Dans une civilisation tiraillée par le sexe, auquel les jeunes sont très tôt confrontés, l’amour semble être oublié.
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“Le sexe est une envie, l’amour un besoin”, écrivait Jean de Limi. Actuellement, l’un semble de plus en plus séparé de l’autre. Pourtant l’amour est censé être le postulat à tout acte sexuel. La rencontre de l’autre n’est pas qu’une histoire de corps mais aussi de cœur, l’un ne va pas sans l’autre. Cette vérité est simple mais c’est bien souvent le plus simple qui est difficile à atteindre.
Le père Guy Gilbert, grand éducateur et passionné de la jeunesse, ne manque pas d’en parler ni de remettre les choses à leur place quand il s’adresse aux jeunes. Pour lui, il est indispensable de redonner le sens de la beauté au sexe. Dans son livre Nos fragilités. Comment les accepter et les surmonter, il témoigne de sa manière de faire et de la réceptivité qu’il reçoit en face, signe que les jeunes, l’être humain en général, ne sont pas faits pour l’image bafouée qu’on leur montre.
“Si je donne parfois des préservatifs à mes jeunes qui désirent avoir des rapports passagers avec des copines, je leur dis toujours que je ne suis pas un distributeur automatique et qu’ils doivent respecter le corps et le cœur de l’autre. Parler de sexualité avec mes jeunes est souvent un moment très beau et très fort. Il règne un silence extraordinaire parce qu’on s’aperçoit qu’ils n’ont, souvent, jamais entendu quelqu’un parler bellement du sexe. Alors je tente de leur dire que la sexualité peut être quelque chose de merveilleux, de magnifique. Mais ça ne se manie pas comme ça, n’importe comment, parce que le cœur compte d’abord. Et j’ose leur parler de la fidélité, cette fleur de l’amour, ce trésor à protéger…”.
Vécu comme un appel vers l’autre, le désir, est déjà beau en soi. Il révèle ce besoin d’aimer et d’être aimé. La sexualité est ensuite un moyen de rejoindre l’autre, plus intimement, de partager deux mystères, de répondre à ce besoin infini de la personne humaine. Même s’il n’est pas possible d’être totalement en l’autre. “La sexualité éveille un désir apparemment impossible à satisfaire, explique Guy Gilbert. À peine ce désir apaisé, il est de nouveau exacerbé. Nous devons nous dire que personne ne sera jamais à la hauteur de notre demande d’aimer et d’être aimé. C’est très important”.
Mais la société n’a de cesse de salir par là-même, en matérialisant le sexe, cette soif d’amour de l’homme et son aspiration à l’unité, qui peut se transformer en un désir égoïste. On se charge parfois, nous-mêmes, de salir notre sexualité, victime d’un désamour de soi ou d’une vision déformée de ce à quoi est destiné notre corps. Par un regard vulgaire ou pudibond, de la part de la société ou de la personne, au contraire le sexe tiraille, désuni, déforme. Surtout quand il est mis au premier plan dans une relation ou au dernier, sans y avoir introduit le cœur, jusqu’à être une source de néant. La suppression des repères et des limites, ou plutôt l’élargissement de leurs frontières et la mauvaise acception de la liberté, ajoute à la difficulté de tendre vers la beauté et la fidélité. Heureusement, beaucoup se battent contre cette image vendue par les médias, la publicité, le cinéma, la pornographie etc., et n’en ont pas fait un lieu de blessures mais de pauvreté pour cheminer en humilité vers le Christ. Certains ont le cœur bien accroché au corps et inversement.
“L’amour ne passera jamais” dit saint Paul, dans sa première lettre. Ce n’est pas par la chair que l’on pêche mais d’abord par le cœur et c’est lui qui sera le témoin. Alors veillons à le préserver et à le rendre fort, à l’enrichir, si notre appel est de s’unir à un autre, de toutes les beautés charnelles au lieu de le perdre par elles. Car c’est bien là, la vocation de l’homme, s’incarner davantage pour faire de son corps un instrument conforme à sa vie intérieure.