteindre l’incendie…
François Fillon s’est montré ferme en laissant poindre une colère contenue lors de sa courte intervention au 20h de TF1 le 26 janvier. « En conciliant émotion, indignation et détermination, il a réussi cette première opération », constate Guillaume Tabard dans son Contre-point du Figaro. Il lui reste néanmoins à « maîtriser puis éteindre l’incendie provoqué par la révélation des salaires perçus par son épouse. Il sait qu’il doit y parvenir très vite pour sauver sa campagne. (…) Si elles le voient fort, ses troupes le suivront ; si elles le voient faible, elles le lâcheront. »
Droit de réponse
“Assistants Parlementaires Européens : Mise au point de Bruno Gollnisch
Vous avez fait état de ce qu’un administrateur du Parlement européen, agissant sur ordre, prétend me réclamer le remboursement de six années de salaires d’un de mes anciens assistants. Et ce au seul prétexte qu’il aurait aussi coopéré avec mon collègue parlementaire Jean-Marie Le Pen, de façon pourtant légale, normale, et publique.
Cette « décision » a été prise sans même avoir entendu ni mon assistant ni moi-même, et au mépris de tous les principes juridiques. Elle fait partie d’une persécution visant tous les opposants à l’Euro-Mondialisme, relayée par des « fuites » orchestrées, et donnant lieu à des articles et dépêches approximatives tant sur les chiffres que sur le fond.
J’ai prouvé abondamment le travail réel de mon collaborateur pour mon compte, par constat d’huissier et par plus de 600 pages de documents, à la disposition des commentateurs honnêtes. J’ai déféré cette décision aux questeurs du Parlement et à la Cour de Justice de l’Union européenne de Luxembourg. J’en réclame l’annulation, et des dommages-intérêts compensant le préjudice de cette procédure inique téléguidée par des adversaires politiques.”